Pointe Saint Eustache, 1866
Rue Montorgueil, de la place de la Pointe Saint Eustache. Paris Ier. 1866.
- Date : 1866
- Auteur : Charles Marville (1813-1879)
- Format : 27.3 x 26.8 cm
- Collection : GDC
Version haute définition : 2600 x 2551 pixels.
Les numéros pairs du début de la rue Montorgueil, jusqu’au débouché de la rue de la Grande Truanderie, vont disparaître en 1866 lors du prolongement de la rue de Turbigo.
L’immeuble à gauche, au coin des rues Montmartre et Montorgueil, existe toujours (café-bar La Pointe Saint Eustache). Après la rue de la Grande Truanderie, nous voyons les nos 22, 24, 26, 28, 30, rue Montorgueil, qui existent toujours. L’actuel no 20 a été construit à la place du débouché de la rue de la Grande Truanderie (café-bar L’Esplanade Saint Eustache).
MONTORGUEIL (RUE). Commence à la rue Montmartre, no 2, et à la rue de Rambuteau, no 124 ; finit à la rue Saint-Sauveur, nos 61 et 63. Le dernier impair est 73 ; le dernier pair, 102. Sa longueur est de 360 m. — De 1 à 57, 3e arrondissement, quartier Saint-Eustache ; de 59 a la fin, 3e arrondissement, quartier Montmartre. Tous les numéros pairs dépendent du 5e arrondissement, quartier Montorgueil.
La première partie de cette voie publique qui prend naissance à la Pointe-Saint-Eustache, et se termine à la rue Mauconseil et à l’impasse de la Bouteille, se nommait anciennement rue du Comte-d’Artois, de la Porte à la Comtesse-d’Artois; en dernier lieu, simplement Comtesse-d’Artois. Elle tirait ces dénominations de Robert II, comte d’Artois, neveu de saint Louis, qui avait son hôtel entre les rues Pavée et Mauconseil. À la fin du treizième siècle fut ouverte une fausse porte qui prit le nom de Porte-au-Comte-d’Artois. On y voyait également une tour qui gênait le passage conduisant aux halles. Sur la requête des habitants de la rue Comtesse-d’Artois, et de Nicolas Janvier, marchand de poissons, la Ville ordonna, le 17 décembre 1498, de la démolir. En 1792, la rue Comtesse-d’Artois fut confondue avec la rue Montorgueil. — Une décision ministérielle du 3 ventôse an X, signée Chaptal, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. — Un arrêté préfectoral du 27 avril 1814 lui rendit son premier nom. Depuis 1830, elle fait partie de la rue Montorgueil, dont elle porte la dénomination. Quant à la seconde partie de la rue Montorgueil, qui finit à la rue Saint-Sauveur, elle se nommait au treizième siècle, Vicus Montis superbi (rue du Mont-Orgueilleux). Elle conduisait effectivement à un monticule ou butte dont la rue Beauregard occupe aujourd’hui le sommet. Cette voie publique s’étendait autrefois, sous le nom de Montorgueil, jusqu’au boulevard. (Voyez rues des Petits-Carreaux et Poissonnière.) En vertu d’une ordonnance royale du 23 juin 1845, la moindre largeur de la rue Montorgueil devra être portée à 12 m. Les maisons ci-après ne sont pas soumises à retranchement : 1, 7, 57, 59, 61, 65 ; 2, 4, 6, de 18 à 28 inclus, de 38 à 54, de 62 à 72, de 80 à 98.
EUSTACHE (PLACE DE LA POINTE SAINT-). Commençait à la rue de la Tonnellerie ; finissait aux rues Traînée et Montorgueil. Sa longueur était de 48 m. — Le côté gauche était du 3e arrondissement, quartier Saint-Eustache. Le côté droit, du 5e arrondissement, quartier Montorgueil.
Son nom lui vint du clocher de l’église Saint-Eustache, qui est bâti en pointe ou pyramide. Le poète Guillot, en 1300, parle ainsi de ce carrefour : Vint à la pointe Sainte-Huitasse, Droit et avant sui ma trace. Cette place fut élargie en vertu de lettres patentes du 6 mars 1775. — Une décision ministérielle du 23 brumaire an VIII, signée Quinette, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 22 m. Les propriétés du côté des nos impairs furent démolies en 1848 pour l’agrandissement des Halles centrales ; celles du côté opposé dépendent aujourd’hui de la rue Montorgueil.
[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]
29 septembre 1854 : par décret impérial, la création d’un boulevard de 30 mètres de largeur en prolongement du boulevard de Strasbourg est déclarée d’utilité publique. Ce décret, qui voit la naissance du boulevard de Sébastopol, prévoyait l’ouverture d’une rue transversale de 20 mètres entre les rues du Grand et du Petit Hurleur, future rue de Turbigo entre les rues Saint Denis et Saint Martin.
23 août 1858 : par décret impérial, la création d’une “nouvelle voie diagonale, partant de la rue du Temple, à proximité du boulevard, et aboutissant à la pointe Saint Eustache”, de 20 mètres de largeur, est déclarée d’utilité publique.
5 septembre 1864 : publication du plan parcellaire des propriétés à exproprier pour l’ouverture de la rue Turbigo entre les rues Saint Martin et Volta.
15 août 1865 : publication du plan parcellaire des propriétés à exproprier pour l’ouverture de la rue Turbigo entre les rues du Temple et Volta.
15 novembre 1865 : publication du plan parcellaire des propriétés à exproprier pour l’ouverture de la rue Turbigo entre la rue Saint Denis et la pointe Saint Eustache.
