Rue Beaubourg, c. 1866

Marville : rue Beaubourg

Rue Beaubourg, de la rue au Maire. Paris IIIe. Circa 1866.

Version haute définition : 2600 x 3260 pixels.

Marville se trouve rue au Maire et photographie la partie de la rue Beaubourg auparavant appelée rue Transnonain (par arrêté préfectoral du 11 mars 1851, on a réuni la rue Saint-Hugues, le passage au Maire, les rues Transnonain et Beaubourg sous la seule dénomination de rue Beaubourg). Cette partie doit être élargie par retranchement sur les numéros pairs (à gauche).

Derrière le photographe, c’est le prolongement de la rue Beaubourg, déclaré d’utilité publique par décret présidentiel du 22 juillet 1850. Il consistait en l’élargissement à 12 m de l’ancien passage au Maire, situé entre les rues au Maire et Bailly, et fut réalisé en 1852. En 1865-1866, à l’époque de cette photographie, en même temps que l’on perce la rue de Turbigo et que l’ancienne rue Saint-Hugues disparaît, on élargit à nouveau ce prolongement (à 20 m) et on construit les immeubles de l’îlot triangulaire entre les rues au Maire, Beaubourg et de Turbigo. La présence d’un tas de pavés au premier plan est sans doute liée à ces travaux en cours.

Un plan de nivellement-alignement de la rue Beaubourg, conforme aux ordonnances royales des 14 janvier 1829 et 22 mai 1837, est présenté par le préfet Haussmann le 22 août 1854 et arrêté le 29 novembre 1856.

Il faudra attendre les années 1910 pour l’achèvement de l’élargissement à 20 m de la rue Beaubourg :

Rue Beaubourg, 1900

Sur ce plan parcellaire, qui présente la situation vers 1900 [en grande taille : 1600 x 1171 px], les maisons que nous voyons au premier plan à gauche sur la photographie sont encore debout, les nos 84 à 96. Elles ne seront expropriées qu’en 1912.

Celles de droite, jusqu’à la rue des Gravilliers, les nos 91 à 103, existent encore aujourd’hui, ainsi que presque toutes les suivantes, jusqu’à la rue Chapon.

Plan rue Beaubourg

BEAUBOURG (RUE). Commence aux rues Maubuée, no 2, et Simon-le-Franc, no 22 ; finit à la rue Réaumur, nos 13 et 15. Le dernier impair est 113 ; le dernier pair, 108. Sa longueur est de 611 m. — De 1 à 77, et de 2 à 68, 7e arrondissement, quartier Sainte-Avoie. Le surplus dépend du 6e arrondissement, quartier Saint-Martin-des-Champs.

Première partie, comprise entre les rues Maubuée et Simon-le-Franc, et les rues Grenier Saint-Lazare et Michel-le-Comte. — Au commencement du onzième siècle, de pauvres paysans vinrent bâtir en cet endroit plusieurs chaumières, dont le nombre augmenta rapidement. Ces habitations formèrent, vers le milieu du douzième siècle, un village assez étendu, auquel on donna bientôt le nom de Beau-Bourg. Ce bourg comprenait l’espace aujourd’hui limité par les rues Maubuée, Grenier-Saint-Lazare, Saint-Martin et du Temple. Ce territoire fut en partie renfermé dans Paris, sous Philippe-Auguste, par la nouvelle enceinte bâtie de 1190 à 1210. La moitié de cette rue, qui était dans la capitale, se nommait alors rue de la Poterne, en raison d’une des portes de la ville qu’on voyait dans cette voie publique, entre les rues Grenier-Saint-Lazare et Michel-le-Comte. L’autre moitié de cette voie publique, qui se trouvait hors Paris, avait la dénomination de rue outre la poterne Nicolas-Hydron. — Une décision ministérielle du 18 vendémiaire an VI, signée Letourneux, fixa la moindre largeur de la rue Beaubourg à 8 m. Cette largeur devra être portée à 10 m., en vertu d’une ordonnance royale du 22 mai 1837.

