Rue des Prêtres Saint Séverin, c. 1866
Rue des Prêtres Saint Séverin, de la rue Boutebrie. Paris Ve. Vers 1866.
- Date : vers 1866
- Auteur : Charles Marville (1813-1879)
- Format : tirage 2016 d’après négatif restauré numériquement, 26.6 x 31.5 cm
- Collection : GDC
Version haute définition : 2600 x 3036 pixels.
Marville se trouve rue Boutebrie et photographie la rue des Prêtres Saint Séverin.
Au premier plan, c’est la rue Boutebrie, qui a été élargie par retranchement sur ses numéros impairs (à droite sur la photographie) en 1857-60, à l’occasion du percement du boulevard Saint Germain. Elle se distingue par son trottoir et son candélabre à lanterne ronde, modèle Lacarrière. Les autres rues sont “à l’ancienne”, sans trottoirs et dotées chasse-roues. Ces chasse-roues étaient des bornes de pierre qui servaient à protéger le bas de maison des roues de charrettes et voitures (d’où leur nom). Elles servaient aussi de refuges pour les piétons dans les voies étroites. Les trottoirs ont rendu ces bornes inutiles, c’est pourquoi on ne les observe sur les photographies de Marville que devant les maisons qui n’ont pas encore de trottoir. Les chasse-roues ont presque tous disparu des voies publiques à Paris, on les enlevait systématiquement quand on construisait un trottoir.
Ensuite, nous voyons le croisement avec la rue de la Parcheminerie, puis la rue des Prêtres Saint Séverin et, au fond de cette dernière, la grille devant l’église Saint Séverin et le no 16 de la rue Saint Séverin.
Les deux hommes sont devant la boutique d’un marchand de bois et charbon, comme la façade peinte l’indique. La boutique abrite aussi l’échoppe d’un cordonnier-bottier qui “fait le vieux et le neuf”. On devine l’inscription presque effacée “Charbons, gros et détail”.
L’étroite rue des Prêtres devait être élargie à 10 mètres depuis une ordonnance royale du 27 septembre 1837. Cette opération sera réalisée bien plus tard, de 1913 à 1923, dans le cadre d’un projet visant à dégager l’église et ses charniers des nombreuses constructions qui l’entouraient.
Alignements projetés aux abords de l’église Saint Séverin. Plan Avril Frères, lithographie Hangard-Maugé, vers 1859. [2600 x 1733 px.]
Le dégagement de l’église Saint Séverin, l’élargissement à 12 mètres de la rue de la Parcheminerie, entre la rue des Prêtres Saint Séverin et la rue Saint Jacques, la construction d’une école de filles 1 en bordure de la rue de la Parcheminerie du côté des numéros impairs, sont déclarés d’utilité publique le 7 décembre 1911. 1. Une école de garçons existait déjà au 30 de la rue Saint Jacques, ainsi qu’une plus modeste école de filles au 3 de la rue Boutebrie. Il s’agissait de donner des locaux plus spacieux à cette dernière.
Les impairs de la rue des Prêtres Saint Séverin (à droite sur la photographie), à l’exception de l’église et son presbytère, sont démolis en 1913. En même temps, on élargit la rue de la Parcheminerie à 12 mètres. Les nos 3, 5, 7, 9, 11, 13 de cette rue sont démolis 2 pour la construction de l’école, tandis que les nos 6, 8, 10, 12, 14, 16, 18 disparaissent pour laisser place plus tard à un square 3 et un nouveau presbytère. 2. Arrêté préfectoral du 12 mars 1912. Voir le Bulletin municipal officiel du samedi 25 mai 1912, “Élargissement de la rue de la Parcheminerie et dégagement de l’église Saint Séverin”, pour la liste des expropriations et indemnités. 3. Square Saint Séverin, inauguré le 24 juin 1923, rebaptisé André Lefèvre en 1931.
La boutique du charbonnier, devenue plus tard épicerie, aura un petit sursis et sera démolie après la Guerre 4. 4. Le 20 de la rue de la Parcheminerie est acquis à l’amiable par la Préfecture en 1919. Mme Teisset, propriétaire, reçoit la somme de 45 000 francs. Une photographie d’Eugène Atget datée de 1922 montre que la maison a été démolie (Carnavalet, CARPH003781).
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Le no 20 de la rue de la Parcheminerie, 1912. Photo Eugène Atget, 18 x 22 cm. Musée Carnavalet, CARPH006794. [1800 x 2282 px.]
