Rue Laffitte, 1866
Rue Laffitte, de la rue Ollivier. Paris IXe. 1866.
- Date : 1866
- Auteur : Charles Marville (1813-1879)
- Format : tirage 2015 d’après négatif restauré numériquement, 28.2 x 32.1 cm
- Collection : GDC
Version haute définition : 2600 x 2962 pixels.
Marville se trouve en face de l’église Notre Dame de Lorette, et photographie la rue Laffitte. En 1867, les immeubles du premier plan vont être démolis pour l’élargissement de la rue Ollivier par retranchement sur ses numéros impairs. Prolongée jusqu’à la Chaussée d’Antin d’une part, et la rue La Fayette d’autre part, la rue Ollivier est aujourd’hui dénommée rue de Châteaudun.
Les “trouées de lumière” sur la rue correspondent successivement : au croisement avec la rue de La Victoire, au débouché de la rue La Fayette (qui n’est pas encore prolongée jusqu’à la Chaussée d’Antin) et au croisement avec la rue de Provence. L’immeuble au coin de la rue de Provence, aux ferronneries caractéristiques, existe toujours. Au fond, les arbres sont sur le boulevard des Italiens et les façades ensoleillées sur la rue de Grammont.
Plusieurs sources indiquent qu’il s’agit de la boutique du photographe Pierre Lanith Petit (1832-1909) que l’on voit à droite. Ce n’est pas le cas. Cette boutique est une papeterie (maison Huvier, anciennement Guillard, 53, rue Laffitte) et ce que nous voyons sont seulement des panneaux publicitaires du photographe, dont le studio était situé non loin, place Cadet. Il était fréquent à l’époque que les commerces vendent des espaces publicitaires de ce genre. Nous pouvons voir le même procédé en œuvre sur la photographie de la rue des Filles Saint Thomas : une publicité pour le photographe Franck figure sur la pâtisserie Julien Frères. Les studios de photographie étaient souvent à des étages élevés pour une raison de luminosité, typiquement au 5e étage dans un immeuble haussmannien classique. Ces vitrines donnaient aux photographes une indispensable visibilité sur rue de leur industrie. Pour Pierre Petit, le choix d’une boutique devant une église achalandée était stratégique. Et si l’on observe de près ladite boutique, on se demanderait bien pourquoi un photographe vendrait de la ficelle, des carnets et des fascicules “Dessin pour tous”.
À droite, on peut noter des crochets de commissionnaire, le long de la façade, un peu avant le fiacre.
Vous trouverez plus de détails historiques sur le prolongement de la rue Ollivier à la page consacrée à la rue Taitbout.
LAFFITTE (RUE). Commence au boulevard des Italiens, nos 18 et 20 ; finit à la rue Ollivier. Le dernier impair est 53 ; le dernier pair, 56. Sa longueur est de 491 m. — 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.
Première partie, comprise entre le boulevard et la rue de Provence. — « Louis, etc.… Notre amé et féal secrétaire Jean-Joseph de Laborde, propriétaire de son chef de terrains situés en notre bonne Ville de Paris, entre la rue Neuve-Grange-Batellière et la Chaussée d’Antin, et d’un autre bout sur l’égout d’entre le faubourg Montmartre et la d. Chaussée-d’Antin, et comme subrogé aux droits du sieur Bouret de Vezelay auquel la Ville a concédé la propriété de la superficie du grand égout en toute sa largeur entre le pontceau de la Chaussée-d’Antin et la partie déjà voûtée du faubourg Montmartre, nous auroit fait exposer que les terrains dont il est propriétaire, sont devenus, par l’extension successive de la Ville, propres à former des habitations aussi commodes qu’agréables et utiles, la proximité du quartier, la pureté de l’air et la promenade des remparts, y faisant désirer à nombre de citoyens d’y établir leur demeure ; mais que ces terrains n’étant traversés d’aucune rue et n’y ayant aucun débouché commode entre le faubourg Montmartre et la Chaussée-d’Antin, ils ne pourraient être divisés en portions de grandeur convenable à ceux qui voudroient en acquérir et y bâtir d’une manière proportionnée à leurs facultés et à leurs besoins, et qu’en concourrant par le d. exposant à la décoration de la Ville et à la commodité du public, il retirerait un plus grand avantage de ses terrains s’il nous plaisoit lui permettre d’ouvrir deux rues nouvelles, etc.