Rue du Clos Georgeau, c. 1866

Marville : rue du Clos Georgeau

Rue du Clos Georgeau, de la rue Sainte Anne. Paris Ier. Circa 1866.

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La rue du Clos Georgeau (aussi orthographiée rue du Clos Georgeot) va disparaître en 1876 en raison du percement de l’avenue de l’Opéra, entre les rues de l’Échelle et Louis Le Grand, et du nivellement de la rue Sainte Anne.

Marville se trouve rue Saint Anne. Au fond, c’est la rue de la Fontaine Molière (renommée rue Molière par décret du 27 février 1867).

Plan rue du Clos Georgeau

CLOS-GEORGEAU (RUE DU). Commence à la rue de la Fontaine-Molière, nos 21 et 23 ; finit à la rue Sainte-Anne, nos 12 et 14. Le dernier impair est 7 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 46 m. — 2e arrondissement, quartier du Palais-Royal.

Plusieurs titres, qui proviennent des archives de l’archevêché, mentionnent le clos Jargeau, dont on a fait depuis Georgeau. En 1610, Pierre Doria, sieur de Cernay, écuyer, acheta un vaste terrain situé entre ce clos et le Marché-aux-Chevaux. En 1620, la rue qui nous occupe fut ouverte sur cet emplacement. Elle était bordée de constructions en 1647. — Une décision ministérielle, à la date du 3 frimaire an X, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 7 m. En vertu d’une ordonnance royale du 4 octobre 1826, cette largeur devra être portée à 10 m. La maison no 4 est alignée ; les autres propriétés devront reculer de 1 m. 50 c.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

La suppression de la rue du Clos Georgeau, en même temps que les rues de l’Évêque, des Orties, des Moineaux, et d’une partie de la rue des Moulins, est déclarée d’utilité publique par décret du 27 juin 1876 (reproduit plus bas).

Les démolitions pour l’achèvement de l’avenue de l’Opéra sont effectuées d’octobre 1876 à début mars 1877. 249 immeubles ont été expropriés, hors opérations annexes (comme le prolongement de la rue des Pyramides) ; c’est un gigantesque chantier dont le calendrier est fixé par l’ouverture de |’exposition universelle, les travaux devant être terminés au 1er mai 1878. La construction des nouveaux immeubles démarre dès mars 1877. Le percement est achevé pour l’essentiel début avril. Le dernier ancien immeuble qui faisait obstacle, et qu’on avait conservé pour des raisons commerciales, le magasin du Gagne-petit, est démoli début septembre 1877. L’inauguration est faite par le maréchal Mac-Mahon qui remonte l’avenue en calèche découverte le 19 septembre 1877, vers 14 h 30, la chaussée venant tout juste d’être achevée la veille. L’avenue est entièrement ouverte à la circulation le même jour.

Datation : probablement vers l’été 1866.

No 90Rue du Clos Georgeau, de la rue Sainte Anne. Vers 1866.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
CARPH000467NV-004-C-0598
27 x 34.329 x 38
1865-18681865

Position estimée

Rue du Clos-Georgeau. L’orthographe des noms propres varie impunément. Certaines gens écrivaient Jargeau, d’autres Georgeot, quand, pour les mettre d’accord, l’édilité parisienne s’est décidée à adopter une troisième orthographe, Georgeau. Si le propriétaire du clos antérieur à la rue s’appelait Georges, l’estampille municipale ne fait que franciser ce nom propre importé en France par la domination anglaise, et alors il est évident que le duc de Bedford a gratifié de l’enclos l’un de ses serviteurs. Il eût donc été plus convenable de préférer, en cas de doute, la désignation de Jargeau, qui ne rappelait aucune invasion.

