Rue de l’École de Médecine, c. 1866

Marville : rue de l’École de Médecine

Rue de l’École de Médecine, de la cour du Commerce. Paris VIe. Vers 1866.

Version haute définition : 2600 x 3195 pixels.

Marville se trouve rue de l’École de Médecine, devant l’entrée de la cour du Commerce, et photographie en direction de l’est. À gauche, nous voyons la fontaine des Cordeliers (fronton sur deux consoles, après l’hôtel de la Fontaine), le débouché de la rue Larrey, anciennement du Paon 1, et plus loin, la colonnade de l’ancienne Académie royale de chirurgie. À droite, on devine au niveau du trottoir le débouché de rue Dupuytren, anciennement de Touraine. 1. Les rues du Paon et de Touraine changent de dénomination par arrêté du 10 mai 1851.

Fin 1769 2, Louis XV se rend acquéreur des bâtiments du collège de Bourgogne et confie à l’architecte Jacques Gondouin (1737-1818) la construction en leur place de nouveaux amphithéâtres pour l’Académie royale de chirurgie, ceux de Saint Côme étant devenus insuffisants. 2. Lettres patentes du 24 novembre 1769, enregistrées le 2 décembre suivant. L’Académie s’y installe à partir de 1775 3 mais le bâtiment n’est achevé qu’en 1786. 3. Inauguration du grand amphithéâtre le 27 avril 1775. Les Académies de chirurgie et de médecine sont dissoutes par la loi de du 18 août 1792. Le 8 août 1793, la Convention réitère la suppression de toute Académie. Sous l’influence d’Antoine Fourcroy, la médecine et la chirurgie fusionnent et le 4 décembre 1794, on décrète la création de trois Écoles de santé, à Paris, Montpellier et Strasbourg. Celle de Paris, dotée de douze chaires, devient par la suite École de médecine (donnant son nom à l’ancienne rue des Cordeliers), puis Faculté de médecine, le 17 mars 1808, avec la création de l’Université impériale.

La maison en plusieurs corps à pittoresque tourelle, qui fait coin oriental avec la rue Larrey, datait vraisemblablement du début du XVIe siècle et c’était la première que l’on voyait en entrant dans Paris par la porte Saint Germain 4. 4. Porte de l’enceinte de Philippe-Auguste qui se trouvait à la hauteur de la fontaine des Cordeliers et qui fut démolie en 1672.

Les maisons de gauche jusqu’à la rue Larrey sont démolies en novembre 1875 lors du prolongement du boulevard Saint Germain. La maison à la tourelle est également démolie peu après, en février 1876 (11, rue Larrey et 22, rue de l’École de Médecine).

Les suivantes, du no 20 à la Faculté de médecine, sont condamnées en 1876 par l’agrandissement de la Faculté (Léon Ginain, architecte, loi du 10 août 1876). Elles sont démolies en mai-juin 1877 5. 5. Le Figaro, 15 mai 1877, p. 1.

La maison que l’on voit à droite (no 31, rue de l’École de Médecine, ultérieurement 87-89, boulevard Saint Germain) est démolie vers mai 1912 6. 6. Bulletin municipal officiel du 30 juillet 1911, délibération no 1192. Commission du Vieux Paris, séance du 3 février 1912, point 5. Nouveau permis de construire délivré à M. Leduc le 31 mai 1912.

L’immeuble que l’on voit à gauche, après la maison à tourelle, avec des enseignes en forme de violon au 2e étage (luthier Jean-Baptiste Paquotte), est le no 20 (anciennement 30, rue des Cordeliers, numéroté 18 sur le cadastre Vasserot 7). Cet immeuble, probablement du début du XVIIIe siècle, était célèbre pour avoir été la maison de Jean-Paul Marat (1743-1793), l’Ami du peuple, et le lieu de son assassinat. 7. L’immeuble est renuméroté vers 1845, pour une raison qui m’est inconnue.

