Marché aux veaux, 1868

Marville : Marché aux veaux

Marché aux veaux, de la rue de Pontoise. Paris Ve. 1868.

Version haute définition : 3347 x 2400 pixels.

Marville se trouve rue de Pontoise, non loin du quai de la Tournelle, et photographie en direction de la Halle aux veaux. À gauche, c’est le débouché de la place du Marché aux Veaux. Nous voyons le boulevard Saint Germain, nouvellement percé et planté de marronniers, qui passe derrière le marché. À droite, sur la rue de Pontoise, les deux lanternes sur console signalent l’entrée de la fourrière de la Préfecture de police ; la sorte de halle à grande arche en fait partie 1. 1. La fourrière est démolie en 1932 pour laisser place à la piscine Pontoise (1934, architecte Lucien Pollet). Après la fourrière, on distingue l’école primaire de la rue de Pontoise 2. 2. Reconstruite en 1910-1911. Architecte Jacques Marcel Auburtin (1872-1926).

La Halle aux veaux est construite en 1773-1774 à l’initiative d’un groupe de spéculateurs immobiliers, avec l’aval du roi, sur un enclos vendu par les Bernardins. Elle vient en remplacement du Marché aux veaux qui se trouvait depuis 1646 au quai des Ormes (partie des actuels quais de l’Hôtel de Ville et des Célestins). Les travaux sont confiés à l’architecte Nicolas Lenoir, dit le Romain (1733-1810), qui faisait partie des investisseurs initiaux. La halle est ouverte le 28 mars 1774.

Après le déménagement en 1865 du Marché aux veaux et vaches grasses aux abattoirs de la Villette, l’ancienne halle abrite encore le Marché aux vieux linges avant d’être démolie en mai-juin 1868 3. 3. Matériaux à provenir de la démolition adjugés le 17 avril 1868. Le Marché au vieux linge et à la ferraille est transféré le 4 mai rue Monge et rue de la Clef, près la rue Lacépède. La démolition de la halle est achevée début juillet, cf. L’Univers, no 437, 4 juillet 1868. Cette démolition permettra le lotissement des pairs du boulevard Saint Germain entre les rues de Pontoise et de Poissy. Ce qui reste de la place du Marché aux Veaux est nommé rue Cochin en 1875 4. 4. Décret du 10 février 1875.

Nous voyons sur la photographie que le démolisseur, Lachet et Compagnie, vient d’investir les lieux et de commencer son ouvrage, ce qui permet de dater ce cliché de mai 1868.

La plaque de marbre noir au-dessus de la porte se lisait comme suit 5 : 5. Ferdinand de Guilhermy et Robert de Lasteyrie. Inscriptions de la France du Ve siècle au XVIIIe, tome V. Paris, Imprimerie nationale, 1883.

L’EMPLACEMENT DE CE MARCHÉ
QUI MANQUOIT À LA CAPITALE A ÉTÉ FOURNI
PAR UNE COMPAGNIE DE CITOYENS,
ET LA HALLE CONSTRUITE À LEURS FRAIS
EN VERTU DES LETTRES PATENTES DU ROY,
SOUS LES AUSPICES DE M. DE SARTINE
CONSEILLER D’ÉTAT, LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE
QUI A POSÉ LA 1RE PIERRE EN M. D. CC LXXIV.

La Halle aux veaux et l'église des Bernardins, vers 1784.

La Halle aux veaux et l’église des Bernardins, vers 1784. Dessin à la plume, encre brune, aquarelle. 32.3 x 18.7 cm. Jean-Baptiste Lallemand (Dijon, 1716 — Paris, 1803). Musée Carnavalet. [2600 x 1669 px.]

L’église des Bernardins est démolie peu après sa vente le 22 juin 1797. En 1886, lors de la construction des nos 23 à 31 du boulevard Saint-Germain 6, d’importants vestiges de l’église, dont une partie du dallage, seront exhumés. 6. Ces terrains étaient occupés par un marchand de bois, qu’on peut voir sur la photographie de Marville, depuis le percement du boulevard en 1859.

La Halle aux veaux et l'église des Bernardins, vers 1784.

Plan du cloître et du quartier des Bernardins, 1789. Fragment du plan de Paris. Edme Verniquet (1727-1804). BNF. [2000 x 2986 px.]

Plan Marché aux veaux

Position de Marville. [1600 x 1000 px.]

