Administration de l’Assistance publique, c. 1867

Marville : Assistance publique

Bâtiment de l’Assistance publique, du parvis Notre Dame. Île de la Cité. Paris IVe. Vers 1867.

Version haute définition : 3886 x 2600 pixels.

Marville se trouve à côté de l’église Notre-Dame et photographie les façades du bâtiment de l’administration générale de l’Assistance publique donnant sur la rue neuve Notre-Dame et le parvis Notre-Dame. Ce grand bâtiment, construit en 1748, agrandi en 1782 et 1838, était jusqu’à la Révolution l’hospice aux Enfants-trouvés (voir historique plus bas). Il est démoli en mai 1874 pour libérer la vue du nouvel Hôtel-Dieu et agrandir le parvis de l’église métropolitaine, l’administration générale de l’Assistance publique ayant déménagé sur l’avenue Victoria.

Au fond à gauche, nous voyons le toit de la caserne de la Cité nouvellement construite (1862-1867). Tout à gauche, c’est l’entrée principale de l’ancien Hôtel Dieu.

À droite, nous observons que les maisons de la rue Saint-Christophe ont disparu et que la vue est entièrement libérée jusqu’à la place du Châtelet. La photographie est donc postérieure aux dernières démolitions pour la construction du nouvel Hôtel-Dieu (en mai 1867, voir cette page) et date vraisemblablement de juillet-septembre 1867, aucune élévation des murs de la nouvelle construction n’étant visible.

Les deux fontaines à l’angle du bâtiment de l’Assistance publique étaient dites fontaine du Regard Saint-Jean, ou fontaine du Regard des Enfants-Trouvés.

Plan Assistance publique

Position de Marville. [1600 x 1000 px.]

Datation de la prise de vue : 1867 ou 1868, probablement été 1867.

No 193Bâtiment de l’Assistance publique, du parvis Notre Dame. Vers 1867.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000917NV-004-C-0508
36.9 x 23.538 x 28.7
1865-1868vers 1868

L’institution des Enfants-trouvés est créée en 1638 par Vincent de Paul (ou de Paule). Initialement installée près de la porte Saint Victor, puis au château de Bicêtre en 1648, elle est déménagée vers 1667 au faubourg Saint Denis, puis rue du Faubourg Saint Antoine vers 1674 [acquisition du 26 septembre 1674].

On crée également vers 1672 une annexe, la maison de la Couche, pour les enfants de moins de deux ans (non sevrés) dans des maisons de la rue Neuve Notre-Dame, près de l’église Sainte Geneviève-des-Ardents et appartenant à l’Hôtel-Dieu [dont la maison de la Marguerite acquise le 24 février 1672 et la maison Saint Victor acquise le 23 mars 1688]. L’établissement du faubourg Saint Antoine est alors appelé la maison des Enfans trouvés, formant l’hôpital des Enfans trouvés avec la maison de la Couche. L’inconfort de ces installations perdura jusqu’en 1747-1748, date de la construction d’un grand édifice spécialement dédié à l’hospice sur des plans de l’architecte Germain Boffrand (1667-1754), entre les rues Neuve Notre-Dame et Saint Christophe.

Le nouvel hospice des Enfants-trouvés de Boffrand prend la place de l’église Sainte Geneviève-des-Ardents et de plusieurs maisons vendues par l’Hôtel-Dieu. Il est agrandi en 1782 par l’architecte Charles-François Viel (1745-1819) [“accroissemens faits à l’hôpital des Enfans-Trouvés, parvis Notre-Dame, qui consistent en une aîle sur le cul-de-sac de Jérusalem ; deux pavillons, l’un adhérent à cette aîle, l’autre lié en arrière-corps avec le chevet de la chapelle, sur la rue St.-Christophe”].

Le nombre d’enfants en bas-âge abandonnés à Paris ne cesse de croître aux XVII et XVIIIe siècles, passant de 3 053 sur la période 1640-1649 à 57 139 sur la période 1780-1789. On peut dénombrer jusqu’à 30 abandons en une seule nuit. Ces enfants sont loin d’être sauvés, car leur taux de mortalité est énorme (près des deux tiers décèdent chez les accueillis en bas-âge au XVIIIe siècle, hors “enfants gâtés”, c’est-à-dire atteints de maladie vénérienne, pour qui le pronostic est encore plus sombre).

Après la Révolution, par décret de la Convention nationale du 7 ventôse an II (création de l’Hospice de la Maternité), l’hospice des Enfants-trouvés est déménagé le 25 messidor an III au Val-de-Grâce. Après seulement quelques mois dans ces nouvelles installations, l’hospice est transféré le 25 vendémiaire an IV dans l’ancienne abbaye de Port-Royal, rue de la Bourbe (rue de Port-Royal, absorbée par le boulevard de même nom), par décret du 10 vendémiaire an IV.

Après le départ des Enfants-trouvés, le bâtiment de la Cité est affecté aux bureaux de l’Administration des hospices. Il héberge aussi un temps la Pharmacie centrale.

Le bâtiment est à nouveau agrandi en 1838 sur le côté de la rue de la Cité, faisant ainsi disparaître l’impasse de Jérusalem. [Adjudication des travaux le 2 juillet 1836, publication du plan des expropriations pour enquête préalable en novembre 1836.] En même temps que l’on agrandit, on remanie les façades côté parvis Notre-Dame et rue Neuve Notre-Dame (celles que l’on voit sur la photographie).

L’Administration des hospices de Paris devient en juin 1849 l’Administration générale de l’Assistance publique à Paris.

Le bâtiment est démoli en mai 1874 après achèvement du nouvel Hôtel-Dieu, pour dégager la vue du nouvel hôpital et libérer la place pour l’agrandissement du parvis de Notre-Dame.

Plan Enfans trouvés, 1754

Sur le plan de Delagrive daté de 1754, nous voyons les Enfants-trouvés et leur chapelle, construits par Boffrand en 1747-1748. [1600 x 1000 px.]

Vasserot, île de la Cité, îlot 36

Sur l’atlas Vasserot (vers 1827), nous voyons l’Administration des hospices de Paris dans le bâtiment de Boffrand agrandi par Viel en 1782. L’impasse de Jérusalem et les maisons jusqu’à la rue du Marché Palu disparaîtront lors de l’agrandissement de 1838. [1600 x 1000 px.]

Plan Sainte Geneviève-des-Ardents

Sur le plan de restitution de l’Histoire topographique et archéologique de l’ancien Paris d’Adolphe Berty (dressé vers 1860), nous voyons l’emplacement de l’église Sainte Geneviève-des-Ardents démolie en 1747 pour faire place à l’hospice des Enfants-trouvés. On peut aussi voir les maisons de la Marguerite et Saint Victor qui appartenaient à la maison de la Couche avant 1748 (colorées en rose par mes soins). J’ai ajouté l’emprise du bâtiment de l’Assistance publique en 1838-1874. [1600 x 1000 px.]

Démolition de l’administration de l’Assistance publique

Démolition du bâtiment de l’administration de l’Assistance publique en mai 1874. Dessin de Leroy publié dans “Le Monde illustré” no 865 du 6 juin 1874. On voit à gauche la façade du nouvel Hôtel-Dieu. [1600 x 2382 px.]

Position estimée