Rue de l’Évêque, c. 1866

Rue de l’Évêque, de la rue des Frondeurs. Paris I^er. Circa 1866.

Date : circa 1866
Auteur : Charles Marville (1813-1879)
Format : tirage 2014 d’après négatif restauré numériquement, 26.6 x 34.1 cm
Collection : GDC

Version haute définition : 2600 x 3332 pixels.

Le début de la rue de l’Évêque va disparaître en 1866, lors des travaux consistant à créer la place du Théâtre Français (aujourd’hui place André-Malraux), à percer l’amorce de la future avenue de l’Opéra, et à prolonger la rue de l’Échelle de la rue Saint-Honoré à la nouvelle avenue. Ces travaux sont achevés en 1867.

La rue va définitivement disparaître dix ans plus tard, en 1876, lors de l’achèvement de l’avenue de l’Opéra.

À droite, nous voyons le débouché de la rue de l’Anglade. Tout au fond, c’est la rue des Orties Saint Honoré, avec la rue des Moulins qui part en biais.

On devine une banderole signalant une expropriation à droite (la même que l’on voit sur la photographie de la rue de l’Anglade). Plusieurs drapeaux tricolores semblent indiquer un jour de fête (peut-être la Fête nationale, la Saint-Napoléon, le samedi 15 août 1866).

Marville a photographié l’autre extrémité de la rue de l’Évêque.

ÉVÊQUE (RUE DE L’). Commence aux rues des Frondeurs, n^o 5, et de l’Anglade, n^o 1 ; finit à la rue des Orties, n^os 4 et 6. Le dernier impair est 25 ; le dernier pair, 20. Sa longueur est de 120 m. — 2^e arrondissement, quartier du Palais-Royal.

Plusieurs titres provenant des archives de l’archevêché constatent que cette rue était en partie construite au commencement du règne de Louis XIII. Elle était alors désignée sous le nom de Culloir. Celui de l’Évêque lui a été donné parce qu’elle fut ouverte sur la haute voirie qui appartenait à l’évêque de Paris. — Une décision ministérielle du 18 fructidor an IX, signée Chaptal, avait fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. En vertu d’une ordonnance royale du 4 octobre 1826, cette largeur devait être portée à 9 m. ; mais conformément aux décrets impériaux des 15 novembre 1853 et 3 mai 1854, la rue de l’Évêque sera supprimée.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Les matériaux à provenir de la démolition des n^os 1, 3, 5 et 2, 4, rue de l’Évêque, ont été adjugés le 13 septembre 1866 (cf. Recueil des actes administratifs de la Préfecture du département de la Seine, 1866, n^o 9). Démolition en novembre 1866. Les terrains sont nivelés en janvier 1867.

L’ouverture de l’avenue de l’Opéra est relancée par le décret du président Mac-Mahon du 27 juin 1876. Les travaux sont rondement menés afin que l’avenue soit prête pour l’ouverture de l’Exposition universelle, le 1^er mai 1878. L’avenue est inaugurée le 19 septembre 1877.

Démolitions de la rue de l’Évêque en octobre-novembre 1876. Les terrains sont nivelés en décembre-janvier 1876.

Ce qui est plus dangereux peut-être que de manger des champignons, c’est de se promener, en ce moment, au beau milieu de Paris, dans le quartier Saint-Roch, autrement dit la Butte-des-Moulins.

Allez rue des Moineaux, rue des Moulins, rue de l’Évêque, rue des Orties-Saint-Honoré, rue Sainte-Anne, rue d’Argenteuil et dans quelques-autres rues, il pleut des moellons, des tuiles, des cheminées, comme il pleuvait des obus au plus vilain temps du siège.

Que voulez-vous ? Ces pauvres rues sont condamnées à disparaître, et les démolisseurs sont à l’œuvre pour ouvrir la grande avenue qui doit conduire directement du Théâtre-Français à l’Opéra.

Dans quelques jours, les deux théâtres se regarderont à deux kilomètres de distance, et feront scintiller le soir les splendeurs rivales de leurs façades illuminées.

Nous sommes bien blasés sur les expropriations et les démolitions ; cependant ce bouleversement et cette destruction de la Butte-des-Moulins fait événement parmi nous, et les badauds contemplent avec une sorte de stupéfaction les ouvriers qui piochent, sapent et nivellent.

On touche là au cœur du vieux Paris, à celui que nos pères avaient bâti, où nous retrouvons trace de leur ville du temps passé, avec ses bizarreries, mais aussi avec ses traditions glorieuses.

ARGUS.

[La Semaine des familles, samedi 4 novembre 1876.]

Datation : probablement vers juin-août 1866.

—

N^o 93	Rue de l’Évêque, de la rue des Frondeurs. Vers 1866.
	State Library of Victoria	Musée Carnavalet	BHVP (négatif)
	—	CARPH000474	NV-004-C-0270
	—	27.8 x 34.3	28.6 x 38
	—	1865-1868	1866