Rue des Saint Pères, c. 1877

Coin des rues Saint Dominique et des Saint Pères. Paris VI et VIIe. Circa 1877.

Date : circa 1877
Auteur : Charles Marville (1813-1879)
Support : tirage sur papier albuminé, 25.4 x 26 cm
Collection : State Library of Victoria

Version haute définition : 2523 x 2600 pixels.

Nous sommes rue des Saint Pères, en direction du sud, au carrefour avec les rues Saint Dominique (à droite) et Taranne (à gauche). Marville se trouve devant la chapelle de l’hôpital de la Charité (aujourd’hui cathédrale grecque-catholique ukrainienne Saint Vladimir-le-Grand).

La rue Taranne et une bonne partie de la rue Saint Dominique ont disparu en 1877 lors du percement du boulevard Saint Germain.

Le prolongement du boulevard Saint Germain entre le boulevard Saint Michel et le quai d’Orsay a été déclaré d’utilité publique par décret du 28 juillet 1866. La partie entre le quai d’Orsay et la rue de Bellechasse sera achevée en 1870, mais il faudra attendre 1877 pour que le prolongement se poursuive jusqu’à la rue de Rennes.

Nous voyons des affiches faisant la publicité d’une adjudication de matériaux, probablement à provenir de démolitions locales. Une banderole signale “Expropriation - Liquidation de toutes les marchandises” sur le magasin Courtois. Cette maison (46, rue des Saint Pères et 1, rue Saint Dominique), appartenant à M. Courtois, a été expropriée par arrêté du 26 septembre 1876 et devait être livrée libre de tout occupant pour le 15 avril 1877. Elle est démolie entre fin avril et juillet 1877.

Le dernier immeuble de la rue Taranne sera démoli le dimanche 5 août 1877 (cf. La Presse, 3 août 1877).

Le 11 septembre 1877, devant l’ancien 27 de la rue Taranne (l’immeuble que nous voyons à gauche sur la photo), les terrassiers ont commencé à découvrir de grandes quantités d’ossements, probablement des vestiges de l’ancien cimetière de Saint Pierre (les Saint Pères sont une déformation de Saint Pierre). Ce cimetière avait été créé pour l’inhumation de pestiférés au milieu du XIII^e siècle, puis était devenu un cimetière protestant de 1576 à 1604, et avait finalement disparu au profit de constructions au cours du XVIII^e.

Au fond à droite, nous apercevons la majestueuse arche du portail d’entrée de l’hôtel de Cavoye (ou Cavoie, 52, rue des Saint Pères), future résidence d’un certain Bernard Tapie.

Position de Marville. [1600 x 1000 px.]

Cette photo a été prise à la même époque que celle du coin de la rue Saint Dominique et de la rue du Bac, où figure une banderole “Pour cause d’expropriation au 15 avril prochain, la Maison Dardenne sera transférée rue Bonaparte, n^o 27”. Comme nous l’avons dit plus haut, la préfecture a fixé l’évacuation des immeubles touchés par le prolongement au 15 avril 1877. La banderole de “liquidation” de la maison Courtois sur notre photographie signifie un départ imminent. Cette photographie date vraisemblablement de février-avril 1877.

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Références. Carnavalet, tirage CARPH000960 (numéroté 571) [daté 1871-1878]. BHVP, négatif verre au collodion, 28.9 x 37.9 cm, NV-004-C-0409 [daté c. 1874].

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