Bruno Braquehais (1823-1875), biographie

Braquehais

[Bruno et Laure Braquehais. Étude de nu. Daguerréotypes colorisés. Circa 1855. BNF.]

Bruno Auguste Braquehais est né à Dieppe en janvier 1823. Sourd de naissance, il est envoyé à l’Institut Royal des Sourds-Muets à Paris. Il est par la suite apprenti dans un atelier de lithographie à Caen (Calvados).

Il retourne à Paris en 1850 où il rencontre le photographe Alexis Gouin (c. 1799-1855) qu’il assiste dans la réalisation de portraits et d’images érotiques, souvent en stéréoscopie, et colorisées.

En 1851, Bruno Braquehais apparaît dans le Bottin comme photographe. En 1852, il collabore avec la fille de Gouin, Laure Mathilde, qui est également photographe et coloriste pour son père. La même année, il installe son propre studio au 110, rue de Richelieu.

Braquehais

[Bruno Braquehais. “Mademoiselle Hamely. Étude de nu à la Vénus de Milo.” Circa 1853. Collection particulière.]

Un artiste dont nous avons déjà cité le nom, M. Braquehais, a fait une série d’études d’après nature, qui nous paraissent remplir les conditions dont nous venons de faire un exposé rapide. Ses clichés sont sur verre collodionné, ses positifs sur papier albuminé. Il est impossible de manier le collodion avec plus d’habileté. Ces épreuves sont d’une limpidité extrême. Les lignes sont délicatement accusées, sans être dures ; les tons ont une grande transparence, unie à une vigueur remarquable; le modelé est à la fois ferme et moelleux; les lumières, habilement ménagées, donnent un relief saisissant aux formes, dont elles font comprendre les moindres détails. M. Braquehais a eu l’heureuse idée d’arranger, auprès de ses modèles, des draperies un peu sombres qui font repoussoir et qui peuvent elles-mêmes servir d’études. Seulement nous regrettons de voir figurer, dans toutes ses épreuves, une Vénus de plâtre qui distrait l’oeil et dont le ton lumineux nuit singulièrement à l’effet général. Sauf cet accessoire inutile, ses épreuves sont les plus belles, les plus complètes, que nous ayons vues dans ce genre.

[Ernest Lacan. La Lumière. 16 septembre 1854.]

En 1856, il épouse Laure Gouin et le couple reprend le studio d’Alexis Gouin — celui-ci vient de mourir d’une attaque cérébrale — situé au 37, rue Louis Le Grand. Comme son beau-père, Bruno pratique le portait et les nus féminins, au collodion humide et en daguerréotypes colorisés par son épouse.

Après le décès de sa belle-mère en 1863, Bruno Braquehais déménage avec sa femme au 11, boulevard des Italiens, à l’enseigne La Photographie parisienne.

En 1864, Braquehais et le photographe Despaquis montrent à la Société française de photographie un procédé de tirage au charbon qui est favorablement accueilli. Despaquis rejoint le studio du boulevard des Italiens.

Braquehais participe à différentes expositions de l’époque, comme l’Exposition universelle de 1867 à Paris où il obtient une mention honorable.

Pendant la Commune de Paris en 1871, Bruno Braquehais va faire de son propre chef un travail de « photo-reportage » sur les événements. Il réalise en tout environ 150 négatifs.

Ses photographies se distinguent de celles de ses homologues restés à Paris, car même s’il immortalise les ruines comme les autres, il s’intéresse aussi beaucoup aux gens et produit parmi les plus intéressants portraits de soldats fédérés sur les barricades. Son handicap ne semble lui avoir dressé aucune barrière, et au contraire, peut-être une certaine bienveillance de la part des sujets qui acceptent de poser pour lui. Il photographiera les deux côtés du conflit, c’est ainsi qu’il prend de très exceptionnelles photos des unités de cavalerie versaillaise stationnées au jardin des Tuileries.

Il nous laisse le corpus de photographies le plus signifiant et humain sur cette période et il est parfois vu comme un précurseur français du photojournalisme, dans la lignée d’un Roger Fenton.

La fin de sa vie n’est pas des plus gaies : Bruno Braquehais fait faillite en 1873 et est condamné à la prison pour abus de confiance. Le 21 octobre 1874, le jugement de séparation de corps et biens, à la demande de sa femme, est prononcé (domicile du mari : 9, rue Sainte-Appoline). Enfermé 13 mois à la prison de Mazas, il décède peu après sa libération en février 1875, à La Celle-Saint-Cloud.

Braquehais

[Bruno Braquehais. Soldats versaillais sur la terrasse du bord de l’eau, jardin des Tuileries. Mai 1871. Musée Carnavalet.]

John Hannavy. Encyclopedia of Nineteenth-Century Photography. Routledge, New York, 2013.

  • 1. Le 3 juillet 2014,
    Legal

    Bonjour,
    Est-il possible de savoir si Bruno Braquehais a eu des apprentis dans son atelier ? Il semble que d'autres sourds aient imité Braquehais et soient également devenus photographes.
    Autre question: le couple Braquehais a-t-il eu des enfants ?
    Merci.

  • 2. Le 3 juillet 2014,
    Vergue

    Braquehais n'a pas eu d'enfant à ma connaissance.

    Le choix d'enseignements professionnels à l'Institut des Sourds-Muets était assez limité dans les années 1860-70 : jardinier, cordonnier, menuisier, lithographe, tourneur, relieur et sculpteur sur bois. Il n'est pas impossible que Braquehais ait pris de jeunes sourds en apprentissage, tout comme il est possible que de jeunes formés à la lithographie aient suivi d'eux-mêmes le même parcours que Braquehais. Il y avait une certaine porosité entre le métier de lithographe (ou de de graveur comme Marville) et la photographie. La photo étant perçue comme l'avenir de ces technologies.

    Cordialement.

  • 3. Le 26 juillet 2014,
    Legal

    Merci de vos renseignements. Vous semblez avoir une bonne connaissance de l'Institut des Sourds-Muets de Paris ?
    Auriez-vous des portraits de Braquehais, de son épouse et d'Alexis Gouin ? Si oui pouvez-vous les mettre à ma disposition Svp ?
    Cordialement.

  • 4. Le 23 mai 2015,
    Taveira

    Bonjour,
    j'aimerai chercher trouver la tombe de Bruno Branquehais, il décède à
    La Celle -Saint- Cloud en 1875, j'ai demandé une conservatrice de cimetière de Celle Saint Cloud , elle n'a, en revanché, trouvé aucune trace d'une éventuelle inhumation dans les cimetières à ce nom là.
    Avez vous trouvé la tombe dans quel cimetière !
    Cordialement

  • 5. Le 23 mai 2015,
    Vergue

    Je suis navré, mais je n'ai pas cette information.