Rue de Breteuil, 1866
Rue de Breteuil, de la rue Vaucanson. Paris IIIe. 1866.
- Date : 1866
- Auteur : Charles Marville (1813-1879)
- Format : tirage 2014 d’après négatif restauré numériquement, 26.4 x 32 cm
- Collection : GDC
Version haute définition : 2600 x 3154 pixels.
Marville se trouve rue Vaucanson. La rue de Breteuil, aujourd’hui disparue, était une petite rue en équerre longeant le chevet de l’église Saint Martin des Champs, entre la rue Réaumur et la rue Vaucanson.
La photo date de février ou mars 1866, à l’époque du percement de la rue de Turbigo et du prolongement de la rue Réaumur jusqu’à la rue du Temple. On voit au fond une affiche de Barbe-Bleue (opéra-bouffe en trois actes et quatre tableaux, paroles de Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de Jacques Offenbach) qui a été créé au théâtre des Variétés le 5 février 1866, ainsi qu’une affiche de vente de propriété indiquant le 15 mars.
[Ci-dessus, vers 1830 : l’église Saint Martin des Champs était alors complètement enchâssée dans des constructions.]
En 1866, la rue est amputée lors de l’élargissement de la rue Réaumur (anciennement rue Royale Saint Martin).
En 1884, ce qui reste de la rue de Breteuil est rebaptisé rue du Général Morin (mathématicien, ancien directeur du Conservatoire des Arts et Métiers).
[Ci-dessus, la situation à la fin du XIXe siècle : il reste les nos 1, rue Vaucanson, et 6-8, rue du Général Morin, qui n’ont pas été démolis.]
En 1896, le dégagement complet du chevet de l’église est demandé par le Conseil municipal. Mais les négociations financières entre la Ville et l’État, via le préfet de la Seine, sont difficiles : la question est relancée en 1899, en 1900, en 1901, en 1902… notamment avec ardeur par le conseiller municipal du quartier des Arts et métiers, Édouard-Maximilien Dubuc (qui est par ailleurs le président de l’association Jeunesse antisémitique de France fondée en 1896, futur Parti National Antijuif).
En 1904, une pétition d’habitants et commerçants des rues de Turbigo et Réaumur, demandant un square à la place de la ruelle et de ses immeubles vétustes, est présentée au Conseil municipal. En 1906, une nouvelle pétition contre la “tache lépreuse qui déshonore le quartier” est déposée.
En 1908, Charles Tantet, conseiller municipal du quartier, n’a pas de mots trop forts : “un cloaque immonde, véritable foyer pestilentiel, autour duquel règnent des baraques informes du plus fâcheux effet”. Mais le Conseil a beau voter à l’unanimité des résolutions chaque année, le dossier n’avance pas. (Voir photographie en 1913.)
En 1914, le Conseil se lamente qu’il ne se passe toujours rien malgré une convention signée entre la Ville et l’État en 1912, et malgré le fait que la Ville ait déjà acquis en 1913 les immeubles des nos 6 et 8 de la rue du Général-Morin. La Grande Guerre met le dossier déjà froid au congélateur. En 1922, un avenant est ajouté à la convention de 1912 et ces textes sont approuvés par la loi du 17 janvier 1923.
En 1927, la Ville se décide enfin à expulser la vingtaine de locataires des immeubles des nos 6 et 8 qu’elle possède. En 1930, il est prévu de garder le nom de Général Morin au jardinet planté d’arbres qui va remplacer la rue du même nom. En 1932, le no 1 de la rue de Vaucanson a été détruit, mais il reste encore, au 6-8 de la rue du Général Morin, huit locataires et un commerçant, ce dernier ayant fait appel de l’ordonnance d’expulsion.
La rue disparaît enfin en 1933 pour laisser place au square que l’on connaît aujourd’hui. Force est de constater que les choses allaient considérablement plus vite avec Napoléon III et le baron Haussmann.
BRETEUIL (RUE DE). Commence à la rue Réaumur, nos 20 et 22 ; finit aux rues Vaucanson, no 1, et Conté, no 9. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 8. Sa longueur est de 59 m. — 6e arrondissement, quartier Saint-Martin-des-Champs.
Elle a été ouverte vers 1780, sur les terrains dépendant du prieuré de Saint-Martin-des-Champs. Cette rue doit sa dénomination à M. Élisabeth-Théodore le Tonnelier de Breteuil, prêtre du diocèse de Paris et prieur commendataire du prieuré de Saint-Martin-des-Champs. — Une décision ministérielle du 3 décembre 1814, signée l’abbé de Montesquiou, fixa la largeur de cette voie publique à 6 m. En vertu d’une ordonnance royale du 14 janvier 1829, la moindre largeur de la rue de Breteuil devra être portée à 7 m. Il résulte de l’alignement arrêté que l’impasse Saint-Martin sera confondue dans la rue de Breteuil lors de la démolition de la maison no 22 de la rue Réaumur. Les maisons nos 15, 6 et 8 ne sont pas soumises à retranchement.
[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]
Datation de la prise de vue : vers mars 1866.
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No 126 | Rue de Breteuil, de la rue Vaucanson. Vers mars 1866. | ||
State Library of Victoria | Musée Carnavalet | BHVP (négatif) | |
H88.19/32 | CARPH000565 | NV-004-C-0214 | |
24.8 x 26.8 | 27.4 x 31 | 28.8 x 37.8 | |
vers 1877 | 1865-1868 | 1866 |
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- Support : tirage sur papier albuminé (vers 1877), 24.8 x 26.8 cm
- Collection : State Library of Victoria
Version haute définition : 2200 x 2520 pixels.
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Voir également :
Auteur(s) de la notice : Laurent Gloaguen.
Publié initialement le samedi 23 novembre 2013.
Dernière mise à jour le lundi 15 juin 2015.
Article classé dans : Charles Marville > Vues du Vieux Paris.
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