Rue Suger, c. 1866
Rue Suger, de la rue de l’Éperon. Paris VIe. Vers 1866.
- Date : vers 1866
- Auteur : Charles Marville (1813-1879)
- Format : tirage 2015 d’après négatif restauré numériquement, 27.2 x 31.3 cm
- Collection : GDC
Version haute définition : 2600 x 2999 pixels.
Marville se trouve rue de l’Éperon et photographie la rue Suger, anciennement du Cimetière Saint André-des-Arts 1. 1. La rue reçoit le nom de l’abbé Suger (1082-1152) par ordonnance royale du 5 août 1844. Le cimetière, vraisemblablement créé à la fin du XIIIe siècle 2, était à l’emplacement des maisons que nous voyons ici à droite. 2. La date de 1356, donnée par Jaillot, est sans doute à réviser. Le Livre de la taille de Paris pour l’an 1292 mentionne “la rue derrière Saint Andri, du coing de la méson Crespin l’Escot, jusques à la porte neuve qui va droict au cimetière”. Retranché du côté de la rue de l’Éperon vers 1541 pour construire deux maisons, il est à nouveau retranché en 1644 pour construire en bordure de la rue du Cimetière. Alors enserré de constructions, il est fermé en 1790. Son entrée était alors au no 13 (la première entrée à droite sur la photographie) 3. 3. Cette entrée photographiée par Atget vers 1900 est visible sur Gallica : /ark:/12148/btv1b10519240v. Son emplacement est aujourd’hui en grande partie couvert par l’annexe du lycée Fénelon.
La rue Suger devait être élargie à 10 mètres, en vertu d’une ordonnance royale du 22 août 1840 4. 4. La maison que l’on voit à gauche, le no 22, qui paraît dater des années 1840, donne l’alignement qui était projeté. À cette fin, un plan des expropriations est dressé en 1853 5, l’opération étant conjointe à l’élargissement de la rue Saint André-des-Arts de la place à la rue de l’Éperon. 5. Ce plan des expropriations est visible sur Gallica : /ark:/12148/btv1b53027961k. Cette opération est mise en suspens vers 1855 par le projet de boulevard Saint André qui entraînerait vraisemblablement la suppression complète de la rue Suger. En fin de compte, ni les rues Suger et Saint André-des-Arts ne furent jamais élargies, ni le boulevard Saint André ne fut percé.
Le boulevard Saint André devait aller de la place Saint Michel au boulevard Saint Germain, y débouchant entre les rues de l’Éperon et de l’Ancienne Comédie. Seule son amorce, entre les places Saint Michel et Saint André-des-Arts, est réalisée en 1857 à l’occasion du percement du boulevard Saint Michel. Le projet de boulevard Saint André est abandonné dans les années 1880, au profit d’une voie moins onéreuse, large de seulement 16 mètres et au tracé en coude conçu pour minimiser les frais d’expropriation, qui sera dénommée rue Danton.
La maison blanche à droite, le no 9 (anciennement 11 6), après la lanterne du commissariat de police (au no 11), est la maison natale de Joris-Karl Huysmans (1848-1907). 6. Les éditions de l’Annuaire général du commerce et de l’industrie de 1849 (page CCCXXIII) et de 1850 (page 1181) montrent un changement de numérotation de la rue Suger à cette époque : l’éditeur Monrocq, passant du no 13 au 11, l’entrepreneur de maçonnerie Pommier, passant du no 15 au 13, etc. Le no 11 (adresse figurant sur l’acte de baptême de Charles-Marie-Georges Huijsmans [sic], fils de Victor Godefroy-Jean Huijsmans [sic] et Élisabeth Badin, registre de l’église Saint Séverin) devient donc le no 9 vers 1850.
Position de Marville. [1600 x 1000 px.]
SUGER (RUE). Commence à la place Saint-André-des-Arts, nos 13 et 15 ; finit à la rue de l’Éperon nos 3 et 5. Le dernier impair est 13 ; le dernier pair, 22. Sa longueur est de 133 m. — 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine.
Elle fut ouverte en 1179, sur le territoire de Laas. En 1255 on la nommait rue aux Sachettes, en raison de certaines religieuses revêtues de robes en forme de sacs 7, et qui, vers cette époque, avaient établi un couvent en cet endroit. 7. Les femmes de cette communauté ayant fait vœu de pauvreté portaient un sac pour tout vêtement. Tous les matins, ces sœurs, ainsi que nous le voyons dans les Crieries de Paris, parcouraient les rues de cette ville, quêtaient leur nourriture en chantant :
« Ça du pain por Dieu aux sachesses, Par ces rues sont granz les presses. »
Cette congrégation, n’étant pas légalement autorisée, fut supprimée vers 1330. La rue changea alors sa dénomination, et prit celle de rue des Deux-Portes, jusqu’en 1356, époque de la formation du cimetière de la paroisse Saint-André-des-Arts 2. Elle prit alors le nom de rue du Cimetière Saint-André-des-Arts. Une décision ministérielle en date du 15 floréal an V, signée Benezech, fixa la largeur de cette voie publique à 6 m. Cette largeur sera portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 22 août 1840. Conformément à une ordonnance royale du 5 août 1844, elle a reçu le nom de rue Suger. Les maisons nos 11 et 22 sont alignées.
Au no 3, était situé le collège de Boissi. Il fut fondé en 1358 par Étienne Vidé, natif de Boissi-le-Sec, chanoine de l’église de Chartres et clerc du roi. Ce collège a été réuni en 1764 à l’Université.
Suger, né en 1082, fut nommé abbé de Saint-Denis en 1122. Ministre de Louis VI et de son successeur, Suger sut ménager le trésor royal avec tant d’économie que, sans charger le peuple, il trouva moyen d’enrichir la royauté en l’aidant à sortir de tutelle. L’abbé Suger mourut à Saint-Denis en 1152.
[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]
Datation de la prise de vue : vers 1866.
—
No 257 | Rue Suger, de la rue de l’Éperon. Vers 1866. | ||
State Library of Victoria | Musée Carnavalet | BHVP (négatif) | |
— | CARPH000772 | NV-004-C-0234 | |
— | 27.8 x 30.8 | 28.5 x 38 | |
— | 1865-1868 | 1866-1867 |
—
—
Voir également :
Auteur(s) de la notice : Laurent Gloaguen.
Publié initialement le jeudi 21 janvier 2016.
Dernière mise à jour le jeudi 21 janvier 2016.
Article classé dans : Charles Marville > Vues du Vieux Paris.
—