Rue d’Argenteuil, c. 1866

Rue d’Argenteuil, de la rue des Frondeurs. Paris I^er. Circa 1866.

Date : circa 1866
Auteur : Charles Marville (1813-1879)
Format : tirage 2014 d’après négatif restauré numériquement, 27.6 x 30.3 cm
Collection : GDC

Version haute définition : 2600 x 2856 pixels.

Lors du prolongement de la rue de l’Échelle en 1866 (qui va faire disparaître la rue des Frondeurs), l’immeuble que nous voyons au coin à droite va disparaître (c’est le n^o 2 de la rue, également numéroté 5, rue des Frondeurs et 1, rue de l’Évêque).

La plupart des autres maisons de la rue d’Argenteuil vont disparaître en 1876-1877. Tous les pairs sont démolis pour le prolongement de l’avenue de l’Opéra, opération qui entraîne la disparition des rues de l’Évêque, des Orties et des Moineaux. Presque tous les impairs sont démolis peu après, lors de l’opération de nivellement de la rue d’Argenteuil (visant à faire disparaître le relief hérité de la Butte des Moulins, ramenant le niveau de la rue à celui de l’avenue de l’Opéra), et du prolongement de la rue des Pyramides. Aujourd’hui, seuls les n^os 23, 25, 27, 31 et 33 (anciens n^os 49, 51, 53, 59, et 61), du côté de la rue Saint Roch, sont antérieurs à 1877.

Le nivellement de la rue d’Argenteuil a été déclaré d’utilité publique le 27 juin 1876, en même temps que le fut l’achèvement de l’avenue de l’Opéra.

La rue d’Argenteuil abritait la maison de Pierre Corneille, où il mourut le 1^er octobre 1684. Cet immeuble est démoli en 1876. L’auteur vivait non loin de son frère Thomas qui était rue du Clos Georgeau.

Marville ne se trouve pas précisément rue des Frondeurs, mais s’est placé sur un terrain libéré par des immeubles démolis en 1865, entre la rue des Frondeurs et la rue de la Fontaine Molière (n^os 2 et 4, rue des Frondeurs, 1 et 1 bis, rue de la Fontaine Molière). Il a également photographié la rue d’Argenteuil, de la rue des Orties.

ARGENTEUIL (RUE D’). Commence à la rue des Frondeurs, n^os 3 et 5 ; finit à la rue Saint-Roch, n^os 16 et 18. Le dernier impair est 61 ; le dernier pair, 64. Sa longueur est de 286 m. — 2^e arrondissement, quartier du Palais-Royal.

Bâtie sur une partie de l’ancien chemin qui conduisait à Argenteuil, elle en retint la dénomination. Ce chemin se trouvait à droite en sortant de l’ancienne porte Saint-Honoré, qui existait encore vers l’année 1500. — Entre cette voie publique et celles des Moineaux et des Orties, on voyait au dix-septième siècle un marché aux chevaux, qui resta en cet endroit jusqu’en 1667. — Un acte du 12 mars 1564 désigne cet emplacement sous le nom de haute voirie Saincte-Honoré. — Une décision ministérielle du 3 nivôse an X, signée Chaptal, et une ordonnance royale du 4 octobre 1826, ont fixé la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. — Les maisons n^os 47, 49, 51, et de 2 à 28 bis inclus, sont alignées.

On a découvert il y a quelques années la maison où mourut le grand Corneille. Elle porte aujourd’hui le n^o 18. Le propriétaire a fait placer en 1826 au fond de la cour de cette maison une inscription gravée sur une table de marbre noir. Elle apprend que Pierre Corneille y est mort le 1^er octobre 1684. Un buste du célèbre poète est posé au-dessus de l’inscription de la cour, et sur une couronne de lauriers placée un peu plus haut que ce buste, on lit ces mots : « Le Cid. — 1636. » Ce prodigieux génie, qui avait relevé si haut la majesté du cothurne, quelques jours avant sa mort descendait lentement cette rue et s’arrêtait devant l’échoppe d’un savetier pour faire raccommoder sa chaussure !… — Un courtisan, nommé Dangeau, qui s’était enrichi en fréquentant les brelans, ayant appris la mort de Corneille, tira négligemment son calepin de sa poche, crayonna quelques mots, puis bégaya ainsi l’oraison funèbre du grand poète : « Le bonhomme Corneille est mort hier ; il était un des plus habiles de notre temps à faire des comédies. »

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Les matériaux à provenir de la démolition du n^o 2, rue d’Argenteuil, ont été adjugés le 13 septembre 1866. Démolition entre septembre et décembre 1866.

Ci-dessus, détail du “Plan de l’avenue Napoléon III” édité par la ville vers 1867 (service des publications administratives ; Louis Lazare, directeur). Nous voyons le bâti qui demeure après l’ouverture de l’amorce de l’avenue et le prolongement de la rue de l’Échelle. [3000 x 1449 px.]

L’ouverture de l’avenue de l’Opéra est relancée par le décret du président Mac-Mahon du 27 juin 1876.

Les pairs de la rue d’Argenteuil sont expropriés en 1876, en même temps que les maisons des rues de l’Évêque et des Moineaux, rues qui doivent disparaître pour le percement de l’avenue de l’Opéra. Les matériaux à provenir de leur démolition sont adjugés début octobre 1876. Les nouvelles parcelles créées entre la rue d’Argenteuil et l’avenue de l’Opéra sont mises aux enchères par la ville le 21 novembre 1876.

Le “projet complémentaire pour l’assainissement et le nivellement de la Butte-des-Moulins”, comportant le nivellement de la rue d’Argenteuil et “l’ouverture d’une voie nouvelle de 20 mètres de largeur, entre l’avenue de l’Opéra et la rue Saint-Honoré, en prolongement de la rue des Pyramides”, est rendu public le 18 novembre 1876.

Le plan parcellaire des propriétés à exproprier est publié le 3 mars 1877. Le 20 mars 1877, sont déclarées cessibles immédiatement les propriétés aux n^os 9, 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23, 25, 29, 31, 33, 35, 37, 39, 41, 43, 45, 47, 49, 51, rue d’Argenteuil. Démolitions en juillet-août 1877.

Datation : probablement vers juin-juillet 1866.

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N^o 91	Rue d’Argenteuil, de la rue des Frondeurs. Vers 1866.
	State Library of Victoria	Musée Carnavalet	BHVP (négatif)
	—	CARPH000473	NV-004-C-0376
	—	27.6 x 29.3	28.8 x 37.9
	—	1865-1868	vers 1866