Rue Mignon, 1866

Marville : rue Mignon

Rue Mignon, de la rue Serpente. Paris VIe. 1866.

Version haute définition : 2600 x 3384 pixels.

Marville se trouve rue Serpente, anciennement du Battoir, et photographie la rue Mignon. Au fond à droite, c’est le débouché de la rue du Jardinet. Le marchand de vins (maison Déchelotte) est au no 9 de la rue Mignon, cette maison faisant encoignure des deux rues en équerre et la rue du Jardinet commençant à la maison qui porte des affiches.

En raison du prolongement du boulevard Saint Germain, la rue du Jardinet va disparaître et la rue Mignon va être légèrement amputée. La partie du boulevard Saint Germain entre les rues Hautefeuille et de l’Ancienne Comédie, longue de 230 m, est réalisée fin 1875. Les démolitions sont faites pour le principal en novembre 1875. Les travaux sont “entièrement terminés” fin janvier 1876 1. 1. Le Petit Journal, 29 janvier 1876, no 4782, p. 2. Les premières maisons à gauche sur la photographie, les actuels nos 1, 3 et 5, existent encore de nos jours.

À droite sur la photographie, côté des pairs, il n’y avait que deux numéros : les 2 et 4. Le no 4, faisant angle avec la rue du Jardinet, est acheté par la Ville le 14 août 1861 et est démoli en 1862. Ce qui ressemble à un grand hôtel au no 2 est l’ancien collège Mignon. Fondé en 1343, passé en 1584 aux mains des Bons-Hommes, ou Minimes de l’ordre de Grandmont, et devenu en 1605 collège de Grandmont, ou collège des Grandmontains, il avait été rebâti en 1747-1748. Il servit aux séminaristes de l’ordre de Grandmont jusqu’en 1769, date de son union avec le collège Louis-le-Grand 2 alors que l’ordre disparaît, supprimé par la Commission des réguliers 3. 2. Lettres patentes du 25 juin 1769 “Portant réunion au College de Louis-le-Grand de celui que les Grammontains (sic) avoient à Paris, et anciennement connu sous le nom de College Mignon”, enregistrées le 14 juillet suivant. 3. Édit de mars 1768, registré au Parlement le 26 mars 1768, et lettres patentes d’extinction du 24 février 1769, “Qui dispensent les religieux de l’Ancienne Observance de l’ordre de Grammont (sic) de l’exécution des articles 5, 7 et 10 de l’Édit du mois de mars 1768 concernant les Ordres Religieux”, donnant permission aux religieux “de demeurer jusqu’à leur décès dans le Monastère de ladite Observance et de continuer d’y vivre sous l’autorité de l’Abbé supérieur général de tout l’ordre et de leurs supérieurs locaux sans néanmoins qu’il puisse être reçu à l’avenir dans ladite Observance aucuns nouveaux sujets au Noviciat et à la Profession religieuse”, enregistrées au Parlement le 28 avril 1769.

Le collège Mignon, loué à partir de 1770 par le collège Louis-Le-Grand à l’imprimeur Pierre Guillaume Simon (1722-1787), est déclaré propriété nationale en 1790 et affecté à divers usages, dont mairie du XIe arrondissement de 1795 à 1804, puis dépôt des archives du Trésor royal sous la Restauration, pendant la construction du nouvel hôtel du ministère des Finances sur la rue de Rivoli. Le bien est aliéné en 1824 et redevient une imprimerie : maison P. Baudouin (vers 1835), Pommeret et Guénot (vers 1843), Louis Martinet (1846), Émile Martinet (1863), Société anonyme des Imprimeries réunies (Émile Martinet, Claude Motteros et les frères Charles et Ernest de Mourgues, 1882). Ses bâtiments sont démolis vers septembre 1898 pour le percement de la rue Danton 4. 4. La Croix, 4 septembre 1898, no 4717, supplément, p. 3.

Le mur orné d’un cartouche au premier plan à droite est celui de la chapelle du collège, reconstruite vers 1748 sur des plans de l’architecte Antoine Matthieu Le Carpentier (1709-1773). La chapelle faisait l’angle entre les rues Serpente et Mignon (voir cadastre Vasserot).

