Messageries impériales, c. 1865
Cour des Messageries impériales et impasse Saint Pierre. Paris IIe. Circa 1865.
- Date : circa 1865
- Auteur : Charles Marville (1813-1879)
- Support : tirage sur papier albuminé, 36.6 x 22.2 cm
- Collection : BHDV, anct bibliothèque de la préfecture de la Seine
Version haute définition : 4287 x 2600 pixels.
Marville se trouve dans la cour des Messageries impériales, côté rue Notre Dame des Victoires. Au-delà de la grille d’entrée, c’est l’impasse Saint Pierre, et au fond, l’immeuble du no 126 de la rue Montmartre. Tout ce que nous voyons sur cette photographie a aujourd’hui disparu.
Les Messageries impériales, héritières des Messageries royales créées en 1784, avaient pour siège le no 28, rue Notre Dame des Victoires, dans l’ancien hôtel de Boulainvilliers. Ayant repris le nom de Messageries nationales en 1871, l’entreprise perdurera jusqu’en 1965 (absorbée par la société Walbaum, aujourd’hui Geodis Walbaum), mais son siège historique de la rue Notre Dame des Victoires disparaîtra en 1895-1896 lors du percement de la rue Réaumur.
Le no 28, rue Notre Dame des Victoires, était également le siège de la Compagnie des Messageries nationales, la compagnie maritime des Messageries créée en 1851. Devenue Compagnie des Messageries impériales sous Napoléon III, puis Compagnie des messageries maritimes, elle fusionnera en 1977 avec la Compagnie générale transatlantique (CGT) pour former la Compagnie générale maritime (CGM).
MESSAGERIES-IMPÉRIALES (PASSAGE DES). Commence à la rue Montmartre, nos 97 et 99 ; finit à la rue Notre-Dame-des-Victoires, no 28. — 3e arrondissement, quartier du Mail.
L’Université, lors de sa première institution, avait établi des messagers qui se chargeaient d’aller chercher dans les provinces et de conduire à Paris les jeunes gens qui désiraient étudier dans la capitale. Il s’établit aussi une correspondance entre les écoliers et leurs familles. Le public prit confiance dans ces messagers, alors l’Université exploita plus en grand cette entreprise, qui lui valut des bénéfices considérables. L’Université a constamment joui du droit des postes et messageries jusqu’en 1719, époque où fut établie l’administration des messageries et postes royales. Pour l’indemniser on accorda à l’Université le 28e du bail général des postes, qui alors se montait à 120,000 livres. — « Versailles, 27 octobre 1784. — Arrêt du Conseil. Sa Majesté étant informée que le sieur Ducessois, fermier général des Messageries, en se conformant au plan adopté en 1775, a réuni à l’hôtel de Boulainvilliers, rue Notre-Dame-des-Victoires, la totalité des bureaux des Messageries, situés précédemment dans différents quartiers de Paris ; qu’il résulte de cette réunion un avantage considérable pour cette exploitation, plus de commodité pour le public et beaucoup plus d’exactitude dans le service. Sa Majesté désirant consolider cet établissement, et pour éviter à l’avenir des déplacements des bureaux des Messageries, toujours gênants pour le public, a jugé convenable d’accepter l’offre que lui a faite le sieur de Boulainvilliers, de vendre ledit hôtel avec les terrains et bâtiments en dépendant pour rester affectés au service des Messageries ; à quoi Sa Majesté voulant pourvoir, ouï le rapport du sieur de Calonne, conseiller ordinaire au Conseil royal, contrôleur général des finances, le Roi étant en son Conseil a commis et commet les sieurs Gojart, premier commis des finances, et Gondouin, architecte du Roi, auxquels Sa Majesté a donné pouvoir d’acquérir en son nom du sieur Bernard de Boulainvilliers, Prévôt de Paris, les grand et petit hôtels de Boulainvilliers, à lui appartenant, sis rue Notre-Dame-des-Victoires et rue Saint-Pierre, avec les circonstances et dépendances, etc., ce moyennant le prix et somme de 600,000 livres, etc. Signé Hue de Miroménil, et de Calonne. » (Archives de l’Empire, section administ., reg. E, no 2603). — L’hôtel de Boulainvilliers devint propriété nationale, et fut vendu le 24 mars 1809, ainsi que des ateliers situés rue Notre-Dame-des-Victoires, aux administrateurs des Messageries, moyennant la somme de 800,000 fr.
[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]
Les Messageries avaient déjà perdu en 1845 une partie de leur emprise dans le quartier, où se trouvait des ateliers :
Ci-dessus, le plan de la “Vente à l’amiable, en dix-neuf lots, les terrains des anciens ateliers des Messageries royales” (BNF), c. 1844 [3270 x 2600 px].
Ce terrain appartenant aux Messageries, de l’autre côté de la rue Notre Dame des Victoires, a été coupé en 1845 par le percement de la rue de la Banque et le prolongement de la rue Saint Pierre (rue Paul Lelong). Les restes du terrain sont divisés en parcelles à bâtir et mis en vente. Nous voyons sur ce plan que la rue Paul Lelong devait logiquement aller jusqu’à la rue Vivienne, aux dépens de l’hôtel Tubeuf (dit Colbert de Torcy), ce qui ne sera jamais réalisé.
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Le 24 août 1864, au palais de Saint-Cloud, l’empereur Napoléon III signe le décret déclarant d’utilité publique le prolongement de la rue Réaumur, avec une largeur de 20 mètres, depuis la rue Saint Denis jusqu’au débouché de la rue de la Paix sur le boulevard des Capucines.
La section de la rue Réaumur prolongée entre la Bourse et l’Opéra est réalisée en 1868-1869 et prend le nom de rue du Dix Décembre, puis de rue du Quatre Septembre en 1870. La chute de l’Empire suspend le projet de percement de la section de la rue Réaumur entre les rues Saint Denis et Notre Dame des Victoires.
Le 9 avril 1885, un décret du président Jules Grévy modifiant l’alignement prévu par le décret de 1864 est publié. Il s’agit, par souci d’économie, de conserver les impairs de la rue Thévenot entre les rues Saint Denis et des Petits Carreaux. Cette décision évite l’expropriation d’au moins une quinzaine d’immeubles, au prix d’un décroché dans l’alignement.
Le 4 juin 1894, sont déclarées cessibles immédiatement les propriétés nécessaires à l’ouverture de la rue Réaumur entre les rues Saint Denis et d’Aboukir. Le 14 décembre 1894, sont déclarées cessibles immédiatement les propriétés entre les rues d’Aboukir et de Cléry. Le premier immeuble à tomber sous les pioches des démolisseurs est le no 16 de la rue Thévenot, à la mi-janvier 1895. Le 3 mai 1895, sont déclarées cessibles immédiatement les propriétés entre les rues de Cléry et Notre Dame des Victoires. Le principal des démolitions est effectué en 1896. Le dimanche 7 février 1897, Félix Faure préside à l’ouverture officielle de la nouvelle percée parisienne.
Datation de la prise de vue : vers 1865.
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No 118 | Cour des Messageries impériales et impasse Saint Pierre. Vers 1865. | ||
State Library of Victoria | Musée Carnavalet | BHVP (négatif) | |
— | CARPH000432 | NV-004-C-0454 | |
— | 36.4 x 22.5 | 38 x 28.7 | |
— | 1865-1868 | vers 1865 |
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Auteur(s) de la notice : Laurent Gloaguen.
Publié initialement le mardi 18 novembre 2014.
Dernière mise à jour le lundi 15 juin 2015.
Article classé dans : Charles Marville > Vues du Vieux Paris.
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