Cabaret du Bruyant Alexandre, c. 1910

Eugène Atget : cabaret du Bruyant Alexandre

Cabaret du Bruyant Alexandre. 100, boulevard de Clichy, Paris XVIIIe. Vers 1910.

Version haute définition : 2600 x 3330 pixels.

Alexandre Ernest Célestin Leclerc, né le 2 juin 1866 à Josselin, dit Le Bruyant Alexandre, était un chansonnier de Montmartre dans la lignée d’Aristide Bruant (1851-1925) auprès duquel il fit ses débuts. Le Bruyant s’illustre particulièrement pendant la Guerre avec son répertoire de chansons patriotiques et ses participations à des œuvres de charité au bénéfice des Poilus.

Devenu presque aveugle au cours des années 1920, il meurt dans le dénuement le 13 avril 1931, à l’hôpital Lariboisière. Il est inhumé au cimetière de Colombes.

Son cabaret connaîtra différentes adresses dont le 73, rue Pigalle (“Cabaret Bruyant”, vers 1897-1899), le 14, boulevard Saint-Martin (ancienne Auberge des Adrets, “Cabaret réaliste”, 1901-1904), le 42 bis, boulevard Bonne Nouvelle (1904), puis retour aux Adrets (1905-1908), le 167, rue Montmartre (1908), le 17, boulevard de Strasbourg (1909, “Cabaret de l’Abbaye de Monte-à-regret”).

Le Bruyant Alexandre s’installe en 1910-1911 aux Truands, 100, boulevard de Clichy. Cette salle, ouverte en 1905, connaîtra de nombreuses enseignes avant devenir le théâtre des Deux-ânes sous la houlette de MM. Roger Ferréol et André Dahl en octobre 1921 :

Les Truands ou “Magic-tavern” (début 1905 à janvier 1906),
Les Truands ou “L’Araignée” (janvier 1906 à 1910),
Le cabaret Alexandre (1910 à 1911),
Le Merle blanc (1911 à 1912),
Le Porc-qui-pique 1 1. On peut lire Le Porc-épic dans de nombreuses notices, ce qui est erroné.(octobre 1912 à avril 1913),
L’Épatant (avril 1913 à juin 1914),
Les Métèques (mars 1916, fermé début avril 1916 par décision de la préfecture de Police, officiellement “pour cause de scandale et dans l’intérêt de la moralité publique”).

La salle, inoccupée depuis le court épisode des Métèques en 1916, est démolie et reconstruite en 1920 pour accueillir le Théâtre des Marionnettes (mars 1921), théâtre qui n’aura qu’une brève existence et laissera la place aux Deux-ânes quelques mois plus tard.

En 1898, Aristide Bruant attaque en justice Le Bruyant Alexandre pour concurrence déloyale, arguant que son costume (large feutre noir, écharpe rouge et bottes) copié par Le Bruyant était sa marque de commerce, et il gagne. Le perdant fit alors faire un calicot pour son cabaret “Arrêt de jugement : Le Bruyant Alexandre chantera désormais sans vêtements.” En juillet 1908, Bruant attaque à nouveau Le Bruyant devant le tribunal de commerce ; Le Bruyant ne se présentera même pas, sera jugé par défaut et condamné à verser 2000 francs de dommages et intérêts. En mai 1910, la salle des Truands étant proche de celle de Bruant, ce dernier présente une requête d’injonction pour faire interdire toute affiche ou enseigne portant le nom de son rival, comme s’il y avait personne qui put se tromper. Il obtient satisfaction du juge pour découvrir 48 heures plus tard un nouveau nom en grandes lettres blanches sur les Truands : “Le Brûlant Alexandre”, ce que nous voyons sur la photographie d’Atget.

La décoration sculptée de la façade que l’on voit ici est héritée du cabaret des Truands.

Datation de la prise de vue : 1910 ou 1911.

Eugène Atget : cabaret du Bruyant Alexandre

Cabaret du Bruyant Alexandre. 100, boulevard de Clichy, Paris XVIIIe. Vers 1910.

Version haute définition : 3215 x 2600 pixels.

Position estimée

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