Candélabre modèle Oudry, c. 1870
Candélabre à lanterne ronde, modèle Oudry. Angle des rues de Rivoli et Saint-Florentin. Paris VIIIe. Circa 1870.
- Date : circa 1870
- Auteur : Charles Marville (1813-1879)
- Support : tirage sur papier albuminé, 26.5 x 35.5 cm
- Collection : State Library of Victoria
Version haute définition : 2400 x 3218 pixels.
De la “Collection des appareils d’éclairage au gaz établis sur la voie publique”, 1878.
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La maison Oudry était un atelier de galvanoplastie fondé en 1854 à Auteuil par Léopold Oudry, découvreur d’une technique de cuivrage de la fonte.
L’invention de M. Oudry, tout excellente qu’elle fut, aurait mis un temps considérable à faire son chemin dans le monde, si cet insaisissable concours de circonstances que nous appelons le bonheur, et qui préside aux destinées des inventions comme à celles des hommes, n’était venu un jour le favoriser d’un sourire.
Dans cette rénovation magique à laquelle la ville de Paris était alors soumise, on avait décidé d’orner les places publiques et les promenades, de diverses pièces monumentales de fonte, telles que fontaines, candélabres à gaz, poteaux indicateurs des routes, etc. Mais il fallait préserver de toute altération ces pièces métalliques, exposées nécessairement aux influences atmosphériques, tout en leur donnant cette couleur de bronze consacrée par le goût et par l’usage. Un ingénieur de la ville, M. Darcel, était au courant des nouveaux procédés de cuivrage industriel par la pile, que venait d’imaginer M. Oudry. Il les communiqua à M. Alphand.
M. Alphand n’est pas seulement ingénieur en chef des ponts-et-chaussées de la ville de Paris, directeur de la voie publique et des promenades ; il est encore un artiste plein d’imagination et de goût, comme l’ont prouvé suffisamment la transformation du bois de Boulogne, les paysages des Buttes-Chaumont, la féerique place du roi de Rome, au Trocadéro, etc. Quand il eut connaissance des procédés de M. Oudry, M. Alphand se hâta de les soumettre au Préfet de la Seine. M. Haussmann comprit rapidement tout le parti qu’on pourrait tirer de ce système nouveau, pour l’embellissement et la conservation des fontaines monumentales et des candélabres publics.
Une commission de douze membres, choisie dans le Conseil municipal, fut chargée d’une enquête sur la valeur des procédés découverts et de leurs applications. À la suite de cette enquête, le Conseil municipal, sur le rapport de Pelouze, membre de l’Académie des sciences, émit un vote favorable, et M. Oudry obtint la commande du cuivrage galvanique de tous les objets et monuments de fonte de la ville de Paris.
M. Oudry donna alors un grand développement à son industrie. Il établit à Auteuil son usine électrochimique, dans laquelle furent exécutées successivement les commandes faites par la ville de Paris. En 1856, on confiait à M. Oudry l’exécution des poteaux indicateurs du bois de Boulogne ; en 1857, la fontaine de Vénus, aux Champs-Élysées, et en 1858, la fontaine de Diane. En 1859, M. Oudry cuivrait l’élégante fontaine de la place Louvois, ainsi que plusieurs grands candélabres du rond-point de l’Arc de triomphe de l’Étoile. En 1860, il cuivrait les fontaines des Quatre-Saisons dans les massifs des Champs-Élysées, et il terminait les 140 grands candélabres qui entourent l’Arc de triomphe de l’Étoile.
En 1861, il exécuta un véritable tour de force, le revêtement des deux fontaines de la place de la Concorde, ces vasques énormes, ces statues, plus grandes que nature, qui suffisent à prouver ce que peut accomplir le cuivrage électrochimique. Plus tard, M. Oudry complétait la décoration de la place de la Concorde, par le cuivrage de ses 20 colonnes rostrales et des 276 grands candélabres, tant de cette place que de l’avenue principale des Champs-Élysées. Enfin, il exécutait le cuivrage de tous les nouveaux candélabres dont se compose l’éclairage actuel de Paris.
L’usine de M. Oudry a été également chargée de la reproduction, par la galvanoplastie, de plusieurs groupes décoratifs, destinés au nouvel Opéra, et de la fourniture complète, fonte, ajustage et cuivrage, de toutes les pièces d’ornement destinées aux fenêtres et arcades du même monument.
[Louis Figuier. Les merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes. Furne, Jouvet et cie. Paris, 1868.]
Le tirage du musée Carnavalet porte le tampon sec “Photographe du Musée impérial du Louvre”, la photo date donc d’avant 1871.
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No E01 | Candélabre à lanterne ronde, modèle Oudry. Angle Rivoli et Saint-Florentin. Avant 1871. | ||
State Library of Victoria H2011.78/1 | Musée Carnavalet CARPH001635 | BHVP (négatif) NV-004-C-0113 |
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Voir aussi :
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Auteur(s) de la notice : Laurent Gloaguen.
Publié initialement le mardi 4 mars 2014.
Dernière mise à jour le mardi 5 janvier 2016.
Article classé dans : Charles Marville > Éclairage public.
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