Place Saint André-des-Arts, c. 1866

Marville : place Saint André-des-Arts

Place Saint André-des-Arts. Paris VIe. Vers 1866.

Version haute définition : 3880 x 2400 pixels.

Marville se trouve boulevard Saint André et photographie la place Saint André-des-Arts. À gauche, nous voyons le débouché de la rue Suger, anciennement du Cimetière Saint André-des-Arts 1, et à droite, la rue Saint André-des-Arts. 1. La rue reçoit le nom de l’abbé Suger (1082-1152) par ordonnance royale du 5 août 1844.

La place André-des-Arts résulte de la démolition de l’église de même nom, devenue bien national à la Révolution. L’église est vendue le 21 août 1797 et démantelée dans les années qui suivirent. Le terrain ainsi libéré est acheté par la Ville en 1809 afin de réaliser une place.

Les maisons que nous voyons entre les deux rues, qui faisaient autrefois face à la façade principale de l’église, devaient disparaître à la faveur de l’élargissement conjoint des rues Suger et Saint André-des-Arts 2 : 2. La rue Suger devait être élargie à 10 mètres, en vertu d’une ordonnance royale du 22 août 1840, et la rue Saint André-des-Arts à 12 mètres, en vertu d’une ordonnance royale du 6 mai 1836.

Plan des expropriations rue Saint André-des-Arts

Plan des expropriations rues Saint André-des-Arts et Suger, 1853. “Le présent calque certifié exact par le géomètre de la Ville de Paris soussigné ; Paris, le 14 juillet 1853 ; G. Pozier.” BNF, via Gallica. [6000 x 2378 px.]

Cette opération est mise en suspens vers 1855 par le projet de boulevard Saint André qui aurait entraîné la suppression de la rue Suger et un considérable agrandissement de la place.

Les maisons à gauche disparaîtront en 1898 pour le percement de la rue Danton. Les maisons au centre, condamnées à la démolition à plusieurs titres et reprises, existent encore de nos jours et sont un exemple de “résilience” urbaine.

Démolitions pour le percement de la rue Danton

Début des démolitions pour le percement de la rue Danton, le 10 juillet 1898. Photographie Eugène Atget. BNF, via Gallica. [3379 x 2600 px.]

Plan place Saint André-des-Arts

Position de Marville. [1600 x 1000 px.]

Le boulevard Saint André

En 1857, lors du percement du boulevard Saint Michel (alors appelé boulevard de Sébastopol prolongé), on créé, entre la nouvelle place Saint Michel et la place Saint André-des-Arts, l’amorce de 30 mètres de large d’une future voie alors sans dénomination particulière.

Cette voie devait se poursuivre avec au moins 20 mètres de large jusqu’au futur boulevard Saint Germain, entre les rues de l’Ancienne Comédie et de l’Éperon. Elle avait pour vocation à alléger la circulation sur la rue André-des-Arts et il était aussi prévu de la prolonger du boulevard Saint Germain jusqu’au palais du Sénat.

Par arrêté préfectoral du 19 août 1864, cette “avenue”, qui ne fait alors pas 30 mètres de long, prend le nom de boulevard Saint André.

La création de l’amorce du boulevard Saint André du côté du boulevard Saint Germain, allant jusqu’à la rue de l’Éperon, figure au 8e point du décret du 28 juillet 1866 relatif au prolongement du boulevard Saint Germain du boulevard Saint Michel au quai d’Orsay.

Après la chute du Second Empire, le projet de boulevard Saint André est temporairement suspendu, principalement pour des raisons budgétaires. Lors du prolongement en 1875 du boulevard Saint Germain, entre les rues Hautefeuille et de l’Ancienne Comédie, l’amorce prévue par le décret de 1866 n’est même pas réalisée.

Dans un rapport présenté le 15 novembre 1879 au Conseil municipal par la 3e Commission (Voirie de Paris), relatif au classement des opérations de voirie par ordre d’urgence dans chaque arrondissement, on évoque la possibilité de remplacer l’élargissement prévu de longue date de la rue Saint André-des-Arts par l’établissement d’une rue en remplacement du boulevard Saint André anciennement projeté.

Le 3 juin 1887, M. Dufrénoy, propriétaire de l’immeuble à l’ancien 10, rue du Jardinet (et 37, rue Serpente), fait délivrer une sommation pour obtenir la délivrance des alignements définitifs lui permettant de construire l’actuel 116, boulevard Saint Germain. Mme Martinet, propriétaire de l’ancien 8, rue du Jardinet, est aussi depuis longtemps dans l’attente de ce tracé pour la construction du 114, boulevard Saint Germain. Les actions menées en justice par M. Dufrénoy, avec menaces de dommages et intérêts importants, vont avoir le bénéfice de réveiller l’administration municipale qui s’était endormie sur le dossier de prolongement du boulevard Saint André.

Le 18 juillet 1887, un mémoire relatif à l’ouverture d’une voie nouvelle en remplacement du boulevard Saint André est présenté. Il s’agit alors de faire de la manière la plus économique qui soit.

