Impasse de la cour de Rouen, c. 1866

Marville : impasse de la cour de Rouen

Impasse de la cour de Rouen. Paris VIe. Vers 1866.

Version haute définition : 2600 x 3143 pixels.

Marville se trouve au milieu de l’impasse de la cour de Rouen, ou impasse de Rouen, parfois orthographiée de Rohan 1. Au fond, nous voyons l’impasse qui se termine sur l’entrée de la cour de Rouen. 1. Ce qui est fautif ; seule la graphie Rouan pourrait être acceptable comme forme alternative et archaïque (on la relève dans le décret impérial du 28 juillet 1866). Les lieux sont attachés à la mémoire de l’hôtel des archevêques de Rouen, et en rien à la maison de Rohan dont le nom provient du breton Roc’han. Dans la nomenclature en vigueur à l’époque de Marville, c’est l’impasse de la cour de Rouen, même si cette photographie est généralement légendée “Cul de sac de Rohan”.

Pour une raison qui m’est inconnue, cette impasse prendra la dénomination de rue du Jardinet 2 vers 1876. 2. Voie qui demeure cependant un cul-de-sac. La rigueur administrative aurait demandé impasse du Jardinet. L’actuelle nomenclature de la Ville n’offre aucun indice (arrêté de dénomination ou de numérotation) de ce “glissement toponymique”. L’ancienne rue du Jardinet a disparu en 1875 3, lors du prolongement du boulevard Saint Germain (l’ultime maison qui subsistait de cette voie, le no 12, est démolie en 1891). 3. Voir l’article “Rue du Jardinet”.

Plan cadastre rue du Jardinet

Tracés d’après le plan cadastral Vasserot, 1828. En hachuré, l’actuelle rue du Jardinet ; en bleu, l’ancienne impasse de la cour de Rouen ; en rose vif, les maisons ayant appartenu à la rue du Jardinet (toutes disparues entre 1862 et 1891). Tracés ALPAGE-APUR. [2600 x 2022 px.]

Cul de sac de la cour de Rouen, plan Turgot

“C. de la Cour de Rouen”. Plan de Louis Bretez, “plan de Turgot”, vers 1735. BNF. [1600 x 939 px.]

Cour de Rouen, plan Jaillot

Plan de Bernard-Antoine Jaillot, gravé par Pierre-Alexandre Aveline, 1748, corrigé et augmenté, 1778. BNF. Impasse et cour sont réunies sous la dénomination de “Cour de Rouen”. La cour est séparée des “jeux de boule de Metz” par un vestige du mur d’enceinte de Philippe-Auguste, la cour de Commerce était alors le “passage de Metz”. [1600 x 1156 px.]

La communication de la cour de Rouen à celle du Commerce est ouverte vers 1791, perçant un vestige de l’enceinte de Philippe-Auguste. Au début du XIXe siècle, après ce percement, l’impasse, la cour et son passage sont parfois collectivement dénommés passage de la cour de Rohan, comme c’est le cas sur le plan cadastral Vasserot.

Quartier de l’École de Médecine, îlot no 18

Cadastre par îlots de Philibert Vasserot (quartier de l’École de Médecine, îlot no 18), vers 1828. Archives nationales. [2600 x 2167 px.]

L’impasse de la cour de Rouen était condamnée à disparaître à double titre. Le premier de ces titres est le décret du 28 juillet 1866 4 qui prévoit en son deuxième point “la suppression (…) des rues du Jardinet et Larrey, des impasses du Paon et de Rouan (sic)”. 4. Décret impérial relatif au prolongement du boulevard Saint Germain entre le boulevard Saint Michel et le quai d’Orsay et autres opérations de voirie accessoires. Le second est le projet du tracé du boulevard Saint André qui devait aller de la place Saint Michel au boulevard Saint Germain.

Cependant, sous la dénomination de rue du Jardinet, l’impasse existe encore de nos jours dans son intégralité. Elle a en effet été préservée pour des raisons essentiellement économiques.

