Rue d’Aboukir, c. 1868

Marville : rue d’Aboukir

Rue d’Aboukir, de la rue Montmartre. Paris IIe. Circa 1868.

Version haute définition : 2600 x 2788 pixels.

Cette section de la rue d’Aboukir, entre la rue Montmartre et la place des Victoires, était jusqu’au 2 octobre 1865 la rue des Fossés Montmartre.

Les immeubles au premier plan à gauche de cette photographie (nos 8, 10, 12, 14, 16, 18, 20, 22, 24) vont être démolis de 1913 à 1914 lors du prolongement de la rue du Louvre, du passage du Vigan à la rue d’Aboukir.

À droite, les trois premiers immeubles (nos 27, 29, 31) vont disparaître plus tard et laisseront la place à l’immeuble du quotidien Paris-Soir (1933-1934, Fernand Leroy et Jacques Cury, architectes).

Le no 71 de la rue Montmartre, à gauche, avait été construit vers 1640-1650 à l’emplacement de la porte Montmartre de l’enceinte de Charles V.

Tout au fond, nous voyons la place des Victoires et l’hôtel de la Banque de France.

Plan rue d’Aboukir

MONTMARTRE (RUE DES FOSSÉS-). Commence aux rues Vide-Gousset, no 2, et Pagevin, no 48 ; finit à la rue Montmartre, nos 71 et 73. Le dernier impair est 31 ; le dernier pair, 24. Sa longueur est de 209 m. — 3e arrondissement, quartier du Mail.

On la désigna d’abord sous le nom de rue des Fossés, puis des Fossés-Montmartre, parce qu’elle fut alignée sur l’emplacement des fossés qui régnaient le long des murs de clôture construits sous Charles V et Charles VI. La porte Montmartre, démolie en 1633, était située dans la rue Montmartre, entre les maisons nos 71 et 88. — Une décision ministérielle du 23 brumaire an VIII, signée Quinette, fixa la largeur de cette voie publique à 10 m. Cette largeur devra être portée à 12 m. en vertu d’une ordonnance royale du 23 juillet 1828. Les maisons nos 4 et 10 sont alignées : les autres propriétés reculeront de 1 m. à 1 m. 70 c.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Plan rue du Louvre, 1892

Ci-dessus, un plan de 1892. La rue du Louvre s’arrête depuis 1880 à la rue d’Argout.

En 1906, le prolongement jusqu’au passage du Vigan est arrêté (parcelles colorées en mauve, arrêté préfectoral du 31 mars 1906). Les maisons nos 51 à 61 de la rue d’Argout sont démolies en 1907. Le no 12 de la rue d’Aboukir sera démoli plus tard, en 1913.

En 1911, le préfet de la Seine est autorisé à acquérir à l’amiable de la société Reifenberg et Cie l’immeuble du 10, rue d’Aboukir (parcelle colorée en jaune). Le no 8 est aussi probablement acquis à l’amiable, mais je n’ai pas trouvé de documents. Les nos 8, 10, 12 sont démolis en février-mars 1913.

En 1914, la rue est prolongée jusqu’à la rue d’Aboukir (parcelles colorées en vert, disparition des no 14 à 24, rue d’Aboukir, 67 à 71 rue Montmartre, 4, impasse Saint Sauveur et 63, rue d’Argout).

Les impairs de la rue Montmartre entre les rues d’Aboukir et du Mail, déclarés cessibles en 1914, auront un répit. Ils disparaîtront bien plus tard, vers 1931, lors de l’achèvement de la rue du Louvre entre les rues d’Aboukir et du Mail (construction en 1932-1933 de l’immeuble du quotidien Paris-Soir, Fernand Leroy et Jacques Cury, architectes).

9 juin 1860 : décret impérial relatif à “l’ouverture d’une rue de vingt mètres de largeur en prolongement de la rue du Louvre, depuis la rue Saint Honoré jusqu’à la rue Montmartre”.

2 octobre 1865 : par décret impérial, les rues des Fossés Montmartre, Neuve Saint Eustache et Bourbon Villeneuve sont réunies sous la dénomination commune d’Aboukir.

Par délibérations du Conseil municipal en 1911, les nos 14, 16 de la rue d’Aboukir sont achetés à l’amiable. Le no 10 est acquis par échange de parcelles.

11 mars 1912 : par arrêté préfectoral, le no 26 de la rue d’Aboukir est déclaré cessible immédiatement.

En février-mars 1913, les nos 8, 10, 12 sont démolis. Le no 26 est démoli vers juillet.

Fin 1913, il reste à démolir les nos 14 à 24 de la rue d’Aboukir (et les 67, 69 et 71, rue Montmartre). À partir du 16 février 1914, un “lock-out” bloque les travaux de démolition, près de 400 ouvriers démolisseurs sont débauchés sur Paris. En mars 1914, seul le 14 de la rue d’Aboukir a été démoli.

17 mars 1914 : par arrêté préfectoral, les nos 27, 29, 31 de la rue d’Aboukir sont déclarés cessibles immédiatement. (Je n’ai pas trouvé les textes relatifs aux nos 8, 12, 18, 20, 22, 24. Probablement des achats à l’amiable.)

En avril-mai 1914, le musée Carnavalet récupère des boiseries issues de la maison du no 16, un hôtel du XVIIe siècle.

La rue du Louvre est achevée jusqu’à la rue d’Aboukir en 1915.

Le terrain libéré à gauche, au coin de la rue du Louvre et de la rue d’Aboukir est offert en location par la ville de Paris à des conditions avantageuses à l’Association de la maison des journalistes en 1920 (bail emphytéotique de 75 ans et loyer annuel de 100 francs, environ 9000 euros d’aujourd’hui). Le nouvel immeuble est inauguré par le président Doumergue, le 20 novembre 1926. La Maison des journalistes abrite aujourd’hui le Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ, fondé en 1946).

La Nouvelle Maison des Journalistes vient de s’ouvrir, rue du Louvre, dotée d’un grand confort et des perfectionnements désirés.

Mentionnons sa vaste terrasse d’où l’on embrasse Paris, sa grande salle de restaurant à quatre rangées de tables, et éclairée par neuf fenêtres. Une salle plus restreinte y est adjointe destinée à recevoir les femmes et les couples « qui veulent partager le menu des célibataires masculins ». « La bibliothèque sous la coupole est d’un heureux effet. Le vestiaire, le salon, la salle de travail, des cabines téléphoniques sont des plus accueillantes », et ont acquis |’approbation de leurs nouveaux usagers.

[La Cité : urbanisme, architecture, art public. Volume VI, no 5. Janvier 1927.]

Datation : vers 1868.

No 65Rue d’Aboukir, de la rue Montmartre. Vers 1868.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000438NV-004-C-0711
27.3 x 29.427.4 x 36.9
1865-1868Vers 1868

Position estimée