Carrefour du Jour, c. 1868

Marville : carrefour du Jour

Carrefour du Jour, de la rue du Four. Paris Ier. Circa 1868.

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Il était prévu depuis le XVIIIe siècle de créer une place quadrangulaire devant le parvis de l’église Saint Eustache, ce qui aurait fait disparaître les immeubles que nous voyons sur cette photographie. Ce projet est officialisé à nouveau par un décret impérial du 4 avril 1860 relatif aux abords des nouvelles Halles centrales. Il est aussi décidé de dégager le côté nord de l’église par une nouvelle voie entre les rues Montmartre et du Jour. En outre, une longue nouvelle voie, parallèle à la rue Montmartre, irait de la nouvelle place Saint Eustache jusqu’à la place de la Bourse.

Tous ces projets resteront lettre morte et la rue du Jour n’a que peu changé depuis cette photographie. Seuls les immeubles que l’on voit tout à gauche (maison David, commerce de vins), sur la rue du Four (Vauvilliers), seront démolis pour la construction du pavillon no 1 des Halles (qui n’interviendra qu’en 1935).

Tout à droite, nous voyons l’angle du pavillon no 3 (viandes, détail et gros).

Plan rue du Jour

JOUR (RUE DU). Commence à la rue Coquillière, no 2 ; finit à la rue Montmartre, nos 19 et 11. Le dernier impair est 31 ; le dernier pair, 12. Sa longueur est de 127 m. — 3e arrondissement, quartier Saint-Eustache.

Cette rue touchait à l’enceinte de Philippe-Auguste. On la nommait, en 1250 et 1260, rue Raoul-Roissolle, en raison d’un particulier ainsi appelé qui y possédait plusieurs maisons. Le poëte Guillot en parle ainsi vers l’année 1300 : Par la rue de la Croix-Neuve, Ving en la rue Raoul-Roissolle. En 1370, Charles V y fit construire, de la rue Montmartre à celle Coquillière, un manège, des écuries et autres bâtiments appelés le Séjour du Roi ; elle prit à cette occasion le nom de rue du Séjour, que le peuple changea plus tard en celui du Jour, qui lui est resté. — Une décision ministérielle du 6 fructidor an XIII, signée Champagny, a fixé la moindre largeur de cette voie publique à 9 m. Suivant cet alignement, les propriétés de 1 à 15 seraient supprimées, afin de former une place devant l’Église Saint-Eustache.

Aux nos 21 et 25, était l’hôtel de Royaumont, bâti en 1613 par Philippe Hurault, évêque de Chartres et abbé de Royaumont. À peine achevé, cet hôtel passa des mains d’un homme d’église dans celles du plus fameux duelliste d’une époque féconde en duellistes fameux. C’était la demeure de François de Montmorenci, comte de Boulteville, que les rigueurs salutaires de Richelieu envoyèrent en place de Grève, où ce coupe-jarret eut la tête tranchée. Les bravaches de la cour et de la ville s’assemblaient le matin, dans une salle basse de cet hôtel, où des tonneaux toujours pleins provoquaient les buveurs. Les tireurs haletants pouvaient, séance tenante, retremper dans le vin leur vigueur épuisée, au risque de l’y noyer tout à fait. En 1788, cet hôtel était occupé par un des cabinets littéraires les plus renommés de l’époque.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Projet de place avec désenclavement de l’église Saint Eustache

Halles Centrales. — (Décret impérial du 4 avril 1860.)

Napoléon, etc.,

Sur le rapport de notre ministre secrétaire d’État au département de l’intérieur ;

Vu notre décret du 21 juin 1854, qui a approuvé le plan du périmètre des Halles Centrales de Paris et des alignements des voies publiques situées aux abords de ces Halles ;

La délibération du Conseil municipal en date du 8 juillet 1859, tendant à faire modifier ce périmètre et ces alignements ;

Le plan indiquant les nouvelles dispositions ;

Les pièces de l’enquête de commodo à laquelle il a été soumis ;

L’avis du sénateur préfet de la Seine ;

Les lois des 16 septembre 1807, 3 mai 1841, les décrets des 26 mars 1852 et 27 décembre 1858, et l’ordonnance réglementaire du 23 août 1835 ;

Notre Conseil d’État entendu, avons décrété et décrétons ce qui suit :

ARTICLE PREMIER. — Le plan du périmètre des Halles Centrales de Paris et de leurs abords est modifié conformément au plan ci-annexé, lequel détermine par des lignes noires avec liserés bleus :
1o L’extension de ce périmètre au moyen de l’établissement de deux nouveaux pavillons qui seront construits sur l’emplacement de l’îlot de maisons situé entre les rues du Four (1) et de Viarmes et des rues de Vannes et Oblin à supprimer ;
2o Diverses modifications aux alignements des voies existants (2) ou à créer aux abords de ces Halles, et notamment l’ouverture de deux rues nouvelles (3) : la première, de quinze mètres de largeur, entre les rues Jean Jacques Rousseau et du Jour, avec un pan coupé de onze mètres du côté de la rue Jean Jacques Rousseau et une place quadrangulaire sur la rue du Jour, devant la principale entrée de l’église Saint Eustache ; la deuxième (3), de treize mètres de largeur, entre les rues du Jour et Montmartre, en longeant la dite église.

ART. 2. — Est déclarée d’utilité publique l’exécution des diverses dispositions ci-dessus approuvées.
En conséquence, le préfet de la Seine, agissant au nom de la ville de Paris, est autorisé à acquérir, soit à l’amiable, soit, s’il y a lieu, par voie d’expropriation, en vertu de la loi du 3 mai 1841 et du décret du 26 mars 1852, les immeubles ou portions d’immeubles dont l’occupation est nécessaire.

ART. 3. — Notre ministre secrétaire d’État au département de l’intérieur est chargé de l’exécution du présent décret.

Fait au palais des Tuileries, le 4 avril 1860.

NOTES. — (1) Rue Vauvilliers. — (2) Rue des Prouvaires, de Vauvilliers, du Jour, Devarennes, Coquillière. — (3) Non exécutée.

Datation : 1867 ou 1868.

No 49Carrefour du Jour, de la rue du Four. Vers 1868.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000521NV-004-C-0722
36.7 x 25.937.8 x 28.7
1865-1868vers 1867-1868

Position estimée