Rue de l’Hôtel Colbert, c. 1866

Marville : rue de l’Hôtel Colbert

Rue de l’Hôtel Colbert, de la rue Galande. Paris Ve. Vers 1866.

Version haute définition : 2600 x 3365 pixels.

Marville se trouve rue Galande et photographie la rue de l’Hôtel Colbert. Au fond à gauche, on peut voir le croisement avec la rue de la Bûcherie. Tout au fond, on distingue le quai de Montebello et le chevet de l’église Notre-Dame.

En 1888-1889, la rue va perdre 30 mètres de longueur du côté de son débouché sur la rue Galande (au premier plan sur la photographie) lors du percement de la rue Monge prolongée (devenue rue Lagrange 1). 1. Dénommée Lagrange par arrêté du 18 avril 1890, du nom du mathématicien Joseph Louis Lagrange (1736-1813). En outre, la rue devait être élargie à 10 mètres, ce qui ne sera que partiellement réalisé.

Le prolongement de la rue Monge entre la place Maubert et le quai de Montebello est déclaré d’utilité publique par décret du 19 août 1887. Par arrêté préfectoral du 17 novembre 1887, sont déclarés cessibles immédiatement les nos 17-19 (et 28, rue Galande), 24 (et 30, rue Galande), 22, 20, 18, 16, et une partie du no 12 de la rue de l’Hôtel Colbert. Le jugement d’expropriation est rendu le 19 janvier 1888. La vente par adjudication des matériaux à provenir de la démolition est faite le 24 novembre 1888. Les démolitions débutent à la mi-décembre.

Au no 20 se trouvait l’hôtel Colbert qui donna son nom à la rue, une maison du milieu du XVIIe siècle au riche décor de bas-reliefs à l’antique. On se ne sait malheureusement que peu de choses de cet hôtel disparu sous les pioches des démolisseurs en 1889, pas même si le ministre de Louis XIV y résida (ce qui est improbable 2). 2. Félix de Rochegude, auteur cependant souvent peu fiable, écrit : “Rue de l’Hôtel-Colbert. Doit son nom à un simple hôtel meublé”, ce qui est tout à fait vraisemblable. Il est en effet possible que le no 20 ait abrité à une époque un meublé appelé Colbert. Sur la photographie, l’entrée de l’hôtel Colbert est à gauche, là où l’on voit la plus grande des échelles et une entrée charretière.

Dans un discours de Guillet de Saint-George (Georges Guillet, 1624-1705), consacré à la vie et l’œuvre du sculpteur Thibaut Poissant (1605-1668) et lu à l’Académie royale de peinture et de sculpture le samedi 16 juin 1691, on trouve le passage suivant 3 : 3. Louis Dussieux, Eudore Soulié, Philippe de Chennevières, Paul Mantz, Anatole de Montaiglon. Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Paris, J.-B. Dumoulin, 1854. Tome premier, p. 320.

“il partit de Paris en 1642, avec une pension de cinq cents livres, et après avoir fait à Rome des études très-exactes, d’après l’antique, il revint à Paris en 1647. […] Il fit pour la grande salle de MM. de la chambre des Comptes, à Paris, deux figures de bois, chacune de six pieds de haut, l’une représentant la Justice et l’autre la Force. Cet ouvrage lui avoit été procuré par M. Goret de Saint-Martin, maître des comptes, qui l’employa pour plusieurs bas-reliefs sur le sujet d’Apollon et des neuf Muses, placés dans les panneaux qui sont entre les croisées de la cour d’une belle maison dans la rue des Rats 4, vers la rue Galande, proche de la place Maubert.” 4. Ancien nom de la rue de l’Hôtel Colbert.

La Gazette des Beaux-Arts du 1er novembre 1890 signale sous la plume de Alfred de Champeaux que les bas-reliefs de Poissant étaient en plâtre et qu’ils n’ont regrettablement pu être conservés lors de la démolition de la maison. Cependant, des photographies conservées par le musée Carnavalet montrent très clairement le démontage en cours des grands bas-reliefs, ceux des tables d’allège ayant été déjà déposés.

Tracé de nouvelles voies entre le boulevard Saint Germain et le quai de Montebello

Tracé de nouvelles voies entre le boulevard Saint Germain et le quai de Montebello. Plan Avril Frères, lithographie Hangard-Maugé, vers 1859. BNF. [2600 x 1976 px.]

Quartier Saint Jacques, îlot no 30

Quartier Saint Jacques, îlot no 30. Cadastre par îlots de Philibert Vasserot, vers 1825. Archives nationales. [2200 x 1780 px.]