Pierre Doria, sieur de Cernay, écuyer, a acquis en l’année 1610 un vaste terrain, dont faisait partie le clos Georgeau et qui allait jusqu’au Marché-aux-Chevaux, en ce temps-là rue d’Argenteuil. Or Doria se trouve encore un nom propre tellement étranger qu’une maison de Gênes l’a illustré ! Une branche de cette famille s’est établie effectivement en Provence, et Pierre Doria devait en faire partie ; un de ses rejetons, lieutenant-général, époux de Charlotte de Montcalm, s’est fait tuer dans le siècle suivant à la tête de l’armée, en Canada. La rue du Clos-Georgeau a été percée, en 1620, sur le terrain même de Doria. Dès 1647, elle avait quelques habitants. Son effectif n’était encore en 1714, d’après Lacaille, que de 3 maisons, se partageant le soir la clarté d’une lanterne. Mais il en était accusé davantage, quatre ans auparavant, par l’état que voici : à gauche, hôtel d’Anjou, au coin de la rue Traversine (de la Fontaine-Molière) ; Tézou, ensuite ; Charlier, ensuite ; M. Charron, enfin ; à droite : l’abbé de Loze, coin Traversine ; M. de Marida, Lemaistre, Mme L. Ménestrel. La propriété Lemaistre était à porte cochère ; mais celle Marida n’ouvrait que sur la rue Traversine et les quatre d’encoignure n’avaient pas plus de portes qu’aujourd’hui sur la rue du Clos-Georgeau, qui n’arrive qu’en les comptant à son 10me numéro.

Vers la fin du règne de Louis XV, Houel vendit le 7 à Coulanges, dont la veuve se remaria avec Beausire, lieutenant au Grenier-à-sel. L’un et l’autre de ces immeubles étaient sous la censive de l’Archevêché. Du 1 se rendit maître, en 1754, l’architecte Jean Charpentier.

[Charles Lefeuve. Les anciennes maisons de Paris. Histoire de Paris rue par rue, maison par maison. Tome IV. 5e édition. Paris, C. Reinwald et A. Twietmeyer, 1875.]

Avenue de l’Opéra. — (27 juin 1876.)

Le Président de la République française,

Sur le rapport du ministre de l’intérieur,

Vu la délibération du Conseil municipal de Paris en date du 8 juin 1876 ;

Le plan des lieux ;

Les procès-verbaux des enquêtes auxquelles il a été procédé dans les premier et deuxième arrondissements ;

Les propositions du préfet de la Seine et les autres pièces de l’affaire ;

Les lois des 16 septembre 1807 et 3 mai 1841 ;

L’ordonnance royale du 23 août 1835 ;

Le décret-loi du 26 mars 1852 et le décret réglementaire du 27 décembre 1858 ;

Le Conseil d’État entendu, décrète :

ARTICLE PREMIER. — Sont déclarés d’utilité publique, dans la ville de Paris ;

1o L’ouverture d’une avenue de trente mètres de largeur, dite avenue de l’Opéra, entre la place du Théâtre Français et la rue Louis le Grand ;

2o La suppression des rues de l’Évêque, des Orties, des Moineaux, du Clos Georgeau et d’une partie de la rue des Moulins ;

3o L’élargissement et le nivellement de la rue d’Argenteuil, depuis la rue Saint Roch jusqu’à la rue de l’Échelle et à l’angle de la rue Saint Honoré ;

4o Le nivellement et l’élargissement des rues Sainte Anne et Fontaine Molière, aux abords de la place du Théâtre Français.

Le tout conformément aux alignements déterminés par des lisérés verts et suivant les cotes de nivellement inscrites en rouge sur le plan ci-annexé.

En conséquence, le préfet de la Seine, agissant au nom de la ville de Paris, est autorisé à acquérir, soit à l’amiable, soit, s’il y a lieu, par voie d’expropriation, conformément aux dispositions combinées de la loi du 3 mai 1841 et du décret du 26 mars 1852, les immeubles ou portions d’immeubles figurés par des teintes jaune et brique sur le même plan, et tels qu’ils sont désignés dans la légende du dit plan.

La dépense de ces acquisitions et des travaux de viabilité et d’assainissement qui s’y rattachent sera acquittée au moyen d’un prélèvement de 45,000,000 de francs sur l’emprunt de 120,000,000 de francs que la ville de Paris a été autorisée à contracter par la loi du [ ]

ART. 2. — Le ministre de l’intérieur est chargé de l’exécution du présent décret.

Fait à Versailles, le 27 juin 1876.

Signé : Maréchal DE MAC-MAHON.