En 1912, l’ancienne boutique du marchand de charbon est une épicerie-crémerie-fruiterie. La maison sera démolie vers 1920.
Démolition d’immeubles au coin des rues des Prêtres Saint Séverin et de la Parcheminerie, 15 mars 1913. Photo Eugène Atget, 18 x 22.5 cm. Musée Carnavalet, CARPH006804. [1600 x 2008 px.]
Les deux maisons en cours de démolition (nos 5 et 7) sont celles que nous voyons à droite sur la photographie de Marville. On voit à gauche l’angle du no 20 de la rue de la Parcheminerie (“Bouillons et bœuf”).
État de la rue des Prêtres Saint Séverin après la campagne de démolition de 1913. Photo Eugène Atget, 22.5 x 18 cm. BNF. [2550 x 2000 px.]
Photographie non datée, probablement début juillet 1913. À gauche, le mur couvert d’affiches appartient au 20 de la rue de la Parcheminerie. Nous voyons que les nos 6, 8 et 10 de la rue des Prêtres ont également été démolis. La miroiterie est au no 12 et le café au no 14. À droite, l’ancien presbytère est épargné pour le moment.
Maisons de la rue des Prêtres Saint Séverin après la campagne de démolition de 1913. Photo Eugène Atget, 22.5 x 18 cm. BNF. [2550 x 2000 px.]
Photographie non datée, probablement début juillet 1913. Sur cet autre angle de vue, pris du côté de la rue Saint Jacques, nous voyons le mur aveugle du no 20, rue de la Parcheminerie, couvert d’affiches, suivi des nos 14 et 12, rue des Prêtres Saint Séverin, encore debout. Le no 12 sera acheté par la préfecture en 1923. Cette maison sera longtemps du domaine de la ville et sera démolie vers 1972, à l’occasion de la construction d’un nouveau bâtiment municipal (no 6-12, bibliothèque pour la jeunesse L’Heure joyeuse). Je n’ai pas d’informations précises sur le no 14, qui semble dater des années 1830-1840. Il aurait appartenu à une société immobilière “Silf” et été démoli vers 1928-1929 pour la construction de l’actuel 22, rue de la Parcheminerie.
Position de Marville. [1600 x 1000 px.]
SÉVERIN (RUE DES PRÊTRES SAINT-). Commence à la rue Saint-Séverin, no 5 ; finit à la rue de la Parcheminerie, nos 18 et 20. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 14. Sa longueur est de 79 m. — 11e arrondissement, quartier de la Sorbonne.
C’était en 1244, la ruelle devant ou près Saint-Séverin. En 1260 et 1264, les titres de Sorbonne la nomment Vicus strictus Sancti-Severini, les actes du même temps ruelle ou ruellette Saint-Séverin. En 1489, on l’appelait ruelle de l’Archi-Prêtre. Le curé de Saint-Séverin, archiprêtre-né de l’église de Paris, y demeurait alors. Vers 1508, on disait simplement ruelle au Prêtre ; enfin elle fut désignée sous la dénomination de rue des Prêtres-Saint-Séverin, parce que les prêtres qui desservaient cette église vinrent l’habiter. — Deux décisions ministérielles des 8 nivôse an IX et 15 messidor an XII, signées Chaptal, fixèrent la moindre largeur de cette voie publique à 6 m. Celle moindre largeur devra être portée à 10 m., en vertu d’une ordonnance royale du 27 septembre 1837. Depuis cette époque, elle a été considérablement élargie. L’église et les propriétés nos 1, 4, 12 et 14 sont à l’alignement. — Au milieu de cette rue on a établi un escalier qui empêche la circulation des voitures.
[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]
Datation de la prise de vue : vers 1866.
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No 273 | Rue des Prêtres Saint Séverin, de la rue Boutebrie. Vers 1866. | ||
State Library of Victoria | Musée Carnavalet | BHVP (négatif) | |
— | CARPH000760 | NV-004-C-0022 | |
— | 26.6 x 30.5 | 27.1 x 35.4 | |
— | 1865-1868 | vers 1868 |
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Voir également :
Auteur(s) de la notice : Laurent Gloaguen.
Publié initialement le vendredi 30 décembre 2016.
Dernière mise à jour le dimanche 1 janvier 2017.
Article classé dans : Charles Marville > Vues du Vieux Paris.
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