La partie du boulevard Saint Germain entre les rues Hautefeuille et de l’Ancienne Comédie, longue de 230 m, est réalisée à la plus grande économie fin 1875 : l’administration exproprie au minimum, au risque de libérer des parcelles à peine exploitables, ce qui provoquera l’irritation des professionnels qui dénoncent l’insuffisance des expropriations. La Gazette des architectes et du bâtiment écrit au sujet du prolongement du boulevard Saint Germain 5 : 5. 28 février 1875, 11e année, no 4, supplément, page XVI.

Mais nous le constatons à regret, les plans des deux sections projetées du boulevard Saint-Germain ont causé une déception, malheureusement trop fondée, à toutes les personnes qui comptaient que le prolongement de cette grande artère aurait une influence décisive sur le mouvement des travaux de construction. En effet, elles réduisent le percement à des dimensions tellement restreintes qu’il ne sera pas possible de construire à l’alignement de la nouvelle voie, et qu’elle restera bordée dans la plus grande partie de son parcours par les pignons des maisons qu’elle va dégager et par les masures de la rue du Jardinet. […] et, comme, après la rue de l’Éperon, on devra réserver le débouché du boulevard Saint-André, projeté de la place Saint-Michel au carrefour de l’Odéon, il n’y aura place sur tout ce parcours pour aucune maison de quelque importance.

Après la chute du Second Empire, le décret de 1866 est appliqué dans l’esprit, mais pas à la lettre, les caisses de la Ville ayant été mis à mal autant pas les chantiers de Napoléon III que par l’indispensable effort de reconstruction après la guerre de 1870 et l’insurrection de 1871. Quant au projet de boulevard Saint André, il sera tout simplement abandonné dans les années 1880, au profit d’une voie bien moins coûteuse, large de seulement 16 mètres et au tracé en coude conçus pour minimiser les frais d’expropriation, ces frais étant la majeure part de ces opérations de voirie : ce sera la rue Danton.

Plan impasse de la cour de Rouen

Position de Marville. [1600 x 1000 px.]

ROUEN (IMPASSE DE LA COUR DE). Située entre les rues du Jardinet, no 13, et de l’Éperon, no 12. Le dernier impair est 5 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 71 m. — 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine.

Elle tire sa dénomination de sa proximité de l’hôtel de l’archevêque de Rouen. Henri II avait fait construire dans cette cour plusieurs grands bâtiments pour sa maîtresse Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois. — Une décision ministérielle du 28 prairial an IX, signée Chaptal, a fixé à 7 m. la moindre largeur de cette impasse. Les propriétés riveraines sont soumises à retranchement.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

CUL-DE-SAC OU IMPASSE DE ROUEN, considéré comme le prolongement de la rue du Jardinet.

Le cul-de-sac de Rouen forme un passage terminé par une cour. Avant le percement de la deuxième section du boulevard Saint-Germain, il avait pour point de départ, au levant, le petit carrefour formé par les rues de l’Éperon et du Jardinet, et pour aboutissant, au couchant, une grille donnant accès à la cour et au passage du Commerce. De ce dernier côté, son aspect n’a pas changé ; c’est encore une sorte de couloir ménagé entre les murs de fond et de flanc de deux anciens hôtels : celui des Archevêques de Rouen sur la rue du Paon et celui de Navarre, ou séjour d’Orléans, sur la rue Saint-André-des-Ars.

L’impasse de Rouen, improprement appelée de Rohan, formait donc une ligne séparative entre ces deux grandes résidences ; elle est restée à l’état de cul-de-sac, parce qu’elle venait buter contre la muraille de Philippe-Auguste, à laquelle sont adossées les petites maisons basses formant le côté oriental du moderne passage du Commerce.

[Adolphe Berty, Lazare-Maurice Tisserand. Topographie historique du vieux Paris, volume 5, p. 555. Paris, Imprimerie nationale, 1887.]

Datation de la prise de vue : vers 1866.

No 253Impasse de la cour de Rouen, vers la cour de Rouen. Vers 1866.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000792NV-004-C-0779 (#)
28 x 36.429 x 38
1865-18681866-1867

Position estimée