Rue Taitbout, 1866

Marville : rue Taitbout

Rue Taitbout, de la rue Saint Lazare. Paris IXe. 1866.

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Marville se trouve rue Taitbout, à la hauteur de la rue Saint Lazare, et photographie en direction de la rue de la Victoire. À droite, nous voyons le débouché de la rue Ollivier. Cette voie va être prolongée en 1867 sur la gauche et sera baptisée plus tard rue de Châteaudun.

Les maisons que l’on voit aux coins de la rue Ollivier prolongée ont été construites en 1865 (actuels nos 40 et 41 bis, rue de Châteaudun).

L’édicule à la hauteur de la rue Ollivier est un bureau de surveillant de voitures de place.

Les arbres appartiennent au jardin de l’hôtel de Saint Chamant (puis Basoun, puis de Rigny ; 34, rue Chantereine, puis 40, rue de la Victoire, à l’emplacement de l’actuel 50, rue de la Victoire ; Auguste Rougevin, 1792-1877, architecte). L’hôtel, privé d’une partie de son jardin par le prolongement de la rue Ollivier, est la résidence du marquis de Salamanca (José María de Salamanca y Mayol) en 1867.

Plan rue Taitbout

TAITBOUT (RUE). Commence au boulevard des Italiens, nos 22 et 24 ; finit à la rue d’Aumale, nos 19 et 21. Le dernier impair est 79 ; le dernier pair, 76. Sa longueur est de 763 m. — 2e arrondissement, quartier de la Chaussée-d’Antin.

[Détails historiques sur cette autre page.]

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

La rue Ollivier allait de la rue du Faubourg Montmartre à la rue Saint Georges et faisait 10 m de large. Elle avait été ouverte en vertu d’une ordonnance royale du 21 juillet 1824, relative aux abords de l’église Notre Dame de Lorette, bâtiment dont la construction avait débuté en 1823 (première pierre le 25 août 1823). Cette nouvelle voie tenait son nom, par une décision ministérielle du 31 décembre 1825, d’Augustin Charles Alexandre Ollivier (1772-1827), député de la Seine. Sa longueur était de 221 m.

Un décret du 19 mars 1862 déclare d’utilité publique l’élargissement à 20 m de la rue Ollivier entre les rues du Faubourg Montmartre et Saint George et “le prolongement de cette même rue, entre la rue du Faubourg-Montmartre et la rue Buffault, d’une part, et entre la rue Saint Georges et l’extrémité de la rue de la Chaussée-d’Antin, d’autre part”. Le 29 janvier 1862, lors de l’enquête publique préalable, le journal Le Temps notait, sous la plume de Frédéric Lock :

La rue Ollivier, une des plus calmes, des plus solitaires de Paris, au milieu d’un quartier plein de bruit et de mouvement, ne devait pas s’attendre à se voir jamais transformée en artère principale, et érigée en rivale de sa voisine la rue Saint Lazare. Il faut évidemment qu’il y ait à l’hôtel de ville quelque géomètre inoccupé qui passe ses loisirs à chercher sur un plan de Paris quelles voies peuvent être prolongées en ligne directe, soit à droite ou à gauche, soit à droite et à gauche en même temps. C’est lui, sans doute, qui, remarquant que la rue Ollivier débouche dans deux rues perpendiculaires, aura eu la fantaisie de tracer à chaque extrémité une ligne droite menée jusqu’à la rencontre d’autres rues faisant suite à ces lignes. Ainsi il a rencontré d’un côté la rue Lafayette, à la hauteur environ de la rue Bleue dans la rue Cadet ; de l’autre la rue de la Chaussée d’Antin, à son débouché dans la rue Saint Lazare. Cette heureuse trouvaille faite, on a projeté le double prolongement en le motivant sur l’utilité d’une communication entre les gares du Nord et de l’Est avec celle de l’Ouest. Mais cette prétendue utilité est toute artificielle, toute hypothétique. En effet, comme nous l’avons dit plus haut : la voie que l’on veut créer existe, c’est celle que forment les rues Montholon, Lamartine et Saint Lazare ; c’est celle-là qu’il faut rectifier, améliorer, car la circulation ne l’abandonnera point pour aller chercher par un détour la rue Ollivier projetée. Les travaux qu’on semble vouloir éviter aujourd’hui, il faudra les exécuter tôt ou tard, et la dépense viendra s’en ajouter, sans profit, aux frais énormes que coûtera le prolongement de la rue Ollivier. Qu’on laisse donc à cette dernière son modeste parcours actuel, sa tranquillité et son vert jardin, qui égaie l’extrémité de la rue Laffitte.

En 1863, lorsque l’on perce la rue La Fayette, on crée l’amorce de la rue Ollivier prolongée sur une soixantaine de mètres (jusqu’à la rue Buffault).