Démolitions de la section entre la rue Saint Denis et la pointe Saint Eustache à partir de juillet-août 1866.
La rue de Turbigo est entièrement ouverte à la circulation des piétons fin novembre 1866 et est achevée au printemps 1867. Le no 1, rue de Turbigo, au coin de la rue Montorgueil, est construit début 1867.
Affiche de loterie de Châteauroux avec probablement la date “mercredi 31 janvier [1866]”. Pourrait se lire aussi “mercredi 27 janvier” mais ce n’est pas possible, car cela nous placerait en 1869, après l’ouverture de la rue Turbigo. On trouve dans L’Illustration no 1195 du samedi 20 janvier 1866 la publicité suivante :
MERCREDI 31 JANVIER, TIRAGE
Grande Loterie municipale de la VILLE DE CHÂTEAUROUX
suivi des tirages des grandes loteries des ENFANTS PAUVRES et ANDELYS
ensemble 775 lots, tous en espèces
Gros Lots : 100,000 100,000 150,000
Billets à 25 c. pour toutes chances, dans toute la France, chez tous les libraires et débitants de tabac.
LES TROIS GROS LOTS, ENSEMBLE 350,000 FR.
Datation : janvier 1866.
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No 73 | Rue Montorgueil, de la place de la Pointe Saint Eustache. Janvier 1866. | ||
State Library of Victoria | Musée Carnavalet | BHVP (négatif) | |
— | CARPH000522 | NV-004-C-0750 | |
— | 27 x 27.7 | 27.4 x 36.6 | |
— | 1865-1868 | 1866 |
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Voir également :
Auteur(s) de la notice : Laurent Gloaguen.
Publié initialement le lundi 18 août 2014.
Dernière mise à jour le jeudi 28 août 2014.
Article classé dans : Charles Marville > Vues du Vieux Paris.
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1. Le 16 juin 2015,
L. A.
On peut s'amuser de constater que la publicité (qui en ces temps-là s'appelait réclame) était déjà très envahissante. Il y en a à peu près partout : façades jusqu'au deuxième ou au troisième étage ; pignons jusqu'en haut ; en dessous et au-dessus des fenêtres ; sur les rambardes des balcons et entre les baies... De plus, elle était déjà très irrespectueuse de l'orthographe. Ou alors le "Roi de Halles", simplificateur avant l'heure, s'est-il dit que s'il n'y avait pas la place d'écrire "vêtements" en entier il valait mieux supprimer le T, qui ne se prononce pas, plutôt que le S, qui indique bien l'essentiel selon lui : il en a plusieurs à vendre...
2. Le 16 juin 2015,
Vergue
Le pluriel “vêtemens” était d'usage courant jusqu’au XIXe siècle. On le trouve dans le Dictionnaire de l'Académie françoise de 1762, mais plus dans celui de 1835. Cette orthographe disparaît en effet avec la réforme de l’orthographe française de 1835, de même que tous les pluriels archaïques des mots se terminant en “-nt”. Ainsi, on écrivait les “enfans”, les “savans”, les “parens”, etc.
3. Le 17 juin 2015,
L. A.
Bon, eh bien "Pan sur le bec" pour moi comme on dit au "Canard enchaîné". La prochaine fois je tournerai sept fois mon clavier sur mon bureau avant de faire un commentaire sarcastique (tout en y laissant moi-même des fautes...).
Grâce à cette réponse si documentée j'ai appris deux choses. La première est cet usage du pluriel, que j'avais déjà constaté dans d'anciens écrits, mais que je croyais fautif ; la seconde c'est que le dictionnaire du CNRS "Trésor de la langue française" aujourd'hui informatisé (TLFi), que j'avais consulté pour vérifier l'étymologie du mot "vêtement", ne donne pas ce type d'informations (les graphies "normalisées" successives et datées).
Il me reste à espérer que les mânes du Roi des Halles (j'avais même oublié uns "s" à "des" !) ne me jettent pas leurs foudres, et que ses héritiers et descendants ne me traînent pas en justice pour diffamation ou atteinte à son image.
Ce site est vraiment un trésor. En deux jours j'ai déjà récolté trois petites pièces d'or.
Merci encore.
4. Le 17 juin 2015,
L. A.
Post scriptum : il y a quand même une incohérence dans cette réclame, car si elle méprise la réforme de 1835 pour "vêtemens", elle l'applique pour "enfants". C'est vrai qu'elle est grande et très haute : si l'on a commencé à en peindre le haut peu avant la publication du dictionnaire de 1835, le temps d'arriver en bas, il était peut-être déjà sorti ? Je plaisante, car je doute fort, d'après son aspect, que cette peinture soit en place depuis trente et un ans au moment du cliché, même si elle n'a pas l'air très récente.
5. Le 17 juin 2015,
Vergue
La publicité fait effectivement cohabiter un pluriel ancien et un pluriel réformé. J’imagine que ça ne choquait personne à l’époque et que l’usage du pluriel “enfants” existait déjà avant la réforme.
J’ai découvert que de nombreuses publicités choisissent cette graphie, y compris tardivement comme dans cette publicité des années 1870-1880 :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bt...
Ce qui prouve, si besoin était, que les réformes orthographiques prennent souvent beaucoup de temps à s’implanter.
D'autres publicités choisissent une graphie uniformément ancienne ; ainsi en 1865, on trouve “Spécialité vêtemens de travail, hommes et enfans” :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bt...