Rues de la Petite et de la Grande Truanderie, c. 1866
Rues de la Petite et de la Grande Truanderie. Paris Ier. Circa 1866.
- Date : circa 1866
- Auteur : Charles Marville (1813-1879)
- Format : 27.5 x 31.4 cm
- Collection : GDC
Version haute définition : 2600 x 2970 pixels.
À gauche, la rue de la petite Truanderie, se terminant sur l’intersection de la rue Pirouette et de la rue de Mondétour. À droite, la rue de la Grande Truanderie, se terminant sur la rue Montorgueil. La première rue qui part à droite, au niveau du bec-de-gaz sur console, est la rue du Cloître Saint Jacques-l’Hôpital (aujourd’hui, Pierre Lescot).
Le prolongement de la rue Pierre Lescot, entre les rues de Rambuteau et de la Grande Truanderie, va faire disparaître une partie des immeubles à gauche ainsi que la pointe de l’îlot entre les rues de la Petite et de la Grande Truanderie (l’immeuble au commerce de vins, 15, rue de la Grande Truanderie). Le reste de cet îlot triangulaire disparaîtra en novembre 1900, libérant ainsi la petite place que l’on connaît aujourd’hui.
TRUANDERIE (RUE DE LA GRANDE-). Commence à la rue Saint-Denis, nos 163 et 165 ; finit à la rue Montorgueil, nos 18 et 20. Le dernier impair est 59 ; le dernier pair, 58. Sa longueur est de 243 m. — 5e arrondissement, quartier Montorgueil.
Cette rue était construite en 1250. Son emplacement faisait anciennement partie du petit fief de Thérouenne, dont la moitié environ fut cédée à Philippe-Auguste, par Adam, archidiacre de Paris, puis évêque de Thérouenne. L’autre partie, qui n’était pas nécessaire à la construction des halles, resta à l’évêque, et fut bientôt envahie par des marchands de toute espèce qui firent construire à peu près, en même temps, des voies publiques aux abords de ces marchés. Sauval pense que le nom de Truanderie dérive de truand et truander, qui signifiaient dans notre vieux langage gueux, gueuser, mendier. Robert Cenal nomme la rue de la Grande-Truanderie Via Mendicatrix major, et la rue de la Petite-Truanderie Via Mendicatrix minor. Jaillot, qui a combattu l’opinion de ces deux écrivains, croit que le nom de Truanderie a pris racine des vieux mots tru, truage, qui signifient tribut, impôt, subside ; en effet, dans le carrefour qu’on désignait sous le nom de place Ariane, se trouvait un bureau où l’on percevait les droits sur les marchandises qui entraient de ce côté dans Paris. — Une décision ministérielle du 28 prairial an IX, signée Chaptal, fixa la moindre largeur de la rue de la Grande-Truanderie à 8 m. En vertu d’un arrêté du ministre de l’intérieur, membre du Gouvernement provisoire, Ledru-Rollin, du 5 mai 1848, la largeur de cette voie publique sera portée à 12 m. entre la rue Saint-Denis et celle de la Petite-Truanderie, et à 10 m. dans le surplus. Conformément à un décret impérial du 29 septembre 1854, la rue de la Grande-Truanderie sera prolongée jusqu’au boulevard du Centre. Les maisons nos 42, 54, 56 et partie de 58 ne sont pas soumises à retranchement.
TRUANDERIE (RUE DE LA PETITE-). Commence à la rue de Mondétour, nos 16 et 18 ; finit à la rue de la Grande-Truanderie, nos 13 et 15. Le dernier impair est 13 ; le dernier pair, 16. Sa longueur est de 52 m. — 5e arrondissement, quartier Montorgueil.
Construite à la même époque que la rue qui précède, elle a porté les noms de rue du Puits-d’Amour et de l’Ariane. — Une décision ministérielle du 28 prairial an IX, signée Chaptal, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 10 m. 50 c. Cette moindre largeur sera de 10 m., en vertu d’un arrêté du ministre de l’intérieur, membre du Gouvernement provisoire, Ledru-Rollin, du 5 mai 1848. Les maisons nos 9 et 11 ne sont pas soumises à retranchement.
À la pointe du triangle que forment les rues de la Petite et de la Grande-Truanderie existait un puits célèbre dans les traditions du peuple parisien, et qu’on appelait le Puits-d’Amour. — Une jeune fille nommée Agnès Hellébic, dont le père tenait un rang à la cour de Philippe-Auguste, s’y était précipitée dans un accès de désespoir causé par l’infidélité de son amant. Trois cents ans après cette tragique aventure, un jeune homme que la froideur de sa maîtresse exaspérait, y chercha aussi la mort, mais sans parvenir à se la donner ; il tomba si heureusement qu’il ne se fit aucun mal ; par un bonheur plus grand encore, celle démonstration toucha le cœur de la cruelle, qui le réconcilia promptement avec la vie en lui promettant sa main. L’amant, par reconnaissance, fit reconstruire le puits, où l’on pouvait lire encore du temps de Sauval : « L’amour m’a refait, en 1525, tout à fait. »
Le Puits-d’Amour était devenu une espèce d’autel où les amants allaient jurer de s’aimer toute la vie.