Il faut ensuite attendre début 1865 pour la poursuite du projet avec le percement de la section entre les rues de la Chaussée d’Antin et Taitbout.

Quand on passe rue Taitbout, on voit en ce moment, à gauche, une trouée faite par la démolition de plusieurs immeubles. C’est une des amorces du prolongement de la rue Ollivier qui, lorsqu’elle sera finie, établira une communication directe entre le faubourg Montmartre et la rue de la Chaussée-d’Antin.

L’emplacement où doit passer la rue Ollivier, à gauche de la rue Taitbout, était occupé par l’hôtel des Trois Frères et les jardins de l’ancien hôtel Bonaparte. Le vainqueur d’Italie acheta de Talma celle propriété dont la façade donnait rue Chantereine, qui dès lors prit le nom de la rue de la Victoire.

Cet hôtel fut plus tard occupé par le général Bertrand ; mais, depuis, l’ancien hôtel de la Victoire a subi d’assez notables transformations.

[Le Petit Journal, no 738, 7 février 1865.

Cette section, que nous voyons sur la photographie de Marville, est partiellement achevée en août 1865 :

On vient de terminer une section du prolongement de la rue Ollivier. De magnifiques maisons s’élèvent en bordure de chaque côté de cette voie nouvelle, qui, pour le moment, s’arrête en cul-de-sac contre les constructions encore existantes.

Ce bout de rue qui part de la rue Taitbout et doit aboutir à la Trinité, église nouvelle de la Chaussée-d’Antin, se reliera de l’autre côté, à l’amorce déjà faite dans la rue Lafayette, à la hauteur de la place Cadet ; de là elle coupera la rue Buffault, entamera le pâté de maisons qui longe la gauche de la rue Lamartine, passera derrière le temple israélite situé au no 23, bientôt démoli lui-même pour être construit rue de la Victoire.

Alors la rue Olivier emportant aussi l’école primaire communale, érigée en 1846, de la rue du Faubourg-Montmartre, se reliera la section déjà existante devant Notre-Dame-de-Lorette. Puis continuant sa route, elle traversera des jardins et quelques hôtels pour aller se souder à la portion nouvelle qui part de la rue.

Ainsi terminée, cette magnifique rue reliera directement la place Cadet à la gare Saint-Lazare, et débarrassera les rues Lamartine et Saint-Lazare, si encombrées de voitures et si dangereuses pour tes piétons.

[Le Petit Journal, no 929, 17 août 1865.]

L’essentiel des travaux est réalisé en 1867 : achèvement du côté de la Chaussée d’Antin, percement Taitbout-Saint Georges, élargissement de l’ancienne rue Ollivier et percement Faubourg Montmartre-Buffault. La rue est entièrement terminée au printemps 1868.

Les maisons entre la rue Taitbout et la rue Saint Georges sont démolies de janvier à mai 1867 (Le Petit Journal, no 1467, 15 février 1867, et no 1552, 2 mai 1867). Pour l’anecdote, on retardera jusqu’en août la démolition du no 23, rue Saint Georges, parce que le père du préfet Haussmann, qui en était locataire, devait garder le lit suite à une maladie. Les démolitions pour la section entre les rues du Faubourg Montmartre et Buffault débutent pendant l’été 1867 (Le Petit Journal, no 1678, 5 septembre 1867) et s’achèvent fin 1867.

La section Ouest, entre les rues de la Chaussée d’Antin et la rue Saint Georges, est achevée vers novembre 1867.

La section Est, entre les rues du Faubourg Montmartre et la rue Buffault, est achevée et livrée à la circulation en mars 1868 (Le Temps, 13 mars 1868).

Les rues Ollivier et Ollivier prolongée sont baptisées rue du Cardinal Fesch en mai 1868. Joseph Fesch (1763-1839), oncle de Napoléon Ier, fut archevêque de Lyon (1803-1839).

La rue du Cardinal Fesch est renommée de Châteaudun le 26 octobre 1870 par arrêté du maire de Paris, Étienne Arago, “vu le décret par lequel la délégation du gouvernement à Tours déclare que la ville de Châteaudun a bien mérité de la patrie ; considérant que le général Trochu, gouverneur de Paris, président du gouvernement de la Délense nationale, demande à la ville de Paris de consacrer aussitôt par une inscription commémorative le souvenir de l’héroïque défense de la ville de Châteaudun, considérant que ce vœu répond aux sentiments unanimes d’admiration que la résistance patriotique et valeureuse des citoyens de Châteaudun a rencontrés dans la population de Paris”.

Datation de la prise de vue : très probablement l’été 1866, assurément avant 1867.

No 156Rue Taitbout, de la rue Saint Lazare. 1866.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000413NV-004-C-0611
27.5 x 28.928.9 x 38
1865-1868vers 1865

Position estimée