Le domicile de Marat était au premier étage, comportait un salon et une chambre à coucher côté rue, et un cabinet sur cour. C’est dans ce cabinet qu’avait été aménagée une salle de bain où Charlotte Corday assassina le tribun le 13 juillet 1793. Exproprié pour l’agrandissement de la Faculté de médecine, l’immeuble est démoli en mai-juin 1877. Charles Duprez (1834-1903), architecte de la Ville, réalisa un relevé de cet appartement historique en 1876 :

Plan de l’appartement de Marat

Ce plan reflète l’état de 1876, alors logement de M. C.-P. Galtier, docteur en médecine de la Faculté, et non l’état de l’époque de Marat — les divisions ont pu être refaites — mais le cabinet de bain est resté au même endroit. [1200 x 1155 px.]

Plan de situation de la maison de Marat

Ci-dessus, plan de situation de la maison de Marat 8 sur lequel j’ai coloré en bleu l’emprise du nouveau bâtiment de la Faculté et indiqué en rouge l’emplacement de la fameuse baignoire. [1000 x 1644 px.] 8. Adolphe Berty, Lazare-Maurice Tisserand. Topographie historique du vieux Paris, volume 5, p. 355. Paris, Imprimerie nationale, 1887.

Nous noterons que Marville se trouve devant l’appartement de Danton pour réaliser cette photographie.

Dénomination de la rue

Les Franciscains qui s’établirent là en 1230 donnèrent son premier nom à la rue, rue des Cordèles ou Cordelles, vicus Cordigerorum, qui plus tard prendra la forme de rue des Cordeliers. Sa partie haute, du côté de la rue de la Harpe, est parfois appelée rue Saint Côme et Saint Damien en raison de la présence de l’église de même nom. Du XIVe au XVIe siècle, elle est aussi appelée rue Saint Germain. Les appellations des Cordeliers, Saint Côme pour la partie orientale et Saint Germain ont coexisté. Aux XVIIe et XVIIIe, l’appellation rue des Cordeliers s’est imposée.

Après l’assassinat de Marat le 13 juillet 1793, la rue change de nom : “Séance du 25 juillet 1793. — Une députation de la section du Théâtre-Français (Odéon) demande que la rue des Cordeliers soit appelée maintenant du nom de Marat. Elle annonce, en outre, l’offre du citoyen Palloi de plusieurs pierres de la Bastille pour l’exécution de ce projet. Le conseil adopte à l’unanimité cette demande, et arrête en conséquence que la rue nommée des Cordeliers s’appellera rue Marat, et la rue de l’Observance 9 place de l’Ami du Peuple. Signé PACHE et DORAT-CUBIÈRES 10.” (Registre de la Commune, tome 19, page 88.) 9. La rue l’Observance prend le nom d’Antoine Dubois par décret du 14 juin 1851. 10. Jean-Nicolas Pache (1746-1823), maire de Paris, et Michel de Cubières (1752-1820), secrétaire-greffier de la Commune de Paris.

Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), époque de la chute de Robespierre, la rue Marat est débaptisée et prend peu après le nom de rue de l’École de Santé. Le nom de Marat continue cependant à être utilisé.

Des actes de 1795-1796 la dénomment rue des Cordeliers, dite de l’École de Santé. Le 1er floréal an IV (20 avril 1796), elle est dénommée rue de l’École de Médecine.

Plan rue de l’École de Médecine

Position de Marville. Le point bleu signale l’emplacement où fut assassiné Marat. [1600 x 1000 px.]

MÉDECINE (RUE DE L’ÉCOLE-DE-). Commence aux rues Racine, no 2, et de la Harpe, no 82 ; finit aux rues Montfaucon, no 1, et de Buci, no 39. Le dernier impair est 113 ; le dernier pair, 98. Sa longueur est de 573 m. — Les impairs sont du 11e arrondissement : de 1 à 47, quartier de l’École-de-Médecine ; de 49 à la fin, quartier du Luxembourg ; les pairs de 2 à 42, 11e arrondissement, quartier de l’École-de-Médecine ; de 44 à la fin, 10e arrondissement, quartier de la Monnaie.

[Notice historique sur cette page.]

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Datation de la prise de vue : vers 1866.

Marville : rue de l’École de Médecine

Version haute définition : 2600 x 3168 pixels.

No 245Rue de l’École de Médecine, de la cour du Commerce. Vers 1866.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
H88.19/52CARPH000802
27 x 33.527.3 x 33.5
vers 18771865-1868

Position estimée