Construction de l’Opéra, mai 1864

Louis-Émile Durandelle : construction de l’Opéra, mai 1864

Construction de l’Opéra. Paris IXe. 14 mai 1864.

Version haute définition : 4108 x 3000 pixels.

La structure ronde en fer est le plafond du vestibule circulaire qui porte le plancher du parterre de la salle.

Les grosses colonnes creuses en fonte, de 50 cm de diamètre, que vous pouvez voir par paires sur le pourtour, forment la structure portante de la salle et vont s’élever jusqu’aux combles du toit. Elles sont accouplées à d’autres tubes de fonte de moindre diamètre (20 cm et 16 cm) qui montent moins haut.

Ces “piles” faites de tubes de fonte supportent une énorme masse :

Or, le poids total que ces piles devaient soutenir était considérable. Je ne l’ai pas en ce moment présent à la mémoire ; mais peu importe ; on se rendra compte de son importance, en songeant que le poids à supporter se compose des éléments suivants :

La moitié du poids de tous les planchers des loges et de l’amphithéâtre du cintre ; la moitié du poids des planchers des corridors autour de la salle à six étages, le tout supposé rempli de spectateurs ou de promeneurs ; le grand mur en pierre extérieur de la grande coupole centrale, ayant une hauteur moyenne de 10 mètres ; le grand plancher circulaire reposant sur cette construction et ayant 30 mètres de diamètre ; ledit plancher devant supporter lui-même les conduits de ventilation en tôle, la cheminée centrale du lustre, le lustre et tous ses engins de fonctionnement, y compris le contre-poids, les cloisons de séparation des prises d’air frais établies dans les œils de bœuf du mur circulaire, la coupole en cuivre de la salle, suspendue à ce plancher ; les voussures et voûtes de la salle suspendues de même, divers services d’incendie et de canalisation du gaz, des escaliers de communication, et d’autres choses encore ; enfin les piles devaient aussi supporter une partie des combles au droit des corridors et le grand comble du couronnement de la salle, avec ses armatures, sa lanterne de métal ; la couverture, avec ses chemins de service, et le poids des neiges qui pouvaient s’y accumuler (ce qui s’est présenté cet hiver.) Ajoutez à cela les surcharges accidentelles fréquentes à l’Opéra les jours de bal ou de grandes fêtes, le poids des piles elles-mêmes ainsi que celui des traverses supérieures, et vous reconnaîtrez tout de suite que la pression exercée sur les piles de support devait être énorme, puisque leur surface et leur nombre étaient limités.

[Charles Garnier. Le nouvel Opéra de Paris. Volume 2. Ducher, Paris, 1881.]

[Tirage de la collection d’Eugène de Vinck (1824-1889).]

Position estimée

Voir aussi :

L’Opéra de Paris
L’Opéra de Paris

  • 1. Le 28 février 2014,
    grégory

    C'est drôle, j'avais toujours cru que les ensembles d'immeubles haussmanniens entourant l'opéra avaient été construits après celui-ci...

  • 2. Le 28 février 2014,
    Vergue

    Construire un opéra de cette taille prend plus de temps que de construire un hôtel ou un immeuble de rapport. Ainsi le Grand Hôtel, que l'on voit sur la photo, a été commencé en même temps que l'Opéra en 1861 mais a été terminé dès l'année suivante.

  • 3. Le 1 mars 2014,
    grégory

    Mais ces immeubles ont donc été dessinés et construits pour faire partie d'un ensemble dont l'opéra était destiné à être le centre?

  • 4. Le 1 mars 2014,
    Vergue

    Oui, mais il y a eu un couac :

    Les immeubles de rapport et les tracés de voies étaient de la responsabilité du baron Haussmann, et, alors que les plans de l'Opéra étaient déjà arrêtés, le préfet a décidé d'augmenter la hauteur des immeubles. Charles Garnier a dû ainsi rajouter un attique qui n'était pas prévu, pour que son palais ne paraisse pas écrasé par son environnement. Je trouve que la façade de l'Opéra aurait été bien plus gracieuse sans cet attique.

    En outre, l'administration Haussmann a refusé toutes les demandes de Garnier de modifier la forme de la parcelle dévolue à l'Opéra. On ne peut pas dire qu'il y ait eu une excellente collaboration sur ce projet…

  • 5. Le 2 mars 2014,
    grégory

    Haussmann n'était pas surnommé "Attila" pour rien!...