PONTOISE (RUE DE). Commence au quai de la Tournelle, nos 41 et 43 ; finit à la rue Saint-Victor, nos 94 et 96. Le dernier impair est 23, le dernier pair, 32. Sa longueur est de 270 m. — 12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

Cette rue, dans la partie faisant face à la halle aux Veaux, et qui s’étend jusqu’au quai, a été ouverte, en 1773, sur l’emplacement du jardin des Bernardins, en vertu des lettres patentes du mois d’août 1772, relatives à la construction de cette halle et de ses abords. — Une décision ministérielle du 29 thermidor an XI, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 12 m., et prescrivit son prolongement jusqu’à la rue Saint-Victor, sur les terrains dépendants du ci-devant collège des Bernardins, dont nous tracerons l’historique à la fin du présent article. Ce prolongement, dont la largeur était fixée à 10 m., fut immédiatement exécuté. Vers 1806, cette rue prit, en raison de sa proximité de la halle aux Veaux, le nom de rue de Pontoise. On sait que les environs de cette ville fournissent à la consommation de la capitale les veaux les plus estimés. — Une décision ministérielle du 12 juin 1818 et une ordonnance royale du 13 septembre 1846, ont maintenu les dimensions déterminées par le plan de l’an XI. Les propriétés riveraines sont alignées, à l’exception de celles nos 1, 3, 14, 16 et 18. La rue de Pontoise, qui doit être traversée par le boulevard circulaire à ouvrir sur la rive gauche, sera prolongée jusqu’à la rue Traversine.

Collège des Bernardins. — Les religieux de l’ordre de Clairvaux, appelés Bernardins, du nom de leur fondateur saint Bernard, étaient sans cesse exposés au mépris des frères Prêcheurs, des frères Mineurs et des Légistes séculiers, qui, faisant profession de science, voulaient faire passer les anciens ordres pour inutiles, parce qu’ils ne se piquaient pas, comme eux, de disputer, ni d’enseigner, ni de prendre des dégréz dans l’Université. — Étienne Loxmgton, Anglais de naissance et abbé de Clairvaux, résolut de mettre un terme à cette humiliation. Il conçut le projet d’établir un collège où ses religieux pourraient faire les études nécessaires pour prendre des degrés dans l’Université. Le pape Innocent IV approuva complètement ce projet. En conséquence, l’abbé de Clairvaux acheta de l’abbé de Saint-Victor plusieurs terrains situés dans le clos du Chardonnet, et le collège fut fondé en 1244. Afin de jeter un certain éclat sur cette maison, l’abbé de Clairvaux pria Alphonse de France, frère de saint Louis, d’en accepter le titre de protecteur. Alphonse accueillit favorablement cette demande, et abandonna une rente de 104 livres parisis qui devait être employée à l’entretien de vingt religieux profès. Le collège des Bernardins fut gouverné par un supérieur qui reçut le litre de Prieur, ensuite celui de Proviseur. En 1320, l’abbé et les religieux de Clairvaux cédèrent ce collège à l’ordre de Cîteaux. Au mois de février 1321, le Roi approuva cette cession. Le pape Benoît XII, qui avait été religieux de l’ordre de Cîteaux, fit commencer l’église, dont la première pierre fut posée le 24 mai 1338. Il n’eut pas la satisfaction de la voir terminée. Le cardinal Curti entreprit de faire achever cette église ; mais il ne fut pas plus heureux que le Saint-Père ; et cet édifice, d’une architecture remarquable, resta toujours imparfait. En 1790, le collège des Bernardins devint propriété nationale. L’église, qui contenait en superficie 2.087 m. fut vendue le 4 messidor an V. Les autres bâtiments restèrent propriétés de l’État jusqu’en l’an XII.

Un arrêté du Gouvernement, du 22 ventôse de cette année, porte entre autres dispositions ce qui suit : « Article 1er. Les bâtiments des Bernardins, près la place aux Veaux, seront concédés à la Ville de Paris, en la personne du Préfet de la Seine, par le Ministre des Finances, moyennant une rente dont la quotité sera de 5 p. 100 du prix de l’estimation des bâtiments faite contradictoirement par les experts nommés par le Préfet de la Seine et le directeur des Domaines. »

La rente annuelle a été fixée à la somme de 6,000 fr. La Ville est entrée en jouissance le 1er vendémiaire an XIII.

La rente de 6,000 francs, formant le prix principal de la présente vente, a été comprise dans les domaines nationaux attribués par la loi du 19 septembre 1807 à l’Hôtel-Dieu et à l’Hôpital-Général de Paris en remplacement de leurs biens aliénés. La Ville a constamment servi cette rente aux hospices civils jusqu’en 1836, époque à laquelle le remboursement a été effectué au principal de 120,000 francs.

Sur l’emplacement de l’ancien collège des Bernardins ont été établis :

1o La fourrière de la Préfecture de police, aux nos 17 et 19 ;
2o Au no 21, des écoles primaires communales de jeunes filles et de jeunes garçons, et une salle d’asile construite d’après les plans et sous la direction de M. Durand-Billion, architecte ;
3o Et dans une partie des anciens bâtiments servant autrefois de dortoir et de réfectoire aux religieux, la quatrième compagnie des sapeurs-pompiers. L’entrée de ces bâtiments est sur la rue de Poissy, no 24.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Datation de la prise de vue : mai 1868, après le 4 mai.

No 299Marché aux veaux, de la rue de Pontoise. Mai 1868.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000605NV-004-C-0370
35.9 x 24.737.9 x 28.8
1865-1868vers 1865

Position estimée