Rue du Fouarre, c. 1866

Marville : rue du Fouarre

Rue du Fouarre, du quai de Montebello. Paris Ve. Vers 1866.

Version haute définition : 3647 x 2600 pixels.

Marville se trouve quai de Montebello et photographie la rue du Fouarre. Au premier plan, c’est la rue de la Bûcherie. Au fond, nous voyons une maison de la rue Galande ; cette maison disparaîtra en 1899 lors du percement de la rue Dante. Tout à gauche, c’est la maison au no 19 du quai de Montebello (Guillaume aîné, marchand de vins 1). 1. Annuaire-almanach Firmin-Didot, 1864.

En 1888-1889, la rue va perdre la totalité de ses numéros impairs (à gauche sur la photographie) pour le percement de la rue Monge prolongée (rue Lagrange 2). 2. Dénommée Lagrange par arrêté du 18 avril 1890, du nom du mathématicien Joseph Louis Lagrange (1736-1813).

Du côté des pairs (à droite sur la photographie), nous observons deux bâtiments particuliers. Le premier, dont nous ne voyons que l’angle tout à droite, est le bâtiment Saint Charles, une annexe de l’Hôtel-Dieu. Datant des XVIIe et XVIIIe siècles, il a été profondément remanié en 1837-1840 lors du prolongement du quai de la Bûcherie (quai de Montebello). Le second bâtiment est une autre annexe de l’Hôtel-Dieu, construite en 1840 (architecte Jean Jacques Marie Huvé). Cette annexe est réunie au bâtiment Saint Charles par une passerelle au-dessus de la rue de la Bûcherie.

Si aucune maison n’a été expropriée du côté des pairs, les deux annexes étaient en partie sur le tracé de la rue Monge et devaient être amputées. Cela ne sera pas nécessaire pour le bâtiment Saint Charles car il a été retranché précocement en 1880, à l’occasion de la construction du Pont-au-Double 3. L’annexe de 1840 sera retranchée lors du prolongement, en mai-juin 1889. 3. Cf. L’Univers illustré, no 1341, 4 décembre 1880.

Les deux annexes seront démolies fin 1908-début 1909 pour laisser place à un square.

Le prolongement de la rue Monge entre la place Maubert et le quai de Montebello est déclaré d’utilité publique par décret du 19 août 1887.

Par arrêté préfectoral du 17 novembre 1887, sont déclarés cessibles immédiatement les nos 19 (et 38, rue Galande), 17, 15, 13, 11, 9, 7, 5, 3, 1, ainsi qu’une partie de la propriété de l’administration générale de l’Assistance publique du côté des pairs. Le jugement d’expropriation est rendu le 19 janvier 1888. La vente par adjudication des matériaux à provenir de la démolition est faite le 24 novembre 1888. Les démolitions débutent à la mi-décembre.

“Il n’y a lieu, à aucun point de vue, de regretter ces diverses disparitions. Aucun souvenir spécial ne se rattache aux maisons condamnées, dont la plupart étaient d’ailleurs dans un état de délabrement complet et qui offraient un asile sûr à toutes les maladies épidémiques.” Le Figaro, 17 novembre 1887.

“C’est, on le voit, tout un réseau de petites rues puantes et de constructions insalubres, foyer permanent d’affections contagieuses, qui va faire place à une voie large où circuleront librement l’air et la lumière. Une véritable délivrance pour ce quartier et ceux qu’il avoisine !” Le XIXe siècle, 17 février 1888.

Après le percement de la rue Monge prolongée, il ne reste plus que les cinq maisons du côté pair de la rue du Fouarre, les nos 10, 12, 14, 16, 18 (les nos 2 à 8 correspondaient aux bâtiments de l’Assistance publique).

En 1929, les nos 10 et 12, devenus 2 et 4 4, sont la propriété de la société immobilière Paris Centre qui souhaite construire à leur place un grand immeuble de luxe avec vue sur le square René Viviani et Notre-Dame 5. 4. La rue du Fouarre est renumérotée par arrêté du 8 juillet 1902. 5. Projet de 7 étages. Jean Boucher, architecte, 38, rue de Turbigo, Paris IIIe. La Commission municipale du Vieux Paris et de nombreux élus et habitants s’y opposent. Malgré cela, la société anticipe d’expulser les locataires et de démolir les maisons, sûre d’arriver à ses fins. En novembre 1930, après le refus définitif du permis de construire, la société immobilière Paris Centre se déclare prête à céder les terrains à la préfecture pour une somme de 2,1 millions de francs. La transaction est réalisée peu de temps après, ce qui permettra d’agrandir le square.