Le tracé de la rue Saint André est l’objet de plusieurs pétitions, dont celle du Comité des sociétés savantes qui a acheté l’ancien hôtel de Panckoucke (28, rue Serpente) et qui souhaite préserver son emprise foncière pour construire un Palais des sociétés savantes, ainsi que celle de M. Berthomieu, propriétaire du 30, rue Serpente. Ce dernier, qui souhaite vivement être exproprié, demande un tracé en ligne droite, mais il n’aura pas gain de cause. Ce sont des considérations économiques qui l’emporteront : le tracé droit coûte 7,2 millions en expropriations et le tracé coudé 6.3 millions de francs. M. Dufrénoy et Mme Martinet obtiennent enfin leurs tracés et les premières démolitions débutent dès septembre 1887. Un décret du 7 avril 1888 entérine définitivement les alignements de la voie entre le boulevard et la rue Serpente.

À la suite d’une délibération du Conseil municipal le 27 décembre 1889, la “rue nouvelle” ou “rue Saint André”, seulement en partie exécutée entre la rue Serpente et le boulevard Saint Germain, est baptisée rue Danton par arrêté du 18 avril 1890.

Il faudra alors attendre un décret d’alignement du 6 avril 1895 pour que l’on se mette au prolongement de la rue Serpente à la place Saint André-des-Arts.

Les démolitions sont réalisées en 1898 et les nouveaux immeubles sont construits au tournant du siècle (permis de construire délivrés de 1899 à 1902). La rue est numérotée par arrêté du 5 février 1901.

Par arrêté du 16 juillet 1912, le boulevard Saint André, qui était resté l’amorce de 1857, est supprimé et ses cinq immeubles rattachés à la place Saint Michel (actuels nos 8, 10 et 9, 11, 13, place Saint Michel).

ANDRÉ-DES-ARTS (PLACE SAINT-). Située dans la rue de ce nom, entre les nos 19 et 21. Le dernier numéro est 15. — 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine.

La nouvelle enceinte de Paris, dont Philippe-Auguste avait ordonné la construction, morcelait les propriétés et les terres seigneuriales. Des contestations s’élevèrent entre l’évêque de Paris et l’abbé de Saint-Germain-des-Prés. Ces différends furent terminés par une sentence arbitrale, rendue au mois de janvier de l’an 1210, par laquelle il fut dit : que la juridiction spirituelle appartiendrait à l’évêque de Paris dans l’étendue du territoire qui venait d’être renfermé dans la nouvelle enceinte, mais que l’abbé de Saint-Germain, par compensation, y pourrait faire bâtir deux églises ; l’une fut celle de Saint-André-des-Arts, et l’autre de Saint-Côme et de Saint-Damien. On choisit, pour élever cette première église, un emplacement où, depuis le sixième siècle, existait un oratoire sous l’invocation de Saint-Andéol, dont on fit Saint-Andeu, Saint-Andri, enfin Saint-André. Cette chapelle se trouvait sur le territoire de Laas ou de Lias, dont le nom par corruption devint Ars, Arcs et en dernier lieu Arts. Au seizième siècle, une grande partie de cette église et la nef entière furent reconstruites ; la façade principale était un ouvrage du dix-septième siècle. L’architecture de l’église Saint-André-des-Arts était remarquable et les sculptures délicatement travaillées. On y voyait le mausolée de Jacques-Auguste de Thou, par Prieur ; le monument en marbre du prince de Conti, par Coustou, et celui de la princesse son épouse, chef d’œuvre de Girardon. Ce dernier mausolée consistait en une belle figure de marbre blanc, soutenue par la Foi, l’Espérance et la Charité, vertus caractéristiques de cette princesse, dont l’épitaphe suivante rappelle la bienfaisance : « À la gloire de Dieu et à l’éternelle mémoire d’Anne-Marie Martinozzi, princesse de Conti, qui, détrompée du monde dès l’âge de dix-neuf ans, vendit toutes ses pierreries pour nourrir, durant la famine de 1662, les pauvres du Berry, de la Champagne et de la Picardie. »

Le lundi, vingt-deuxième jour de novembre 1694, fut baptisé, dans l’église Saint-André-des-Arts, par Bouché, prêtre vicaire de ladite église, François-Marie 3, né le jour précédent, fils de Me François Arouet, conseiller du roi, ancien notaire au Châtelet de Paris, et de demoiselle Marguerite Daumart, sa femme. 3. François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778). — Devenue propriété nationale, cette église fut vendue le 4 fructidor an V (21 août 1797), et abattue quelque temps après. Par décision du 15 prairial an XIII, le ministre Champagny prescrivit la formation d’une place, dont la moindre largeur fut fixée à 53 m. par une autre décision du 20 fructidor suivant. Un arrêté préfectoral du 24 mars 1809 porte ce qui suit : « Le terrain de l’ancienne église Saint-André-des-Arts, appartenant à M. Parrein, général de brigade, et aux héritiers Bouret, est acquis par la ville de Paris pour être réuni à la voie publique et former la place Saint-André-des-Arts. Signé Frochot. » Une ordonnance royale du 22 août 1840 a déterminé les alignements de cette voie publique, dont la moindre largeur sera de 50 m. 50 c.

Les maisons nos 1, 3, 5 et 7 sont alignées. Les autres constructions ne sont soumises qu’à un faible retranchement.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Datation de la prise de vue : vers 1866.

No 262Place Saint André-des-Arts. Vers 1866.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000771NV-004-C-0758
36.5 x 22.838 x 28.8
1865-18681866-1867

Position estimée