[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]
Ce secteur de la Truanderie devait être bouleversé par le percement (inachevé) de trois nouvelles voies, entre les rue de Rambuteau et de Turbigo :
No 217. — Publication du plan parcellaire des propriétés à exproprier pour l’ouverture d’une rue entre les rues de Rambuteau et de la Grande-Truanderie, etc.
Le Sénateur, Préfet de la Seine, Grand’Croix de l’ordre impérial de la Légion d’honneur,
Vu le décret du 23 août 1858, qui a déclaré d’utilité publique, entre autres opérations de voirie dans Paris, l’ouverture de trois rues à percer, de la rue de Rambuteau à la rue de Turbigo, pour compléter les abords des Halles du côté nord : l’une, de 20 mètres de large, en prolongement de la rue qui borde les Halles à l’est, dans la direction de la rue du Cloître-Saint-Jacques-l’Hôpital ; les deux autres, de 15 mètres de largeur, en prolongement des rues couvertes du grand corps des Halles ;
Vu le plan annexé ;
Vu le décret du 26 mars 1852 sur la voirie de Paris ;
Vu le titre II de la loi du 3 mai 1841 sur l’expropriation pour cause d’utilité publique ;
Vu le décret du 27 décembre 1858 sur l’application de la loi du 3 mai 1841 et du décret du 26 mars 1852, précités,
Vu le plan parcellaire des propriétés dont la cession est nécessaire, en tout ou en partie, pour exécuter :
1° L’ouverture d’une rue de 20 mètres de largeur, en prolongement de la rue qui borde les Halles à l’est (aujourd’hui rue Pierre-Lescot), entre les rues de Rambuteau et de la Grande-Truanderie ;
2° L’ouverture entre les deux voies ci-dessus, sur l’emplacement de la rue Pirouette, d’une rue de 15 mètres de largeur, en prolongement de l’une des rues couvertes du grand corps des Halles,
Lequel plan indique :
1° La superficie totale des propriétés atteintes, ainsi que celle des portions enlevées pour les alignements ;
2° Les noms des propriétaires, tels qu’ils sont inscrits à la matrice des rôles,
Arrête :
Art. 1er. Le plan parcellaire ci-dessus visé restera déposé à la mairie du 1er arrondissement municipal de Paris pendant huit jours consécutifs, à partir de la publication du présent arrêté, afin que chacun puisse en prendre connaissance et produire, s’il y a lieu, des observations sur l’application du plan aux propriétés qui y sont désignées par une teinte jaune, notamment en ce qui concerne celles des propriétés ou portions de propriétés dont l’expropriation est requise par application du décret du 26 mars 1852, lesdites propriétés ou portions de propriétés comprises au tableau indicatif sous les nos 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10, 11, 13, 14, 15, 16, 19, 20.
Art. 2. Le présent arrêté sera publié à son de caisse dans l’étendue du 1er arrondissement, et par voie d’affiches placardées dans tout Paris, et notamment à la porte principale de la mairie et des églises de cet arrondissement.
Il sera, en outre, inséré au Moniteur.
Art. 3. Le maire du 1er arrondissement est chargé de l’exécution du présent arrêté.
Fait à Paris, le 12 octobre 1866.
Pour le Sénateur, Préfet, en congé,
Le Conseiller d’État, Secrétaire général, ALFRED BLANCHE.[Recueil des actes administratifs de la Préfecture du département de la Seine, 1866, no 10.]
Le plan parcellaire des propriétés à exproprier pour “l’ouverture d’une rue de 20 mètres de largeur, en prolongement de la rue qui borde les Halles à l’est (aujourd’hui rue Pierre-Lescot), entre les rues de Rambuteau et de la Grande-Truanderie”, est publié le 12 octobre 1866 (cf. Recueil des actes administratifs de la Préfecture du département de la Seine, 1866, no 10).
Le plan parcellaire des propriétés à exproprier pour “pour exécuter l’élargissement de la rue de la Grande-Truanderie entre la rue Pierre-Lescot et la rue Mondétour et la suppression des immeubles du côté des numéros impairs de la rue de la Petite-Truanderie”, est publié le 7 décembre 1899. L’îlot est démoli en novembre 1900.
D’autres photos du secteur datent de janvier 1866 et présentent des caractéristiques communes : temps couvert, chaussées mouillées.
Datation : probablement 1866, peut-être janvier.
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No 80 | Rues de la Petite et de la Grande Truanderie. Vers 1866. | ||
State Library of Victoria | Musée Carnavalet | BHVP (négatif) | |
— | CARPH000502 | NV-004-C-0695 | |
— | 27.4 x 31.5 | 27.3 x 36.9 | |
— | 1865-1868 | 1865-1867 |
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Voir également :
Auteur(s) de la notice : Laurent Gloaguen.
Publié initialement le jeudi 12 juin 2014.
Dernière mise à jour le jeudi 28 août 2014.
Article classé dans : Charles Marville > Vues du Vieux Paris.
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1. Le 14 juin 2014,
grégory
Je ne pense pas que je serais allé chez des commerçants travaillant dans des rues portant de tels noms!... ;-)