Maurice de Rothschild, Grand Prix de Paris, 1914

Maurice de Rothschild, 1914

M. Maurice de Rothschild, propriétaire de “Sardanapale”. Dimanche 28 juin 1914.

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Le baron de Rothschild a de quoi être heureux, son cheval Sardanapale a gagné le Grand Prix de Paris ce beau dimanche de juin 1914.

Il sait aussi qu’un événement important s’est produit il y a quelques heures dans les Balkans, mais il ignore que cela va provoquer, par une cascade d’ententes et de traités, une guerre longue et massive qui bouleversera la face du monde.

À cette époque, la course du Grand Prix de Paris à Longchamp était l’événement mondain et hippique de l’année. L’édition de 1914 offre rétrospectivement le spectacle d’une société qui allait d’une certaine manière disparaître, ou tout du moins ressortir profondément transformée de la Grande Guerre. La concomitance avec l’attentat de Sarajevo ajoute au symbole. Mais pour presque toute l’assistance, ce ne fut qu’une superbe journée.

Ce jour-là, vers 14 h 30, M. Romanet, secrétaire de la Societé d’encouragement, recevait à Longchamp une communication téléphonique de l’ambassade d’Autriche qui lui annonçait que l’archiduc héritier venait d’être assassiné à Sarajevo. L’ambassade le priait d’aller prévenir dès qu’ils arriveraient le président de la République et le comte de Szécsen de Temerin, ambassadeur de Sa Majesté Impériale François-Joseph. La nouvelle allait rapidement bruisser dans les tribunes. Sur la pelouse, on s’intéressait plus aux pronostics et aux bons tuyaux qui circulaient bon train.

À 14 h 50. L’ambassadeur d’Autriche quittait l’hippodrome immédiatement après qu’on lui ait communiqué l’information.

À 15 h 20, le président Poincaré arrivait à la tribune d’honneur après être passé au pesage, sous les vivats de la foule.

À 16 h 03, Sardanapale, monté par le jockey George Stern, gagnait les 358 100 francs du Grand Prix, battant d’une encolure son rival La Farina en 3 minutes, 11 secondes et 3 cinquièmes, au terme d’une course de 3000 m disputée par 58 partants.

À 16 h 40, le président quittait l’hippodrome après avoir félicité M. de Rothschild. Les chroniqueurs de presse furent unanimes le lendemain : un magnifique Grand Prix qui allait faire date dans l’histoire hippique.

Maurice de Rothschild, Sardanapale et George Stern

[Dessin de Jean-Marie-Michel Liébaux dit Mich (1881-1923), Figaro du 29 juin 1914.]

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