Grands magasins du Printemps, c. 1889
Grands magasins du Printemps. Paris VIIIe. Circa 1889.
- Date : circa 1889
- Auteur : Léon & Lévy
- Support : tirage sur papier albuminé, env. 30 x 25 cm
- Collection : BNF, Paris
Version haute définition : 3600 x 2830 pixels.
Les magasins du Printemps (1882-1889), architecte Paul Sédille.
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Les magasins du Printemps ont été fondés en 1865 par Jules Jaluzot. Ils occupaient à l’origine le sous-sol, le rez-de-chaussée et l’entresol d’un immeuble construit par Jules et Paul Sédille, architectes, au 70 du boulevard Haussmann nouvellement percé, occupant l’angle des rues du Havre et de Provence.
Grâce au succès rencontré, les appartements des étages supérieurs sont progressivement transformés et occupés par les magasins. Puis, peu à peu, à l’image d’autres grands magasins comme la Samaritaine et la Belle Jardinière, les Magasins du Printemps achètent des maisons voisines pour s’agrandir et possèdent un patrimoine immobilier hétérogène. Avant l’incendie de 1881, ils occupaient les nos 70, 68 et 66 sur le boulevard Haussmann, les 125, 123, 121 et 119 sur la rue de Provence, plus quelques boutiques et entresols aux numéros 117 et 115 de la rue de Provence, 59 et 57 de la rue de Caumartin, et 64 du boulevard Haussmann.
En 1873, le no 70 du boulevard Haussmann est complètement reconstruit par Paul Sédille, avec une structure en fer.
L’incendie du 9 mars 1881 détruit totalement le berceau du Printemps, le no 70 du boulevard Haussmann, ainsi que le no 125 de la rue de Provence. Les immeubles voisins sont lourdement endommagés.
Après avoir acheté le no 64 du boulevard Haussmann qui permettait de posséder l’îlot au complet (enveloppé par le boulevard Ilaussmann, la rue du Havre, la rue de Provence et la rue de Caumartin), Jules Jaluzot prend à nouveau les services de Paul Sédille pour la reconstruction du Printemps incendié.
Le chantier doit se faire par tranches, afin de maintenir les magasins ouverts dans les parties inférieures immeubles qui ont moins souffert de l’incendie. Le premier lot de constructions comprenait une surface de 660 mètres environ occupée précédemment, par les numéros 70, boulevard Haussmann et 125, rue de Provence. Pendant ce temps, la vente se continuait au 68, au 66 et au 64, boulevard Haussmann et dans les immeubles numéros 123, 121 et 119, rue de Provence.
Cette obligation de ne pas interrompre le commerce du Printemps pendant les travaux de reconstruction, allait créer, jusqu’à leur achèvement complet, une suite de difficultés considérables devant lesquelles cependant on ne devait pas hésiter. Il s’agissait en effet de conserver non seulement la clientèle du Printemps à Paris, comme en province et à l’étranger, mais encore un grand nombre d’employés éprouvés et une administration importante. Tout d’abord, l’architecte devait, autant que possible, faire concorder les grandes divisions générales de son plan avec les différents lots d’immeubles qui devaient être au début conservés, puis successivement démolis et reconstruits. Il devait ensuite rechercher le mode de construction satisfaisant le mieux aux besoins de ces nouveaux magasins et se prêtant à une exécution rapide. Le terrain donné était un trapèze irrégulier d’environ 2950 mètres de surface, offrant trois angles aigus différents et un angle obtus à la rencontre du boulevard Haussmann, de la rue du Havre, de la rue de Provence et de la rue de Caumartin.
Pour dissimuler les différences angulaires et relier les façades longitudinales, quatre pavillons circulaires, de 7m,70 de diamètre extérieur, furent disposés aux angles du trapèze, la façade sur la rue du Havre étant choisie comme façade principale de l’édifice.
[Encyclopédie d’architecture, revue mensuelle des travaux publics et particuliers. 3e série, 1885.]
Dès mars 1882, le premier lot sur la rue du Havre, bien qu’inachevé, est ouvert au public tandis que les immeubles restants rue de Provence sont démolis. Sur les nouveaux lots en construction, dès qu’un étage est terminé, il est équipé de comptoirs et ouvert, une minute de vente ne saurait être perdue.
On procède à une inauguration officielle le 5 mars 1883, bien que les lots côté boulevard Haussmann ne soient pas encore construits (nos 64, 66 et 68). Le magasin sera terminé en 1889, des problèmes de baux et des locataires peu coopératifs ayant retardé la démolition du 64, boulevard Haussmann.
(On s’amusera du cas du comte de Carvalhido contre Jaluzot, jugé à la 5e Chambre du Tribunal civil de la Seine, le 26 janvier 1883 — Le comte avait un bail signé avec le précédent propriétaire dont l’échéance était janvier 1887. Le locataire se plaignait des nuisances provoquées par la nouvelle présence du magasin, installé au rez-de-chaussée et à l’entresol suite à l’achat de l’immeuble par Jaluzot en 1881, et du trouble de jouissance bourgeoise de son appartement. Il obtient entièrement gain de cause, 4000 francs de dommages et intérêts, 1000 francs de réduction sur le loyer annuel, et la lourde obligation donnée au propriétaire de restituer l’aspect de résidence bourgeoise à l’immeuble jusqu’à la fin du bail.)
Le second magasin, avec sa majestueuse coupole de vitrail, les Nouveaux Magasins du Printemps, sur l’îlot entre la rue Caumartin et la rue Charras, date de 1907-1911.
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Voir également :
Auteur(s) de la notice : Laurent Gloaguen.
Publié initialement le mercredi 5 février 2014.
Dernière mise à jour le jeudi 6 février 2014.
Article classé dans : Léon et Lévy.
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1. Le 9 février 2014,
grégory
D'un point de vue architectural c'est quand même autre chose que les espèces de hangars alignés dans les zones commerciales qui encerclent nos villes...