Quartier de l’École de Médecine, îlots nos 22 et 23

Cadastre par îlots de Philibert Vasserot (quartier de l’École de Médecine, îlots nos 22 et 23), vers 1828. Archives nationales. [2428 x 2306 px.]

Plan rue Mignon

Position de Marville. [1600 x 1000 px.]

MIGNON (RUE). Commence à la rue Serpente, nos 27 et 29 ; finit à la rue du Jardinet, nos 1 et 3. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 4. Sa longueur est de 52 m. — 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine.

Ouverte en 1179, elle fut alors nommée rue des Petits-Champs 5. 5. Ou du Champ-Petit. On la désigna ensuite sous le nom de la Semelle 6. 6. “Semelle” est sans doute une altération vicieuse de scurelle, écureuil, nom en fait donné à la rue du Jardinet. L’erreur remonterait à Jaillot. Cf. Adolphe Berty, Lazare-Maurice Tisserand. Topographie historique du vieux Paris, volume 5, p. 481. Paris, Imprimerie nationale, 1887. Depuis le milieu du quatorzième siècle 7, elle porte le nom de rue Mignon, en raison du collège Mignon qui y fut établi. 7. La dénomination serait en fait plus récente, remontant au XVIe ou XVIIe siècle. — Une décision ministérielle du 14 thermidor an VIII, signée L. Bonaparte, fixa la largeur de celle voie publique à 6 m. Cette largeur devra être portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 22 août 1840. Les maisons du côté des numéros impairs sont alignées, sauf redressement.

Le collège Mignon fut créé, en 1343, par Jean Mignon, archidiacre de Blois et maître des comptes à Paris, pour douze écoliers de sa famille. La fondation, suspendue par la négligence des exécuteurs testamentaires, n’eut son effet qu’en 1353. Réformé en 1539, cet établissement fut donné, en 1584, sous Henri III, à l’abbé de Grandmont, en échange du prieuré que les religieux de Grandmont possédaient à Vincennes, et qui fut cédé dans la suite aux Minimes. Ce collège, rebâti vers 1747, devint propriété nationale eu 1790, servit, en 1820, de dépôt aux Archives du Trésor royal, et fut vendu par l’État le 12 octobre 1824. C’est aujourd’hui une maison particulière portant le no 2.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Affiche “Chemins de fer de l’Ouest. Grandes […] fête[…] Saint O[mer ?].”

Affiche “La Fille du pilote. [Suite du] Fils du supplicié. [Grand roman inédit par] Jules Boulabert. [Publié par le journal] Le Passe-Temps, [37, rue Serpente, 37].” Dépôt légal de l’affiche en 1866.

Affiche “[…] procès des Thugs”. Le procès des Thugs, récit de fiction de René de Pont-Jest (1829-1904), est publié en feuilleton dans le Petit Journal où il présenté comme un réel compte-rendu de procès, en provenance des “Cours suprêmes de Calcutta et de Madras”. La publication débute le lundi 27 août 1866 et s’achève le mardi 16 octobre 1866.

Datation de la prise de vue : fin août ou début septembre 1866, en même temps que la photographie de la rue du Jardinet.

Ancienne chapelle du collège des Grandmontains

Ancienne chapelle du collège des Grandmontains transformée en imprimerie, au coin des rues Mignon et Serpente. 1893. Jules Gaildrau (1816-1898). Plume et aquarelle sur papier, 25.8 x 25.8 cm. Musée Carnavalet. [2200 x 2184 px.]

Ancienne chapelle du collège des Grandmontains

Ancienne chapelle du collège des Grandmontains, rue Mignon, avant sa démolition. Vers mai 1898. Photographie Union Photographique Française. Tirage sur papier gélatino-argentique, 23 x 29 cm.

No 251Rue Mignon, de la rue Serpente. Août-septembre 1866.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000785NV-004-C-0241
27.6 x 35.328.6 x 37.8
1865-18681866-1867

Position estimée