Rue de Mondétour, c. 1866
Rue de Mondétour, de la rue de Rambuteau. Paris Ier. Circa 1866.
- Date : circa 1866
- Auteur : Charles Marville (1813-1879)
- Format : tirage 2014 d’après négatif restauré numériquement, 27.5 x 30.8 cm
- Collection : GDC
Version haute définition : 2600 x 2913 pixels.
Nous voyons à gauche les débouchés des rues Pirouette et de la Grande Truanderie.
Par décret du 23 août 1858, il est prévu de créer une voie de 15 mètres de largeur, en prolongement de la rue couverte du grand corps des Halles, remplaçant les rues de Mondétour et Pirouette. En 1866, cette voie ne sera réalisée qu’entre les rues de la Grande Truanderie et de Turbigo en même temps que le percement de la rue de Turbigo.
Ci-dessus, le plan parcellaire établi en 1898 montre que l’alignement sur la voie Halles n’a été réalisé qu’entre les rues de la Grande Truanderie et de Turbigo, le reste ayant gardé sa configuration médiévale.
En 1900, la section de la rue de Mondétour photographiée par Marville n’a pas changé malgré le décret de 1858, mais il est à nouveau question de |’élargir, avec suppression des maisons sises : rue Rambuteau, 104, rue de Mondétour, 7, 9 et 11, rue Pirouette, 2, 4, 6, 8, 9, 11, 13, 15, 17, et rue de la Grande-Truanderie, 31 et 33. La déclaration de cessibilité immédiate est produite par arrêté préfectoral du 4 août 1910. Les travaux de démolition auront lieu de l’été 1911 à début 1912. La rue Pirouette est réduite à quelques impairs sur une quinzaine de mètres, les nos 1 à 7.
Ce qui restait de la rue Pirouette a finalement disparu en 1974 avec la démolition de ses deux derniers immeubles. Le côté des impairs de la rue de Mondétour est aujourd’hui occupé par la centrale de climatisation du Forum des Halles (1977) et un ensemble immobilier sans âme et sans grâce aucune (1982).
Marville se trouve sur la rue de Rambuteau, dans la section ouverte en 1838 à la place de la rue de la Chanverrerie, ce qui avait déjà raccourci la rue de Mondétour.
MONDÉTOUR (RUE DE). Commence à la rue de Rambuteau, nos 102 et 104 ; finit à la rue Mauconseil, nos 11 et 13. Le dernier impair est 33 ; le dernier pair, 32. Sa longueur est de 150 m. — Les numéros 7, 9 et 11 sont du 4e arrondissement, quartier des Marchés ; tous les autres, du 5e arrondissement, quartier Montorgueil.
La partie de cette voie publique autrefois comprise entre la rue des Prêcheurs et celle du Cygne était complètement bâtie en 1250. Dans un acte de 1205, rapporté par Jaillot, il est dit que Burchard d’Orsay délaisse à l’évêque de Paris les dîmes d’Orsay et de Mondétour. Il est fait mention également dans un acte de vente à la date du 2 juin 1540 d’une maison située rue Pyrouet (Pirouette), aboutissant des deux côtés aux héritiers de Claude Foucault, seigneur de Mondétour. Ce Claude Foucault, seigneur de Mondétour, était échevin de la ville de Paris en 1525, sous la prévôté de maître Jean Morin. Une décision ministérielle du 13 vendémiaire an X, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 7 m. — La partie qui s’étend de la rue du Cygne à la rue Mauconseil a été percée, vers 1815, sur l’emplacement du cloître Saint-Jacques-l’Hôpital ; ce prolongement avait été autorisé par une décision ministérielle du 2 novembre 1814, signée l’abbé de Montesquiou, qui fixa la largeur de cette partie de rue à 7 m. En vertu d’une ordonnance royale du 23 juin 1845, la largeur de la rue de Mondétour devra être de 10 m. dans toute son étendue. Conformément à un décret du Président de la République, L. N. Bonaparte, du 10 mars 1852, la partie de cette voie comprise entre les rues des Prêcheurs et de Rambuteau a été supprimée en 1853.
Les propriétés nos 7, 29, 28 et 32 ne sont pas soumises à retranchement.
[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]
Rue Mondétour ou rue de Mondétour, la dénomination de cette voie a été variable au cours des années. Sur la photographie, la plaque de gauche est “rue de Mondétour” alors que celle de droite semble être “rue Mondétour”. Ce genre de “flottement toponymique” n’est pas rare à Paris, même dans des époques récentes. Dans la nomenclature actuelle, c’est la rue Mondétour. Dans la nomenclature de 1898, c’est aussi la rue Mondétour, mais d’autres voies font référence dans le même ouvrage à la rue de Mondétour, ainsi la rue Pirouette “finit rue de Mondétour, 11”. La même ambiguïté se retrouve dans l’atlas Vasserot (1810-1836) : la feuille de l’îlot no 1 du quartier Montorgueil fait état de la rue Mondétour, alors que la feuille suivante (îlots 2 à 6) mentionne la rue de Mondétour. Les incontournables frères Félix et Louis Lazare avaient retenu “de Mondétour”. De même que Jaillot au siècle précédent.
