Rue des Bernardins, c. 1866

Marville : rue des Bernardins

Rue des Bernardins, du quai de la Tournelle. Paris Ve. Vers 1866.

Version haute définition : 3422 x 2400 pixels.

Marville se trouve quai de la Tournelle et photographie la rue des Bernardins. Les premiers bâtiments à gauche sont des dépendances de l’hôtel de Nesmond. Au fond, nous voyons le boulevard Saint Germain et l’église Saint Nicolas-du-Chardonnet. Derrière, on distingue la maison faisant angle entre les rues Saint Victor et Saint Nicolas-du-Chardonnet.

La quasi-totalité des maisons de la rue des Bernardins devait être retranchée pour l’élargissement à 12 mètres ordonné le 13 février 1845. Cette opération n’a été qu’en partie été réalisée. Seules les propriétés du côté des numéros impairs (à gauche sur la photo), à l’exception des nos 1, 3 5, 7 qui dépassent encore aujourd’hui l’alignement, ont été retranchées. En outre, les premières maisons à droite sur la photo devaient disparaître lors de l’exécution d’un projet de nouvelle voie entre la place Maubert et le pont de l’Archevêché. Cette opération n’a pas été réalisée.

Depuis le début des années 1860, l’hôtel de Nesmond, voisin de la Pharmacie centrale des hôpitaux (hôtel de Miramion), abrite la réputée distillerie d’absinthe Edmond Joanne. Le mercredi 18 novembre 1885, un alambic y explose et fait une trentaine de blessés, dont deux décéderont les jours qui suivent. Un incendie subséquent endommage alors les nos 3, 5 et 7 de la rue des Bernardins.

Tracé de nouvelles voies entre le boulevard Saint Germain et le quai de Montebello

Tracé de nouvelles voies entre le boulevard Saint Germain et le quai de Montebello. Plan Avril Frères, lithographie Hangard-Maugé, vers 1859. BNF. [2600 x 1976 px.]

Plan Andriveau-Goujon, 1866

“Plan d’ensemble des projets sur la rive gauche” (détail). Plan Andriveau-Goujon, 1866. BNF. [2600 x 1797 px.]

Plan rue des Bernardins

Position de Marville. [1600 x 1000 px.]

BERNARDINS (RUE DES). Commence au quai de la Tournelle, nos 57 et 59 ; finit à la rue Saint-Victor, no 108 et 110. Le dernier impair est 31 ; le dernier pair, 44. Sa longueur est de 242 m. — 12e arrondissement, quartier du Jardin-du-Roi.

Cette rue a été ouverte, en 1246, sur le clos du Chardonnet. À partir de 1427, on la trouve indiquée sous les deux noms de rues des Bernardins et de Saint-Nicolas-du-Chardonnet (…). — Une décision ministérielle du 8 nivôse an IX, signée Chaptal, fixa la largeur de la rue des Bernardins à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 13 février 1845, la moindre largeur de cette voie publique devra être portée à 12 m. — La maison no 38 est seule à l’alignement.

Dans la rue des Bernardins fut jouée une des scènes de la Fronde. Nous lisons dans les mémoires de Joli (année 1649) : « Le cardinal de Retz et les Frondeurs, cherchant à exciter une nouvelle sédition, voulurent faire croire que la cour était dans l’intention de faire assassiner Joli, conseiller au Châtelet, syndic pour les rentes sur la ville, et l’un des hommes les plus accrédités parmi le peuple. On plaça son pourpoint et son manteau sur un morceau de bois, dans une certaine attitude ; d’Estainville tira un coup de pistolet, avec tant de justesse, sur une des manches qu’on avoit remplie de foin, qu’il la perça précisément où il le falloit ; après quoi il fut arrêté entre lui et Joli que le véritable coup seroit tiré le lendemain à sept heures et demie du matin dans la rue des Bernardins. La chose fut faite comme on l’avoit projetée. D’Estainville s’approcha du carrosse, Joli se baissa, le coup passa par-dessus sa tête, et fut si bien ajusté qu’il se rapportoit parfaitement à la situation où il devoit être dans le carrosse. Il fut conduit chez un chirurgien vis-à-vis Saint-Nicolas-du-Chardonnet, où ayant été déshabillé, on lui trouva au bras gauche, à l’endroit où la balle devoit avoir passé, une espèce de plaie qu’il s’étoit faite lui-même la nuit avec des pierres à fusil, de sorte que le chirurgien ne douta pas que ce ne fût l’effet du coup, et y mit un appareil dans les formes ; tandis que d’Argenteuil disoit et faisoit tout ce qu’il pouvoit pour insinuer que cette entreprise n’avoit pu venir que de la part de la cour, qui vouloit se défaire de celui des syndics qui paraissoit le plus ferme et le plus affectionné au bien public. » — Si le cardinal de Richelieu avait été ministre au lieu de Mazarin, cette scène eût fait tomber la tête du conseiller Joli.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Datation de la prise de vue : vers 1866.

No 298Rue des Bernardins, du quai de la Tournelle. Vers 1866.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000608NV-004-C-0021
36.8 x 24.138.1 x 29
1865-18681866-1869

Position estimée

Voir également :