Place d’Enfer, c. 1867

Marville : candélabre de la place d’Enfer

Candélabre à lanterne carrée. Gare de la place d’Enfer. Paris XIVe. Circa 1867.

Version haute définition : 2400 x 3406 pixels.

De la “Collection des appareils d’éclairage au gaz établis sur la voie publique”, 1878.

Entrée de la cour de l’embarcadère du chemin de fer de Sceaux (gare Paris-d’Enfer). Derrière, nous voyons des bâtiments, aujourd’hui disparus, qui faisaient partie de la barrière d’Enfer, le long du boulevard Saint-Jacques.

Demachy : barrière d'Enfer

[Pierre-Antoine Demachy (1723-1807). Barrière d’Enfer, 1796. Dessin au crayon, 22.4 x 14.4 cm. BNF.]

Je n’ai pas trouvé quand ces bâtiments du XVIIIe siècle ont disparu. Peut-être lors des travaux du prolongement de la ligne de Sceaux vers la gare du Luxembourg, en 1892, ou bien plus tôt, en 1888-89, quand un square fut aménagé. Il y a fort peu de littérature sur ces constructions, à tel point que l’on peut lire sur la notice BNF du dessin de Demachy « [non identifié] La légende “Barrière d’Enfer” est erronnée (sic). » La correspondance entre le dessin de Demachy et la photographie de Marville ne laisse cependant peu de doute. Par ailleurs, le candélabre est tout à fait conforme au style de ceux de la gare de la place d’Enfer. Enfin, des constructions à l’emprise correspondante figurent sur de nombreux plans d’époque.

Mise à jour

Demachy : détail

[Victor Navlet (1819-1886). Vue générale de Paris, prise de l’Observatoire, en ballon (détail), 1855. Huile sur toile. Musée d’Orsay.]

Ces bâtiments annexes à la barrière d’Enfer avaient été transformés en caserne de la Garde. Un rapport présenté en 1898 au Conseil municipal, sur le logement de la Garde républicaine, note : “La caserne de la barrière d’Enfer a été démolie, à l’occasion d’une opération de voirie, et le demi-escadron qui l’occupait a été logé à la caserne Mouffetard agrandie.” La caserne était encore active en 1881. La caserne Mouffetard est agrandie en 1887 (“On a également fait à la caserne Mouffetard les travaux nécessaires à l’installation du peloton qui était précédemment caserné dans le pavillon d’octroi de l’ancienne barrière d’Enfer.” Ville de Paris. Notes de l’inspecteur général des ponts et chaussées, 1889).

QUESTIONS DE M. MONTEIL SUR LA CASERNE DE LA PLACE DENFERT, LA RECONSTRUCTION DE LA GARE DE SCEAUX, LA RUE DU COMMANDEUR, LA RUE DE MONTSOURIS, LA RUE DE LA SAÔNE ET LE PERCEMENT D’UNE RUE SUR LES TERRAINS APPARTENANT A LA VILLE PRÈS DE LA RUE DE LA SAÔNE.

M. Monteil. — Il s’agit, Messieurs, d’une série de questions très courtes ayant toutes trait au 14e arrondissement.

Je vous demanderai la permission d’être bref et, si M. le Directeur des travaux veut me répondre, je suis convaincu que ce sera pour me donner satisfaction.

Occupons-nous d’abord de la caserne de la place Denfert-Rochereau. Vous vous souvenez que depuis longtemps nous avons demandé la démolition, non du bâtiment principal, puisqu’il a été convenu qui serait conservé, mais de toutes les annexes qui l’entourent, écuries, magasins, hangars, etc.

M. Cernesson. — J’ai l’honneur de faire remarquer à l’honorable M. Monteil qu’il n’y a pas de caserne, mais seulement un pavillon construit par Ledoux dont nous demandons la conservation.

M. Davoust. — Il n’est question que des écuries.

M. Monteil. — Nous n’avons jamais, je le répète, eu l’intention de faire disparaître le pavillon de Ledoux. Comme il y en a deux qui se font vis-à-vis, si l’un était démoli, il faudrait également faire disparaître l’autre. Or, ces deux constructions sont agréables à l’œil et forment une entrée d’un bel effet à l’avenue d’Orléans. Mais il n’en est pas de même des constructions annexes qui doivent disparaître.

