Rue Contrescarpe, 1866

Rue Contrescarpe, de la rue Saint André-des-Arts. Paris VI^e. 1866.

• Date : septembre 1866
• Auteur : Charles Marville (1813-1879)
• Format : tirage 2016 d’après négatif restauré numériquement, 27 x 32.5 cm
• Collection : GDC

Version haute définition : 2600 x 3247 pixels.

Marville se trouve rue Saint André-des-Arts et photographie la rue Contrescarpe, ou rue de la Contrescarpe ¹. 1. Les deux graphies ont coexisté. La première est la plus fréquente. Au fond, nous voyons le n^o 40, rue Dauphine.

En vertu d’une ordonnance royale du 11 août 1844, la rue Contrescarpe devait être élargie à 10 mètres, ce qui devait faire disparaître les maisons que l’on voit à droite (n^os impairs). Ce qui ne sera fait que plus tard et partiellement, à la construction des immeubles numérotés 3, 5-5 bis et 7-9. L’alignement de la rue Saint André-des-Arts élargie à 15 mètres devait également faire disparaître les maisons du premier plan, ce qui ne sera pas réalisé.

La rue Contrescarpe est rebaptisée rue Mazet par décret du 27 février 1867, puis, de façon complète, rue André Mazet par arrêté municipal du 14 janvier 1994. André Mazet (1793-1821) était un médecin, mort de la fièvre jaune alors qu’il était allé étudier à Barcelone une épidémie de cette maladie sur ordre du gouvernement.

À droite, nous voyons le café-concert Contrescarpe, dit Le Beuglant (au n^o 5), suivi du célèbre restaurant Magny (au n^o 3, où nous voyons la voiture à cheval), démoli en mars 1895 (pour laisser la place à un nouvel immeuble, celui que l’on peut toujours voir au n^o 3).

Modeste Magny, né le 14 novembre 1812 à Montmort-Lucy (Marne), a commencé comme plongeur chez Philippe (rue Montorgueil), dont il était par la suite devenu le chef adjoint. Il s’installe à son compte en 1842, reprenant le commerce d’un marchand de vins (Parizot) au 3 de la rue Contrescarpe. Son restaurant, où Gioachino Rossini et George Sand devinrent rapidement des habitués, gagne une grande célébrité dans les années 1850-1860 et est sacré meilleure table de la rive gauche. Le monde littéraire s’y réunit avec les “dîners Magny” créés en 1862 par François Veyne, Sainte-Beuve et Paul Gavarni. On y voit Gautier, Flaubert, Renan, Taine, Saint-Victor, Zola, les Goncourt, etc. Parmi les plats connus de l’établissement, on relève le navarin, les pieds de mouton à la poulette, le poulet sauté chasseur, la bécasse à la Charles, les filets de truite à la Gavarni. Magny est l’inventeur de la purée Magny (moitié de chair de pommes terre cuites au four, moitié de beurre), du filet Rossini (tournedos, foie gras au beurre, truffes au madère) et possiblement du Chateaubriand. Il meurt à Paris le 19 avril 1879 et le restaurant ferme en septembre 1894. Les dix mille bouteilles de la cave réputée sont dispersées aux enchères les 8, 9 et 10 octobre 1894. L’immeuble est démoli en mars 1895.

Position de Marville. [1600 x 1000 px.]

Affiche “Théâtre du Luxembourg — Par extraordinaire — M. Laferrière. L’Idiot.” Adolphe Laferrière (1806-1877) était un célèbre comédien de l’époque, qui eut une carrière particulièrement longue. L’Idiot, ou Le Pauvre idiot, ou le Souterrain d’Heilberg, est un drame de Charles Dupeuty (1798-1865) et Louis Marie Fontan (1801-1839), représenté pour la première fois le 6 juin 1838 au théâtre de la Cité. Laferrière était alors déjà de la distribution, dans le rôle-titre de l’Idiot. Cette production est la dernière montée au théâtre du Luxembourg par la troupe d’Auguste Gaspari, avant son déménagement aux Menus-Plaisirs. Le journal L’Orchestre du 26 septembre 1866 encourage le public à y passer une bonne soirée tout en faisant le pèlerinage d’adieu au théâtre du Luxembourg qui devait être prochainement démoli.

Datation de la prise de vue : septembre 1866.

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