La Seine, vue du Pont-neuf, c. 1839
La Seine, vue du Pont-neuf. Vers 1839.
- Date : vers 1839
- Auteur : inconnu
- Support : daguerréotype, 20 x 14 cm
- Collection : BNF, Paris
Version haute définition : 2682 x 2000 pixels.
La Seine, vue du Pont-neuf. Vers 1839.
- Date : vers 1839
- Auteur : inconnu
- Support : daguerréotype, 20 x 14.5 cm
- Collection : BNF, Paris
Version haute définition : 2816 x 2000 pixels.
Ces daguerréotypes, visiblement réalisés le même jour, sont exceptionnels en raison de leur date, probablement 1839, soit l’année même de la diffusion du procédé par Louis Daguerre.
L’histoire n’a malheureusement pas retenu le nom de leur auteur. Je suggère une piste à explorer : il y avait un opticien dans les étages de l’immeuble de la place du Pont-Neuf d’où ont été pris ces daguerréotypes. L’auteur pourrait être l’opticien (peut-être avec un appareil de sa fabrication) ou bien l’un de ses clients. [Mise à jour, 6 mars 2014 : peut-être d’une fenêtre de l’opticien Lerebours, voir ce billet.]
Ces deux daguerréotypes faisaient partie de la collection d’Albert Gilles (1873-1959), qui fut parmi les premiers collectionneurs français de photographie du XIXe siècle, aux côtés de Georges Sirot (1898-1977) et de Gabriel Cromer (1873-1934) ; des hommes a qui l’on doit la sauvegarde d’une bonne partie de ce patrimoine à une époque où il n’intéressait que bien peu de monde, et fort peu les pouvoirs publics. La collection a été acquise par la BNF en 1960.
(On note des genres de guérites à l’entrée du Pont des Arts. Il était à l’époque payant.)
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Voir aussi :
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Auteur(s) de la notice : Laurent Gloaguen.
Publié initialement le dimanche 1 décembre 2013.
Dernière mise à jour le mardi 4 août 2015.
Article classé dans : Photographe anonyme.
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1. Le 2 décembre 2013,
grégory
c'était donc le pont des arts construit sous le premier empire, et qui s'était en partie effondré en 1979 après une énième collision due au trop faible écartement entre ses piles.
PS: j'avais eu de la chance la première fois avec les tuileries alors je retente le coup: auriez-vous des photos des monuments et pavillons construits à l'occasion des expositions universelles qui se sont tenues à paris dans la seconde moitié du 19ème siècle?
2. Le 4 août 2015,
Franck Chataignier
Bonjour,
Je doute que la date que vous indiquez soit exacte (1839). L'on distingue des personnages sur ces deux images, ce qui en 1839 était impossible en raison du temps de pose qui était en moyenne de 25 minutes en plein soleil (sensibilisation des plaques au iode). Ce n'est qu'à partir de 1841, avec la découverte du brome comme substance accélératrice dans le procédé daguerrien par Hippolyte Fizeau, que les temps de pose tomberont à quelques secondes faisant apparaitre les premiers personnages de ses scènes de rue et ouvrant surtout la voie aux premiers portraits. Pour précision, je suis photographe de métier et daguerréotypiste contemporain.
Cordialement,
Franck Chataignier
3. Le 4 août 2015,
Vergue
Merci de vos informations. Les datations fournies par la BNF sont respectivement “Entre 1839 et 1840” et “Circa 1839”.
Ce que vous dites sur les portraits est discutable, on en connaît de 1839, dont le célèbre autoportrait de Robert Cornelius. Et pour ce qui est des scènes de rue, je rappelle le cireur-décrotteur et son client sur le boulevard du Temple par Daguerre en 1838.
Cela dit, je vais corriger la date en “vers 1839”. Cordialement.
4. Le 4 août 2015,
Vergue
Ces daguerréotypes, probablement réalisés d'une fenêtre de l'opticien Lerebours, pourraient aussi être des expérimentations avec un objectif particulièrement lumineux. Rien n'exclut vraiment à ce stade une datation de 1839 ou 1840, même si elle n'est pas absolument certaine.