Deuxième partie, comprise entre les rues Grenier-Saint-Lazare et Michel-le-Comte et la rue au Maire. — Elle fut ouverte une des premières hors de l’enceinte de Philippe-Auguste. Son plus ancien nom est rue de Châlons, en raison de l’hôtel des évêques de Châlons, sur l’emplacement duquel on a bâti depuis le couvent des Carmélites, au coin de cette rue et de celle Chapon. La rue de Châlons, longtemps habitée par des filles publiques, prit le nom de Trousse-Nonnain, Trace-Put…, Tasse-Nonnain, enfin de Transnonnain(*). — Une décision ministérielle du 18 vendémiaire an VI, signée Letourneux, fixa la moindre largeur de cette rue à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 14 janvier 1829, cette moindre largeur devra être portée à 12 m. Conformément à une décision du ministre de l’intérieur du 18 février 1851, la rue Transnonnain a été réunie à la rue Beaubourg sous cette dernière dénomination.

Troisième partie, comprise entre la rue au Maire et la rue Bailly. — Les lettres patentes du 25 mars 1765 relatives à l’établissement du marché Saint-Martin (l’ancien) avaient prescrit (art. 3) l’ouverture dans la rue au Maire d’un passage vis-à-vis de la rue Transnonnain pour communiquer au dit marché. Un acte fut passé le 21 mars 1767, par devant Poultier, notaire, entre M. de Sartine, stipulant au nom de Sa Majesté, et M. Turpin, propriétaire, rue au Maire. Il est dit dans cet acte que le sieur Turpin « vend le droit de passage à travers sa propriété, et pour les piétons seulement ; que le pavé dudit passage sera fait et entretenu aux dépens du Roi, etc. » Ce passage, ouvert peu de temps après, devait sa dénomination à la rue au Maire. — Un décret du président de la République (L. N. Bonaparte), du 22 juillet 1850, porte ce qui suit : « Art. 1er. Est déclarée d’utilité publique la conversion en rue du passage au Maire, suivant les alignements décrits sur le plan ci-annexé, qui assigne une largeur de 12 m. à la nouvelle rue. En conséquence, le Préfet de la Seine, agissant au nom de la Ville de Paris, est autorisé à acquérir, soit à l’amiable, soit, s’il y a lieu, par voie d’expropriation, conformément à la loi du 3 mai 1841, les terrains ou portions de terrains nécessaires à l’exécution de ces alignements. » Cette opération a été exécutée en 1852, et la nouvelle voie a pris le nom de la rue Beaubourg, ainsi qu’il avait été prescrit par la décision ministérielle précitée du 18 février 1851.

Quatrième partie, comprise entre la rue Bailly et la rue Réaumur. — Formée vers 1780 sur les terrains dépendant du prieuré Saint-Martin-des-Champs, elle dut son nom à saint Hugues de Cluny, né en 1024, mort en 1109. Saint Hugues fut chargé en 1079 de substituer aux religieux qui se trouvaient alors dans l’abbaye de Saint-Martin-des-Champs les moines de l’ordre de Cluny. — Une décision ministérielle du 3 décembre 1814, signée l’abbé de Montesquiou, fixa la largeur de cette voie publique à 10 m. Cette largeur devra être portée à 12 m., en vertu d’une ordonnance royale du 14 janvier 1829. Conformément à la décision ministérielle du 18 février 1851 que nous avons déjà indiquée, la rue Saint-Hugues a pris le nom de rue Beaubourg.

Les propriétés de la rue Beaubourg ci-après désignées sont alignées : nos 19, 21, 35, 63, 69, 71, 73, 75, 77, 81, 105, 107 ; 20, 38, 66, 98, 100 et 102.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

(*) Transnonain sur le parcellaire Vasserot et de nombreux autres documents du XIXe siècle, y compris l’arrêté préfectoral de 1851 concernant le changement de dénomination.

Une affiche à droite signale “L’imprimerie qui était rue Beaubourg, 100, est transférée même rue, 33.” Le no 100 a été démoli en 1865 lors du percement de la rue de Turbigo.

Datation de la prise de vue : probablement entre novembre 1865 et mars 1866.

No 133Rue Beaubourg, de la rue au Maire. Novembre 1865-mars 1866.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000568
CARPH000591
26.9 x 31.3
26.8 x 31.2
1865-1868

Position estimée

Voir également :