Rue des Moineaux, c. 1866

MOINEAUX (RUE DES). Commence aux rues des Orties, n^o 3, et des Moulins, n^o 1 ; finit à la rue Saint-Roch, n^os 20 et 22. Le dernier impair est 37 ; le dernier pair, 28. Sa longueur est de 177 m. —2^e arrondissement, quartier du Palais-Royal.

Cette rue était presque entièrement bâtie en 1560, et portait déjà le nom de rue des Moineaux, en raison d’une propriété appelée la Maison-des-Moineaux. En 1635, on la trouve nommée rue de Monceau, probablement parce qu’elle conduit au Monceau, petit mont où l’on voyait des moulins à vent. Une voie publique de ce quartier a conservé le nom des Moulins. — Une décision ministérielle du 18 fructidor an IX, signée Chaptal, fixa la largeur de la rue des Moineaux à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 4 octobre 1826, cette largeur devra être portée à 10 m. Les propriétés n^os de 13 à 27, 35 et 24 sont alignées.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Nouvelles Diverses

Depuis deux jours la foule s’assemble autour de la Butte des Moulins, dont les démolisseurs se sont emparés. On retrouve là tous ces types bien connus du Parisien, et qu’on est sûr de rencontrer partout où il y a un ouvrage d’édilité, le monsieur qui admire, celui qui critique, celui qui regrette le vieux quartier, celui qui attend avec impatience le nouveau, le petit rentier, le flâneur perpétuel qui, après son déjeuner, vient tranquillement voir si « ses travaux » marchent, toute la légion des « inspecteurs du pavé ».

Le percement se fait surtout du côté du Théâtre-Français. On a attaqué hier les maisons n^os 12 et 25 de la rue des Moineaux ; 7 et 9 de la rue de l’Échelle ; 9 rue des Moulins ; 1 rue d’Argenteuil ; 6 rue du Clos-Georgeau ; 32 rue Saint-Roch. Enfin on a enlevé les dalles des trottoirs du côté impair de la rue des Orties-Saint-Honoré. Les démolitions doivent aller vite, car l’entrepreneur n’a que deux mois pour balayer la place, et cinq mois pour terminer tous les travaux de terrassement.

Au milieu de la poussière, les déménagements continuent. Il y en a eu hier cent soixante-dix-huit. Et ce n’est pas fini. Il y a là des gens qui ne peuvent se résoudre à quitter leur réduit. Ils s’y cramponnent jusqu’au dernier moment, et pareils au capitaine qui abandonne le navire le dernier, ils ne partent que lorsqu’ils sont chassés par les démolisseurs.

Il y a eu hier un fait curieux. Par suite d’une erreur, les locataires de la maison 49, rue Saint-Roch, n’ont pas reçu congé à temps. Ils ont refusé de s’en aller, et les ouvriers qui avaient déjà enlevé les dalles du trottoir ont dû les remettre. Rue d’Argenteuil 5 et 7, les maisons n’ont pas été vendues à l’entrepreneur, qui attendra pour les abattre la fin des pourparlers.

Les ouvriers ont passé la nuit à enlever les terrassements qui terminent la rue Molière, à son débouché sur l’avenue de l’Opéra.

[Le Figaro, jeudi 19 octobre 1876.]