5. Le 4 août 2015,
Franck Chataignier
Je connais ce portrait de R. Cornélius et quelques autres ; il y a aussi celui dit de "M. Huet" (dont l'identité est incertaine) réalisé par L. Daguerre mais les contraintes techniques liées à l'utilisation du iode seul imposent de ne pas bouger pendant 25 minutes en moyenne ce qui ne peut pas, de manière rationnelle, ouvrir la voie aux portraits. Dès que H. Fizeau (il a alors 21 ans) découvre que le brome permet de faire tomber les temps de pose à quelques secondes (nous sommes alors en 1841), l'expansion du portrait à travers le monde sera fulgurante (notamment aux USA où, dès l'année suivante, les premiers portraits réalisés grâce à l'innovation de Fizeau, feront leurs apparitions). H. Fizeau, un an avant, avait apporté également une autre innovation majeure au procédé de L. Daguerre, en faisant passer les plaques, après fixage, dans un bain de chlorure d'or chauffé (chlorure d'or + hyposulfite de sodium pour être précis) chauffé. La procédure renforçant l'image et diminuant de façon importante les risques de rayures et l'effacement de l'image par un simple trait de doigt. Il y a à l'évidence une erreur de date, les personnages visibles sur ces deux images n'ayant pu être immobiles aussi longtemps sans que les plaques fussent bromées, donc au minimun en 1841 et non en 1839, sur ce point, je suis catégorique. Je connais quelques conservateurs du département des estampes et de la photographie à la BnF, je vais leur en parler et vous tiendrais au courant de leurs réponses. Et bravo pour votre site, c'est remarquable !
Cordialement,
Franck Chataignier
6. Le 4 août 2015,
Franck Chataignier
Vous avez des documents qui témoignent de l'existence d'une telle optique créé par Lerebours ? Je ne peux discuter que sur des faits pas des suppositions. Le brome permet au iode de rendre une plaque 200 fois plus sensible que l'iode utilisé seul. Aucune optique au monde, même aujourd'hui, ne saurait être capable de compenser un tel écart de sensibilité. Bonne continuation, FC
7. Le 4 août 2015,
Vergue
Les pratiquants ont d’abord essayé d’améliorer des chambres et optiques pour gagner en vitesse (plus grande ouverture du diaphragme, raccourcissement du foyer de l’objectif et diminution corollaire du format de l’image, amélioration des lentilles).
“Dès 1840, en combinant la réduction de la distance focale et l’ouverture du diaphragme, les opticiens Vincent Chevalier, Buron ou Nicolas Lerebours peuvent annoncer la réalisation de portraits de petit format en deux à trois minutes. Il faudra attendre 1841 pour qu’apparaissent les premières améliorations physico-chimiques du procédé.” — André Gunthert, “Daguerre ou la promptitude, archéologie de la réduction du temps de pose”, 1998.
Daguerre écrivait en 1839, dans la description de son procédé : “Cette opération est très-délicate, parce que rien n’est visible, et qu’il est de toute impossibilité de déterminer le temps nécessaire à la reproduction, puisqu’il dépend entièrement de l’intensité de lumière des objets que l’on veut reproduire ; ce temps peut varier pour Paris de 3 à 30 minutes au plus. Il faut aussi remarquer que les saisons ainsi que l’heure du jour, influent beaucoup sur la promptitude de l’opération. Les moments les plus favorables sont, de sept à trois heures ; et ce que l’on obtient à Paris dans 3 ou 4 minutes aux mois de juin et de juillet, exigera 5 ou 8 minutes dans les mois de mai et d’août, 7 ou 8 en avril et en septembre, et ainsi de suite…”
Par contre, Lerebours parle clairement de ses essais de 1839, “des vues avec lointain, prises du Pont-Neuf” et donne des temps sensiblement plus longs que Daguerre : 12 minutes au mois d’août. Les daguerréotypes ci-dessus ayant vraisemblablement été réalisés à cette période de l’année, vu le niveau de la Seine, ce temps n’est effectivement pas compatible avec ce que nous observons (qui est peut-être de l’ordre de la minute et moins).
Effectivement, une datation de 1839 semble suspecte. Faut-il exclure 1840 et des progrès techniques alors intervenus (et pas nécessairement diffusés, nous savons par exemple comment Daguerre avait occulté certains détails) ? je ne sais pas. Mais il est certain que les opticiens de l'île de la Cité étaient à la pointe de la technologie et faisaient beaucoup de recherches.