Vue de la Seine, 1856

Le Gray : Vue de la Seine, 1856

Vue de la Seine depuis le Vert Galant. 1856.

Version haute définition : 3440 x 2600 pixels.

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L’une des premières mesures du prince-président Louis-Napoléon, après le coup d’État du 2 décembre 1851, est de relancer le vieux projet de réunir les Tuileries au Louvre sur le côté nord (rue de Rivoli). Avant le coup d’État, l’Assemblée nationale était bien disposée à la restauration du Palais mais s’opposait à toute nouvelle construction.

L’architecte Louis Visconti, qui avait déjà étudié le projet en 1848-49, est chargé de produire des plans au plus vite, plans qu’il présente dès février 1852.

Sans perdre de temps, Haussmann est chargé, à sa grande joie, de détruire tous les immeubles qui font obstacle au projet, et la première pierre est posée le 25 juillet 1852. Plus de 3000 ouvriers sont mobilisés sur le chantier.

Visconti meurt en décembre 1853, ce qui n’interrompt pas le chantier. En janvier 1855, Hector Lefuel sera nommé officiellement à sa place, architecte en chef des travaux de la Réunion des Tuileries au Louvre.

Le gros œuvre est achevé et inauguré le 14 août 1857 (soit environ un an après la photo que nous regardons), mais il reste la statuaire et les décors intérieurs à terminer. Ces travaux décoratifs s’étalent de 1854 à 1862.

En 1861, une seconde phase de travaux est lancée, notamment en raison de l’affaissement de l’ancien pavillon de Flore. Celui-ci est détruit, ainsi que la moitié de la Galerie du bord-de-l’eau entre le pavillon de Flore et le pavillon Lesdiguières (la section de Jacques II Androuet du Cerceau).

Lefuel créera ainsi les guichets du Louvre, l’unique et petit guichet du pavillon de Lesdiguières étant jugé insuffisant à la circulation. La galerie à l’ouest des nouveaux guichets est refaite avec des façades dans le style de la section qui demeure à l’est (dessinée par Louis Métezeau).

Dans cette frénésie bâtisseuse, Napoléon III aura vécu presque tout son règne dans un chantier permanent.

Cette magnifique photographie de Gustave Le Gray nous donne une vue de l’état du Louvre un peu avant la fin du chantier Visconti-Lefuel de 1852-1857, avant la seconde phase de travaux de 1861-1868.

Nous voyons donc l’ancien pavillon de Flore de 1595, qui était d’une facture plus sobre que le nouveau.

En face de l’ancien pont du Carrousel (en fonte et en bois, 1834, reconstruit en béton et pierre en 1936-39), il y a l’unique guichet du pavillon Lesdiguières. Tout ce que vous voyez au-delà de ce guichet a été démoli en 1861-62 : la galerie d’Androuet du Cerceau et le pavillon de Flore.

Les échafaudages sont sur les façades de la galerie de Métezeau qu’on est en train de restaurer.

Les toits proéminents qui dépassent derrière sont ceux des pavillons (de gauche à droite) Mollien, Denon et Daru (Visconti-Lefuel, 1852-1857).

Derrière le pavillon de Flore, nous devinons l’immense Palais de l’Industrie de l’exposition universelle de 1855 et nous discernons un morceau de l’Arc de triomphe.

Au premier plan, c’est le square du Vert-Galant et la partie supérieure de la statue équestre d’Henri IV (1818). À gauche, il y a l’écluse de la Monnaie (1838-1923) le long du quai de Conti.

Enfin, élément principal et structurant de cette photographie, nous avons l’ancien pont des Arts (1804) à huit arches, démoli en 1980, et remplacé par une version à sept arches (1984) de l’architecte Louis Gerald Arretche.

Position estimée