Le nom de la rue remonte au début du XIIIe siècle et vient probablement de la famille de Maudétour qui y possédait un terrain.
Jaillot, historien et géographe du XVIIIe siècle, citant un titre de 1227 où elle est désignée vicus qui dicitur Mondetor, et un testament de 1285 parlant d’une maison in vico Maldestor, estimait qu’il était le plus plausible que son nom ait pour origine la famille de Maudétour (qui était de Maldestor au haut Moyen Âge).
On sait que Claude Foucault, bourgeois de Paris, seigneur de Maudétour, échevin de Paris (1525), puis conseiller de la ville jusqu’à sa mort en 1533, y a possédé une maison qui appartenait peut-être à sa famille depuis longtemps. La rue a porté les noms de Maudestour et Maudétour, dont Mondétour est une altération.
Des auteurs comme l’abbé Jean Lebeuf (1687-1760) ont expliqué que le nom de la rue proviendrait de maldestor (mauvais détour) pour une voie où l’on serait susceptible de faire de mauvaises rencontres. Mais il s’agit probablement d’histoire romancée, cette rue n’ayant sans doute jamais eu aussi mauvaise réputation ; l’étymologie proposée par l’abbé est certes exacte, mais s’appliquerait en premier lieu à la seigneurie de Maldestor dans le Vexin (aujourd’hui Maudétour-en-Vexin).
Le Dictionnaire indicateur de toutes les rues de Paris de Panckoucke note “MALDESTOR, MAUDETOUR et MAUDESTOUR, rue ; voy. rue Mondétour”.
Selon Sauval, la rue s’appelait Jean Gilles au XlVe siècle entre les rues de la Grande Truanderie et du Cygne.
RUE DE MONDETOUR. Elle aboutit d’un côté dans la rue des Prêcheurs, de l’autre dans celle du Cygne. Guillot & tous ceux qui l’ont suivi ont écrit Maudetour; & avec raison ; elle est ainsi nommée dans les Rôles de 1300 & de 1313, et ce nom subsistoit encore du temps de Corrozet. Sauval (Tom. 1, p. 151) dit qu’elle s’appeloit, au XlVe siècle, rue Maudestour & Maudestours, & depuis la rue du Cygne jusqu’à celle de la Truanderie, ruelle ou rue Jean Gilles. L’Abbé Lebeuf (Tome 2, p. 587) a inféré du nom de Maudetour, qui veut dire mauvais détour, ou que c’étoit un endroit dans lequel on avoit fait quelque mauvaise rencontre ou que ce nom pouvoit venir de l’ancien Château de Maudestor. J’ignore la véritable étymologie : la plus plausible me paroit venir du nom d’une Famille. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’en 1205, Burchard d’Orçai vendit à l’Évêque de Paris la dixme d’Orçai & celle de Maudetour (Gr. Cartul. de l’Évêché, cart. 413, fol. 253) ; qu’en 1227, il y eut une déclaration de Guillaume, Abbé d’Ivernaux, au sujet d’une maison qu’il possédoit à Paris dans la Censive de l’Abbé de Livry (Cartul. Livriac), in vico qui dicitur Mondetor, que Jean de Grêve lui avoit donnée en 1208 (Ibid. fol 24. — Gall. Chr. t. 7. instr. col. 277) ; & qu’au mois de Juin 1285, Garnier, Archidiacre de Brie, énonce dans son testament des cens qu’il légue sur une maison in vico Maldestor (Cartil. S. Germ. Autiss. fol. 19 verso) ; enfin, dans les déclarations rendues au Roi en 1540 (Rec. de Blondeau, à la Bibl. du Roi, t. 28, premier Cahier), on trouve celle d’une maison sise rue Pyrouet en Thérouenne, aboutissant de deux parts aux héritiers de feu Claude Foucaut, sieur de Maudetour.
La Liste des rues, du milieu du XVe siécle que l’Abbé Lebeuf a produite, est si défectueuse & si pleine de fautes qu’il ne faut pas être étonné d’y trouver cette rue nommée Maldesirant : la plupart des noms y sont défigurés de façon à ne pouvoir être reconnus.
[Jean-Baptiste-Michel Renou de Chauvigné dit Jaillot (1710 ?-1780). Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris, depuis ses commencements connus jusqu’à présent ; avec le plan de chaque quartier. Tome second, Huitième quartier, Les Halles. Paris, Augustin-Martin Lottin l’aîné. 1775.]
Datation : probablement début 1866.
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No 83 | Rue de Mondétour, de la rue de Rambuteau. Vers 1866. | ||
State Library of Victoria | Musée Carnavalet | BHVP (négatif) | |
— | CARPH000530 | NV-004-C-0371 | |
— | 27 x 29.9 | 27.4 x 36.6 | |
— | 1865-1868 | 1865-1869 |
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Voir également :
Auteur(s) de la notice : Laurent Gloaguen.
Publié initialement le dimanche 24 août 2014.
Dernière mise à jour le lundi 15 juin 2015.
Article classé dans : Charles Marville > Vues du Vieux Paris.
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