Vous m’avez dit, M. le Directeur des travaux, que les quarante gardes de Paris qui occupent ce local seraient transférés à la caserne Mouffetard, aussitôt que les travaux qui s’y exécutent en ce moment permettraient d’y installer leurs chevaux. Je vous prie donc aujourd’hui de nous faire connaître quel est le degré d’avancement des travaux de la rue Mouffetard et, par conséquent, vers quelle époque l’évacuation des bâtiments de la place Denfert permettra de faire disparaître les constructions auxquelles doit succéder une place ou un jardin bien planté.

M. le Directeur des Travaux. — Messieurs, l’Administration est absolument d’accord avec M. Monteil.

Nous avons bien quelques doutes sur l’effet que produira le bâtiment au coin de la grande avenue qui forme le prolongement du boulevard d’Enfer, cette grande voie qui s’étendra plus tard jusqu’à la rue du Bac. Dans tous les cas, lorsque le pavillon sera isolé, si la vue d’ensemble est masquée d’un côté, on appréciera ce qu’il conviendra de faire.

Mais la première chose à obtenir, c’est la libre disposition des bâtiments.

Or les travaux de la caserne Mouffetard sont très avancés et, sans pouvoir vous fixer une date certaine à quelques jours près, je suis convaincu que dans très peu de mois les hommes et les chevaux pourront être installés dans leur nouveau casernement. Il sera alors loisible de commencer immédiatement les démolitions.

M. Davoust. — L’Administration ne pourrait-elle pas à ce moment faire des démarches auprès de la Compagnie d’Orléans pour que la nouvelle gare de Sceaux soit reconstruite en façade sur l’avenue ?

M. Monteil. — Cela fait l’objet de ma seconde question.

M. Cernesson. — Je désire que les travaux de destruction ne soient pas entrepris sans entente préalable avec la 5e Commission.

Il y a quelques fragments de constructions autour du pavillon, qui sont également de Ledoux, et qu’il y aurait peut-être un intérêt historique ou artistique à conserver.

M. Monteil. — Nous sommes tous d’accord, c’est la vraie concentration ; cependant, il est certain qu’il faudra faire disparaître les constructions qui entourent le bâtiment principal et qui n’ont rien d’artistique, si l’on ne veut pas masquer la vue du boulevard d’Enfer et de la place Denfert.

Quant à la perspective sur l’avenue de Montsouris, elle sera un peu gênée par un angle qui débordera, mais lorsque l’arrangement en jardin aura orné cet endroit, je ne pense pas que l’effet produit soit de nature à exiger la démolition de cet angle.

[Procés verbal du Conseil municipal du 11 novembre 1885.]

Ces bâtiments annexes, également de Ledoux, transformés en écuries, ont donc probablement été détruits vers 1887 pour laisser place à un square.

No E68Candélabre à lanterne carrée. Place d’Enfer. Circa 1867.
State Library of Victoria
H2011.78/68
Musée Carnavalet
BHVP (négatif)
NV-004-C-0121

Position estimée

  • 1. Le 11 juin 2014,
    Almarenan

    Marrant, je ne savais pas que "Denfert" avait eu une autre orthographe.
    On connait l'origine du nom et quand l'apostrophe a disparue et pourquoi ?

  • 2. Le 11 juin 2014,
    Vergue

    L'origine du nom est inconnue (de la porte en fer, via inferior, lieu de débauche). La place et la rue d'Enfer ont été rebaptisées Denfert-Rochereau par arrêté du 16 août 1879, l'enfer n'ayant plus la cote et les gens ne voulant plus vivre en enfer. Le boulevard d'Enfer a été rebaptisé Raspail par décret du 9 juillet 1887.

  • 3. Le 11 juin 2014,
    Olivier

    N'oublions pas que Denfert-Rochereau fut gouverneur de Belfort pendant la guerre de 1870,