Rue Gît-le-Cœur, 1866

Marville : rue Gît-le-Cœur

Rue Gît-le-Cœur, de la rue Saint André-des-Arts. Paris VIe. 1866.

Version haute définition : 2600 x 3205 pixels.

Marville se trouve rue Saint André-des-Arts et photographie la rue Gît-le-Cœur.

En vertu d’une ordonnance royale du 11 août 1844, la rue Gît-le-Cœur devait être élargie à 10 mètres. Toutefois, aucune campagne d’expropriation n’ayant été menée, la rue Gît-le-Cœur n’a que peu changé depuis cette photographie, gardant sa physionomie héritée des XVII et XVIIIe siècle.

La première maison à droite, faisant angle avec la rue Saint André-des-Arts, sera remplacée vers 1900 par un immeuble à l’alignement (28, rue Saint André-des-Arts et 19, rue Gît-le-Cœur) 1. 1. Permis de construire délivré le 11 juillet 1900, Paul Marbeau, architecte.

Plan rue Gît-le-Cœur

Position de Marville. [1600 x 1000 px.]

GIT-LE-CŒUR (RUE). Commence au quai des Grands-Augustins, nos 23 et 25 ; finit à la rue Saint-André-des-Arts, nos 28 et 30. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 16. Sa longueur est de 112 m. — 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine.

Des titres de Saint-Germain-des-Prés, du quatorzième siècle, l’appellent rue Gilles-Queux, Gui-le-Queux. Le nom de queux signifiait en vieux langage cuisinier ; la charge de grand queux était chez le Roi une des premières de la couronne. Les Châtillon se sont fait honneur de la posséder. Un acte de 1397, cité par Sauval, lui donne le nom de Gui-le-Comte. Piganiol prétend que sa dénomination actuelle lui vient d’un descendant du fameux Jacques-Cœur. Celle assertion, qu’il n’appuie sur aucun acte, est réfutée par Jaillot. La dénomination actuelle n’est qu’une altération de Gilles Queux. — Une décision ministérielle du 23 frimaire an IX, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 7 m. En vertu d’une ordonnance royale du 11 août 1844, cette largeur devra être portée à 10 m. Toutes les propriétés riveraines sont soumises à retranchement.

« Au bout de la rue Gilles-Cœur (dit Saint-Foix 2), dans l’angle qu’elle forme aujourd’hui avec la rue du Hurepoix (cette dernière n’existe plus), François Ier fit bâtir un petit palais (le palais d’Amour), qui communiquait à un hôtel habité par la duchesse d’Estampes, dans la rue de l’Hirondelle. 2. Ce sont les écrits de Germain-François Poullain de Saint-Foix (1698-1776) qui sont ici cités, possiblement extraits de ses Essais historiques sur Paris (1754-1757). Les peintures à fresque, les tableaux, les tapisseries, les salamandres (c’était le corps de la devise de François Ier) accompagnées d’emblèmes et de tendres et ingénieuses devises, tout annonçait dans ce petit palais et cet hôtel le dieu et les plaisirs auxquels ils étaient consacrés. » — « De toutes ces devises (dit Sauval) que j’ai vues, il n’y a pas encore longtemps, je n’ai pu me ressouvenir que de celle-ci ; c’était un cœur enflammé, placé entre un alpha et un oméga, pour dire apparemment : Il brûlera toujours ! » — « Le cabinet de la duchesse d’Estampes (continue Saint-Foix) sert à présent d’écurie à une auberge qui a retenu le nom de la Salamandre. Un chapelier fait sa cuisine dans la chambre du lever de François Ier, et la femme d’un libraire était en couches dans son petit salon des délices, lorsque j’allai pour examiner les restes de ce palais. »

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Les journaux que l’on voit à gauche, à l’entrée du cabinet de lecture Durand, permettent de dater la photographie avec une certaine précision :

Paris Cascade est un journal hebdomadaire humoristique lancé le samedi 1er septembre 1866 par Léon Rossignol (1840 ?-1867), transfuge du Tintamarre. Le journal disparaît avec la mort, début janvier 1867, de son fondateur alors âgé de 26 ans.

La Lune est un journal hebdomadaire satirique, fondé par François Polo (1838-1874), qui paraît d’octobre 1865 à janvier 1868. On peut reconnaître sur la photographie la caricature “La Bourse du jour” du numéro 28, daté du 16 septembre 1866.

Journal La Lune, numéro 28

“La Lune”, no 28, dimanche 16 septembre 1866. Bibliothèque de l’Université de Heidelberg. [2400 x 3650 px.]

Datation de la prise de vue : vraisemblablement semaine du 16 au 22 septembre 1866.

No 263Rue Gît-le-Cœur, de la rue Saint André-des-Arts. Septembre 1866.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000782NV-004-C-0249
27 x 34.928.9 x 37.9
1865-1868vers 1868

Position estimée