Pont du Carrousel, c. 1859

Le Gray : pont du Carrousel

Le pont du Carrousel. Paris. Circa 1859.

Version haute définition : 6498 x 3000 pixels.

Le pont du Carrousel, dit “pont des Saint-Pères”.

Pont en fonte et bois d’Antoine Rémy Polonceau (1778-1847), décidé par ordonnance royale du 11 octobre 1831, construit de 1833 à 1834 dans un délai record de quatorze mois. Il est inauguré le 30 octobre 1834 par le roi Louis-Philippe.

Jugé en 1930 trop étroit pour la circulation (chaussée de 7 m) et d’une hauteur insuffisante pour la navigation en période de crues, il est démoli en 1937, juste après l’ouverture à la circulation du nouveau pont qui était en construction à son côté, le mercredi 29 septembre 1937 (ouverture de la moitié de la chaussée, cf. Le Matin du 30 septembre 1937, p. 9). À la suite des protestations et à une pétition de 1932, relayées par la Commission du Vieux Paris, les quatre statues qui ornent les entrées du pont, œuvres de Louis Petitot (1794-1862), sont toutefois conservées.

À Strasbourg, on peut encore voir un pont de Polonceau, le pont Saint-Thomas (1841). Le pont du Carrousel fut aussi beaucoup copié, comme en témoignent encore le pont Isabelle II construit de 1845 à 1852, qui enjambe le Guadalquivir à Séville, et le petit pont de Bourguignon-les-Conflans (1849) en Haute-Saône, qui enjambe la Lanterne (affluent de la Saône).

Les anneaux caractéristiques des tympans avaient été inspirés à Polonceau par le pont de Wearmouth (1796, Sunderland, Tyne and Wear). Ils sont de taille décroissante de 4 m à 30 cm, mais non contigus comme sur le pont anglais. Les arches ont une âme en bois (poutres en “lamellé-collé”, pin du Nord bituminé) et sont garnies de demi-cylindres en fonte formant tube une fois assemblés, les espaces vides entre l’armature en bois et la fonte étant remplis de bitume. Les coulées sombres que l’ont voit sur la photographie, à quelques endroits sur les arches du pont, proviennent de défauts de joints qui provoquent des fuites de bitume liquéfié pendant les plus chaudes journées d’été. Le tablier est en bois bituminé et la chaussée est faite de 20 cm de macadam à trois couches. Les trottoirs sont en carreaux de terre cuite recouverts de bitume.

Les pièces en fonte ont été faites par les forges de Fourchambault (arcs et entretoises) et la fonderie de Chaillot (tympans et balustrades).

Le pont du Carrousel fut à péage jusqu’en 1850, la ville ayant alors mis fin à la concession qui devait courir jusqu’en 1867 en achetant le pont.

Vous pouvez noter sur cette photographie “panoramique” qui fourmille de détails, de gauche à droite : l’inscription “quai Malaquais” sur la lanterne du candélabre, les bouquinistes sur le même quai, les barrières défendant aux gens de monter sur les arches du pont, le grand bâtiment de la Cour des comptes (incendié et démoli en 1871), le grand bateau-lavoir au premier plan, le Palais de l’Industrie (exposition de 1855) et l’Arc de triomphe dans le lointain, les bateaux à roues, les bâtiments des “Bateaux à vapeur, Paris et Londres” sur le port Saint-Nicolas encombré de tonneaux, les socles des statues qui servaient jusqu’en 1850 de guichets de péage, les colonnes Rambuteau (urinoirs en forme de quilles).

Tout ce que nous voyons du palais de Louvre sur cette photo sera démoli plus tard (lors de la seconde tranche des travaux du nouveau Louvre de 1861 à 1868, Hector Lefuel architecte).

Gustave Le Gray se trouve sur le pont des Arts.

[Ancienne collection Paul Blondel (1855-1924).]

Le Gray : pont du Carrousel

Version non recadrée.

Version haute définition : 3000 x 2364 pixels.

Position estimée