… ; à ces causes,… ; voulons et nous plaît ce qui suit : Article 1er. Il sera ouvert aux frais du sieur de Laborde deux rues de 30 pieds de large chacune, conformément à notre déclaration du 16 mai 1765, l’une qui sera nommée rue d’Artois, à travers ses terrains à prendre du rempart de la d. Ville, en face de la nouvelle rue de Grammont et qui ira aboutir sur l’égout, et l’autre qui sera nommée rue de Provence sur le terrain du d. égout, à prendre de la Chaussée-d’Antin au faubourg Montmartre, etc. — Art. 2e. L’ouverture des dites deux rues et le pavé d’icelles, pour la première fois étant établi aux frais du dit sieur de Laborde ou ayans causes,…. Donné à Versailles, le 15e jour du mois de décembre, l’an de grâce 1770, et de notre règne le 56e. Signé Louis. » — Ces lettres patentes furent registrées au Parlement le 6 septembre 1771, et reçurent leur exécution au mois de décembre de la même année. En 1792, la rue d’Artois quitta cette dénomination pour prendre celle de rue Cerutti, en mémoire de Joseph-Antoine Cerutti, jésuite, né en Piémont le 13 juin 1738, mort à Paris le 3 février 1792, et qui fut membre de la Commune de Paris et député à l’Assemblée législative. Son hôtel était situé dans la rue d’Artois, à l’encoignure du boulevard ; il a été démoli en 1839, et remplacé par la maison dorée. — Une décision ministérielle du 18 vendémiaire an VI, signée Letourneux, et une ordonnance royale du 27 octobre 1847, ont maintenu la largeur assignée à cette voie publique par les lettres patentes précitées. En vertu d’un arrêté préfectoral du 27 avril 1814, elle reprit la dénomination de rue d’Artois.
Deuxième partie, comprise entre les rues de Provence et de la Victoire. — Une ordonnance royale du 30 juillet 1823 porte : « Article 1er. Le sieur Berchut est autorisé à ouvrir sur les terrains qui lui appartiennent une rue qui formera le prolongement de la rue d’Artois à Paris, sur une même largeur de 9 m. 74 c. (30 pieds), etc. » Cette ordonnance fut immédiatement exécutée. L’emplacement traversé par ce percement était occupé par l’hôtel Thélusson, vendu par le domaine de l’État au sieur Berchut.
Troisième partie, comprise entre les rues de la Victoire et Ollivier. — Elle a été formée en vertu d’une ordonnance royale du 21 juillet 1824, relative aux abords de l’église Notre-Dame de Lorette. Sa largeur est de 13 m.
En 1830, la rue d’Artois prit dans toute son étendue la dénomination de rue Laffitte.
Jacques Laffitte, né à Bayonne en 1767, entra en 1788 dans la maison Perregaux, banquier, dont il devint, en 1804, l’associé, puis le successeur ; enfin, l’exécuteur testamentaire. En 1809, M. Laffitte fut nommé régent de la banque de France, et succéda à M. Dupont de Nemours dans la présidence de la Chambre de Commerce de Paris. En 1814, il remplaça M. le comte Jaubert en qualité de gouverneur de la Banque. En 1816, il fut élu député de la Seine et réélu jusqu’en 1830. On sait la part que prit M. Jacques Laffitte à la révolution de Juillet. Il mourut le 26 mai 1844.
[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]
Datation de la prise de vue : très probablement l’été 1866, assurément avant 1867.
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No 159 | Rue Laffitte, de la rue Ollivier. 1866. | ||
State Library of Victoria | Musée Carnavalet | BHVP (négatif) | |
— | CARPH000419 | NV-004-C-0631 | |
— | 27.2 x 28.9 | 28.7 x 38 | |
— | 1865-1868 | avant 1869 |
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Voir également :
Auteur(s) de la notice : Laurent Gloaguen.
Publié initialement le vendredi 27 mars 2015.
Dernière mise à jour le lundi 15 juin 2015.
Article classé dans : Charles Marville > Vues du Vieux Paris.
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