Il ne reste donc aujourd’hui que les anciens nos 14, 16 et 18 de la rue du Fouarre, devenus 6, 8 et 10. Le no 6 (ancien no 14) est postérieur à la photographie de Marville ; il s’agit de la maison de la Société pour l’instruction élémentaire, construite en 1880 6. 6. Roch Prosper Rozier, architecte, 61, rue du Cherche-Midi, Paris VIe. Les différentes tentatives d’exproprier cette maison dans les années 1920-1930, pour poursuivre l’agrandissement du square, ont toutes échouées.

Tracé de nouvelles voies entre le boulevard Saint Germain et le quai de Montebello

Tracé de nouvelles voies entre le boulevard Saint Germain et le quai de Montebello. Plan Avril Frères, lithographie Hangard-Maugé, vers 1859. BNF. [2600 x 1976 px.]

Prolongement de la rue Monge, 1889

Prolongement de la rue Monge, vers juin 1889. Photo Henri Godefroy (1837-1913), 39.3 x 27.6 cm. BHVP. [3674 x 2400 px.]

Nous voyons ici le retranchement de l’annexe de l’Hôtel-Dieu qui datait de 1840. Le reste du bâtiment sera démoli en 1908-1909.

Plan parcellaire de 1890

Plan parcellaire de 1890, tracé de la “rue du Dante”. [2600 x 1871 px.]

Annexes de l’Hôtel-Dieu, 1902

Plan de masse des annexes de l’Hôtel-Dieu, 1902. [2267 x 2600 px.]

Plan rue du Fouarre

Position de Marville. [1600 x 1000 px.]

FOUARRE (RUE DU). Commence à la rue de la Bûcherie, no 21 ; finit à la rue Galande, nos 38 et 40. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 18. Sa longueur est de 92 m. — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

Dans un cartulaire de Sainte-Geneviève, on lit qu’en 1202 Mathieu de Montmorency, seigneur de Marly, et Mathilde de Garlande, sa femme, donnèrent à cens à plusieurs particuliers leur vigne appelée le clos Mauvoisin ou de Garlande, à la charge par eux d’y bâtir des maisons. Bientôt furent construites les rues du Fouarre, Galande, des Trois-Portes, Jacinthe et des Rats (aujourd’hui de l’Hôtel-Colbert). — En 1260, la première de ces voies publiques s’appelait rue des Écoliers ; en 1264, rue des Écoles. Vers 1300, c’était la rue au Feurre. Cette dénomination, qui, en vieux langage signifiait paille, avait été donnée à cette rue, en raison des écoliers qui étaient assis sur la paille en prenant leurs leçons. Anciennement, les églises étaient jonchées de paille fraîche et d’herbes odoriférantes, surtout les jours de grandes fêtes. En 1358, l’Université se plaignit au régent, depuis Charles V, « de ce que, (dit Sauval), la rue au Feurre étoit chaque nuit encombrée d’immondices et d’ordures fétides apportées par des hommes malfaisants ; que, de plus, on enfonçoit les portes de l’école pour y introduire des filles publiques qui y passoient la nuit, et souilloient les lieux où se plaçoient les écoliers, ainsi que la chaire du professeur. Sur cette plainte, le Régent ordonna qu’il seroit établi deux portes aux extrémités de la rue au Feurre, et que ces portes seroient fermées pendant la nuit. » Sous François Ier, cette rue prit la dénomination de rue du Feurre, puis par altération celle de rue du Fouarre. — Une décision ministérielle du 3 pluviôse an X, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 7 m. En vertu d’une ordonnance royale du 5 juin 1846, cette largeur devra être portée à 10 m. Quelques constructions dépendant de l’Hôtel-Dieu sont seules à l’alignement.

Au no 17 était situé le collège de Picardie. On comptait autrefois dans cette voie publique quatre écoles pour les quatre nations de l’Université. Celle de Picardie fut seule conservée jusqu’à la fin du siècle dernier. En 1487, elle avait obtenu la permission d’y faire construire une chapelle qui fut dédiée, en 1506, sous l’invocation de la Sainte-Vierge, de saint Nicolas et de sainte Catherine. Cette chapelle, qui contenait une superficie de 107 m., devint propriété nationale et fut vendue le 28 frimaire an IX. C’est aujourd’hui une maison particulière.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Datation de la prise de vue : vers 1866.

No 281Rue du Fouarre, du quai de Montebello. Vers 1866.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000754NV-004-C-0621
36.1 x 2536.2 x 27.7
1865-1868avant 1874

Position estimée

(Marge d’erreur du positionnement : 10 m.)