Cour Saint Martin, c. 1866

Marville : rue Réaumur, cour Saint Martin

Cour Saint Martin. Rue Réaumur, de la rue Saint Martin. Paris IIIe. Circa 1866.

Version haute définition : 4054 x 2600 pixels.

Marville se trouve rue Saint Martin et photographie l’ancienne rue Royale Saint Martin, rebaptisée rue Réaumur en 1851. À gauche, on devine l’église Saint Martin des Champs enchâssée dans les constructions.

L’existence de la rue Réaumur débute par le décret présidentiel du 18 février 1851 qui donne le nom du scientifique aux rues Royale Saint Martin et du Vieux Marché Saint Martin. La rue Réaumur est ensuite prolongée vers l’ouest en 1859-1860, jusqu’à la rue Saint-Denis, en même temps que l’on perce le boulevard de Sébastopol. En 1866, lors du percement de la rue de Turbigo, on prolonge la rue Réaumur vers l’est jusqu’à la rue du Temple (aux dépens de la rue Phélipeaux) et on élargit les anciennes rues Royale Saint Martin et du Vieux Marché Saint Martin. Ce que nous voyons sur cette photographie va être victime de l’alignement.

Cette partie plus large de l’ancienne rue Royale a été tracée au XVIIIe siècle sur une ancienne cour du prieuré de Saint Martin des Champs(1), et était appelée la cour Saint Martin(2). C’était une place rectangulaire fermée sur le côté de la rue Saint Martin (il n’y avait alors qu’un passage) jusqu’aux années 1820(3).

La photographie est prise au moment du percement de la rue de Turbigo en 1866. Dans la perspective de la rue Réaumur, nous voyons à droite un immeuble en construction. Il s’agit de celui qui va faire l’îlot entre les rues Réaumur, Bailly, Beaubourg et de Turbigo. La maison qui suit (“Imprimerie”) existe toujours, c’est celle qui faisait angle entre la place et la rue du Vieux Marché Saint Martin (aujourd’hui, à l’angle des rues Bailly et Réaumur). La suivante (“2 billards”), au no 22 de la rue Volta, est sur le point d’être démolie. Tout au fond, nous voyons que des immeubles ont été démolis : on est en train d’élargir la rue Phélipeaux pour faire le prolongement de la rue Réaumur jusqu’à la rue du Temple.

L’édicule à gauche est un bureau de surveillant de voitures de place. Nous voyons d’ailleurs de ces voitures attendant le client.

Plan cour Saint Martin

RÉAUMUR (RUE DE). Commence à la rue Volta, nos 11 et 13 ; finit à la rue Saint-Martin, nos 272 et 274. Le dernier impair est 33 ; le dernier pair, 38. Sa longueur est de 246 m. — 6e arrondissement, quartier Saint-Martin-des-Champs.

Première partie, comprise entre la rue Volta et la place de l’Ancien-Marché-Saint-Martin. — Ouverte en 1765, sur une partie de l’emplacement du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, elle conduisait à l’ancien marché Saint-Martin, et prit le nom de rue du Marché-Saint-Martin.

Deuxième partie, entre la place de l’Ancien-Marché-Saint-Martin et la rue Saint-Martin. — Cette voie publique, dans la partie voisine de la rue Saint-Martin, est formée par l’ancienne cour du prieuré de Saint-Martin-des-Champs. Le surplus a été ouvert, en 1765, sur une partie des terrains dépendant de ce prieuré. Elle reçut la dénomination de rue Royale, en l’honneur du Roi Louis XV, qui ordonna l’achèvement de cette rue et la construction du marché Saint-Martin (l’ancien).

Une décision ministérielle du 3 décembre 1814, signée l’abbé de Montesquiou, et une ordonnance royale du 29 décembre 1824, ont fixé la moindre largeur de ces deux voies publiques à 10 m.

En vertu d’un décret du Président de la République, L. N. Bonaparte, du 18 février 1851, les rues du Marché-Saint-Martin et Royale-Saint-Martin ont été réunies sous la seule et même dénomination de rue de Réaumur.

Les propriétés nos 23, partie de 27, 29, 31, 33 ; 32, 34 et 36 ne sont pas soumises à retranchement.

René-Antoine Ferchault de Réaumur, l’un des plus grands naturalistes et physiciens que la France ait produits, naquit à la Rochelle en 1683. Il était fils d’un conseiller au présidial de cette ville. Dès 1708, à l’âge de vingt-quatre ans, Réaumur fut admis à l’Académie des Sciences. Il en fut pendant près de cinquante ans l’un des membres les plus actifs et les plus utiles. Ses travaux embrassèrent alternativement les arts industriels, la physique générale et l’histoire naturelle. En physique le nom de Réaumur est principalement célèbre par son thermomètre qu’il fit connaître en 1731. Un des ouvrages les plus remarquables de ce savant est intitulé : Mémoires pour servir à l’histoire des insectes. Réaumur ne prit point d’emploi et consacra tous ses moments aux sciences. La considération publique et une grande déférence de la part du Gouvernement suffirent à ses désirs. Il mourut le 18 octobre 1757, au château de la Bermondière, dans le Maine.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Datation de la prise de vue : probablement vers mars 1866.

Notes :

1. La place est identifiée comme cloître sur le plan Delagrive (1744-1756).

2. La photographie est parfois légendée carré Saint Martin, mais c’est bel et bien la cour Saint Martin que nous voyons. Le carré Saint Martin était l’emplacement de l’ancien marché Saint Martin.

3. Le passage s’appelait de l’Abbaye Saint Martin. La cour est fermée sur le plan de Charles Picquet de 1814, partiellement ouverte sur le plan Achin de 1829, complètement ouverte sur le plan Goujon-Andriveau de 1830.

No 123Rue Réaumur, de la rue Saint Martin. Vers mars 1866.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000563NV-004-C-0394
36.6 x 2238.1 x 28.8
1865-18681866

Position estimée

Voir également :