J’ai mis en évidence sur cette feuille du cadastre Vasserot la parcelle occupée par l’hôtel Colbert.

Bas-reliefs de l’hôtel Colbert

“Bas-reliefs de l’hôtel Colbert”. Charles Marville, 1865-1868. BHDV. [2993 x 2200 px.]

Côté droit de la cour (au nord).

Bas-reliefs de l’hôtel Colbert

“Bas-reliefs de l’hôtel Colbert”. Charles Marville, 1865-1868. BHDV. [3091 x 2200 px.]

Fond de la cour.

Bas-reliefs de l’hôtel Colbert

“Bas-reliefs de l’hôtel Colbert”. Charles Marville, 1865-1868. BHDV. [3009 x 2200 px.]

Côté gauche de la cour (au sud).

Hôtel Colbert, vers 1888

Hôtel Colbert, 1888. Photo Henri Godefroy (1837-1913). BHVP. [2600 x 3632 px.]

Hôtel Colbert, vers 1888

Hôtel Colbert, 1888. Photo Henri Godefroy (1837-1913). BHVP. [3164 x 2600 px.]

L’état de l’hôtel Colbert peu avant sa démolition.

Bas-reliefs de l’hôtel Colbert

Dépose des bas-reliefs de Thibaut Poissant. Anonyme, vers décembre 1888. Musée Carnavalet. [2600 x 1958 px.]

Côté droit de la cour (au nord).

Bas-reliefs de l’hôtel Colbert

Dépose des bas-reliefs de Thibaut Poissant. Anonyme, vers décembre 1888. Musée Carnavalet. [2600 x 1988 px.]

Rue de l’Hôtel Colbert, dessin Jules Gaildrau, 1888

Maisons expropriées de la rue de l’Hôtel Colbert, côté des impairs. Nos 17 et 19. Jules Gaildrau (1816-1898). Plume et aquarelle, 1888. Musée Carnavalet. [3000 x 1898 px.]

Rue de l’Hôtel Colbert, dessin Jules Gaildrau, 1888

Maisons expropriées de la rue de l’Hôtel Colbert, côté des pairs. Nos 16 à 24. Jules Gaildrau (1816-1898). Plume et aquarelle, 1888. Musée Carnavalet. [3000 x 1676 px.]

L’hôtel Colbert est la maison où l’on lit “22, imprimerie, 22”. Malgré l’inscription, il s’agit bien du no 20. On voit une plaque “Hôtel Colbert” au-dessus de la porte charretière.

Plan rue de l’Hôtel Colbert

Position de Marville. [1600 x 1000 px.]

COLBERT (RUE DE L’HÔTEL-). Commence au quai de Montebello, nos 15 et 17 ; finit à la rue Galande, nos 28 et 30. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 24. Sa longueur est de 118 m. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

Cette rue a été ouverte en 1202, sur le clos Mauvoisin, qui faisait partie de la seigneurie de Garlande. (Voir l’article de la rue du Fouarre.) Le poêle Guillot la nomme rue d’Arras. Dans un censier de Sainte-Geneviève elle est désignée en 1520 sous la dénomination de rue des Rats. Vers 1680, la partie de cette voie publique qui commence à la rue de la Bûcherie et aboutit au quai portait le nom de rue des Petits-Degrés. En 1829, les propriétaires des maisons situées dans la rue des Rats adressèrent une réclamation à l’autorité à l’effet de changer la dénomination de cette voie publique. Le 28 décembre 1829, le ministre accueillit leur demande, et arrêta que le nom de rue de l’Hôtel-Colbert serait substitué à celui de rue des Rats. Cette dénomination rappelle le grand Colbert, qui possédait dans cette rue un hôtel portant aujourd’hui le no 20. On y admire plusieurs bas-reliefs d’une excellente composition. — Une décision ministérielle du 3 pluviôse an IX, signée Chaptal, fixa la moindre largeur des rues des Rats et des Petits-Degrés à 7 m. En vertu d’une ordonnance royale du 5 juin 1846, la largeur de la rue de l’Hôtel-Colbert devra être portée à 10 m. Les propriétés nos 2, 4, 6 et 18 sont alignées.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Datation de la prise de vue : vers 1866.

No 283Rue de l’Hôtel Colbert, de la rue Galande. Vers 1866.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000746NV-004-C-0429
27 x 33.128 x 37.5
1865-1868avant 1869

Position estimée