Groupe d’Apollon, c. 1868

Louis-Émile Durandelle : Aimé Millet et le groupe d’Apollon

Aimé Millet et le groupe d’Apollon. Nouvel opéra de Paris. Circa 1868.

Version haute définition : 3000 x 3777 pixels.

Groupe d’Apollon (hauteur 7.5 m, largeur 4 m) sculpté par Aimé Millet (1819-1891), fondu en bronze par Denière en 1869, et mis en place au sommet du pignon de la scène de l’opéra en 1870.

Apollon, les épaules couvertes d’une légère draperie qui retombe derrière lui, élève, des deux mains, la lyre au-dessus de sa tête.

À droite, la Poésie assise, complètement drapée, la tête légèrement tournée à gauche, tient le style de la main droite levée, prête à écrire, et une tablette de la main gauche.

À gauche, la Musique, la tête de face, assise, la jambe droite repliée, appuie la main gauche sur un tambour de basque qu’elle tient, de la main droite, posé sur le genou droit. Elle est vêtue de la tunique laconienne fendue ; les jambes nues sont chaussées de cothurnes.

La présence du sculpteur vient heureusement donner l’échelle de l’œuvre.

Millet a mis près de dix-huit mois à exécuter cette colossale composition. Son atelier était à l’Opéra, et j’ai pu le voir chaque jour, grimpé sur ses grandes échelles. C’était vraiment un spectacle curieux que de regarder cet artiste, d’une taille un peu exiguë, à côté de ces grosses statues aux genoux desquelles il accédait à peine. Les bras de l’Apollon étaient plus gros que lui, et je me demandais toujours par quel procédé un artiste pouvait mettre en proportion des membres et des muscles dont il ne pouvait voir à la fois qu’une toute petite partie.

Quoi qu’il en soit, Millet a accompli sa besogne avec un courage et un entrain surprenants, ne se rebutant d’aucune difficulté, recommençant sans hésiter ce qui lui paraissait imparfait, et n’épargnant ni son temps ni sa peine à ce gros ouvrage, payé, comme tous les ouvrages artistiques, au-dessous de ce qu’il valait réellement.

J’ai appris, pendant ce long travail, à estimer sincèrement cet artiste de grande valeur, et, lorsque je me reportais par la pensée à ces peintres commerçants qui font de l’art un moyen de gagner des gros sous, je me sentais vraiment touché de cette loyauté et de cette sincérité professionnelle qui animaient le courageux sculpteur. Si son œuvre eût été mal venue, il eût toujours fallu respecter le labeur consciencieux de l’artiste ; l’œuvre est hors ligne, et au respect dû au travail il faut ajouter celui dû au talent.

[Charles Garnier. Le nouvel Opéra de Paris. Volume 1. Ducher, Paris, 1881.]

Nadar : portrait d’Aimé Millet

Portrait d’Aimé Millet. Circa 1855.

Version haute définition : 2200 x 3178 pixels.

Voir aussi :

L’Opéra de Paris
L’Opéra de Paris