Cour de l’Institut, c. 1867
Cour de l’Institut. Paris VIe. Vers 1867.
- Date : vers 1867
- Auteur : Charles Marville (1813-1879)
- Support : tirage sur papier albuminé, 36.2 x 23.2 cm
- Collection : BHDV, anct bibliothèque de la préfecture de la Seine
Version haute définition : 3749 x 2400 pixels.
En application d’un décret d’utilité publique du 28 juillet 1866, cette grande cour bordée de bâtiments annexes à l’Institut de France devait être coupée par le prolongement de la rue de Rennes entre la rue de l’Abbaye et le quai de Conti. L’Institut lui-même devait être isolé dans une patte-d’oie constituée par la rue de Rennes prolongée et la rue de Seine élargie, le tracé de cette dernière ayant été décalé vers l’ouest, afin, entre autres, de laisser place à un agrandissement de l’Institut. En outre, ce nouveau Palais de l’Institut aurait bénéficié d’une façade monumentale sur une vaste place créée au croisement des nouvelles voies.
La chute du baron Haussmann, puis celle de Napoléon III, des ajournements successifs dans les décennies qui suivirent, puis l’opposition tardive, mais farouche de l’Institut de France, auront raison jusqu’à la Grande Guerre du prolongement de la rue de Rennes pourtant attendu :
Ainsi, dans les années 1890-1900, le projet a été repris à la faveur de la construction de la ligne no 4 du métropolitain. Mais en 1902, l’Institut mobilise tous ses réseaux, notamment dans la presse, pour mener campagne contre le métropolitain et le prolongement associé de la rue de Rennes. Tout homme de plume devait alors manifester un certain courage pour défendre l’opération face à l’Académie française, nombreux furent donc à la dénoncer avec vigueur, brandissant des arguments souvent fallacieux. Et la campagne fut couronnée de succès : le tracé de la ligne 4 fut révisé en 1903 et le prolongement de la rue de Rennes à nouveau ajourné. Si vous vous étonnez donc aujourd’hui du trajet serpentiforme de la ligne no 4, qui pour aller de la station Saint-Germain-des-Prés à celle des Halles fait un détour par Odéon et Saint-Michel, sachez que les Académiciens en sont la cause, eux qui craignaient sans doute que les vibrations du métropolitain puissent nuire à la sérénité de leurs augustes débats et à la légendaire célérité de l’avancement de leur Dictionnaire.
Les tensions entre la ville et l’Institut s’apaiseront en 1914, ce dernier acceptant l’abandon de ses annexes, la modification de son périmètre et proposant que la nouvelle construction fasse l’objet d’un concours, ce qui sera accepté en mars 1914. C’est alors la déclaration de guerre le 3 août qui suspendra brutalement l’opération.
Régulièrement relancé depuis, avançant cahin-caha mais jamais mené à terme, le prolongement de la rue de Rennes sera abandonné au début des années 1960. Michel Debré, Premier ministre de janvier 1959 à avril 1962, revendiquera dans ses mémoires avoir demandé au Préfet de la Seine “de prendre les dispositions d’abord pour arrêter tout achat, ensuite pour annuler les directives de 1866”, et avoir publié un arrêté sur la question. Cependant, en 1963, les services de la préfecture continuent de travailler sur le sujet. Les recherches récentes de Yoann Brault et Baptistes Essevaz-Roulet tempèrent les effets de la volonté de Debré : “Interrogés sur la question, les services actuels de la Mairie de Paris soulignent que le décret de prolongement de la rue de Rennes est plusieurs fois mentionné dans le POS [Plan d’occupation des sols] de 1977 comme devant être « rapporté », c’est-à-dire supprimé. Cela tend à indiquer que la décision prise par Michel Debré est ignorée de l’administration, ou bien que le décret de prolongement de la rue de Rennes est toujours en vigueur.”
Prolongement de la rue de Rennes entre la rue de l’Abbaye et le quai de Conti, projet de 1902 qui avait reçu l’avis favorable de la Commission municipale du Vieux Paris. La teinte jaune indique les parties à exproprier. La teinte rose délimite l’emprise du nouveau Palais de l’Institut. [3377 x 2000 px.]
Position de Marville. En pointillé orange, le projet en 1866. [1600 x 1000 px.]
Datation de la prise de vue : probablement mai-juillet 1867.
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No 225 | Cour de l’Institut. Vers 1867. | ||
State Library of Victoria | Musée Carnavalet | BHVP (négatif) | |
— | CARPH000809 | NV-004-C-0778 (#) | |
— | 36.5 x 24.9 | 38 x 29 | |
— | 1865-1868 | vers 1865 |
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Voir également :
Auteur(s) de la notice : Laurent Gloaguen.
Publié initialement le mercredi 19 août 2015.
Dernière mise à jour le mardi 30 mai 2017.
Article classé dans : Charles Marville > Vues du Vieux Paris.
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