Rue Sainte Croix, 1865

Marville : rue Sainte Croix

Rue Sainte Croix, de la rue de Constantine. Île de la Cité. Paris IVe. 1865.

Version haute définition : 2600 x 3326 pixels.

Marville se trouve rue de Constantine et photographie la rue Sainte Croix. La partie au premier plan date des années 1840 et fait 8 mètres de large, celle au fond témoigne de l’ancienne rue médiévale qui faisait environ 1,80 mètre de large. La rue va entièrement disparaître en 1866 pour faire place au nouveau marché aux fleurs.

Rue Sainte Croix sur le plan de Verniquet, 1790

Bâtie au XIIe siècle, cette rue tenait son nom de l’église Sainte Croix, qui faisait le coin avec la rue de la Vieille Draperie. Cette petite église aux origines obscures, qui remontent au VIIe siècle, fut un temps dédiée à Saint Hildevert, évêque de Meaux (✝680). Elle aurait été érigée en paroisse vers 1107 sous le pontificat de Pascal II (✝1118) et reconstruite en 1112 ou 1132. Elle est mentionnée sous le nom d’église dépendante de Saint Éloi dans une bulle d’Innocent II en 1136. Agrandie de 1450 à 1529, elle est vendue comme bien national en 1792 et démolie en 1797. La façade et son portail sur la rue Sainte Croix sont néanmoins conservés et intégrés à l’immeuble construit aux nos 4 et 6 de la rue de la Vieille Draperie.

L’immeuble est démoli en 1846 lors de la création de la rue de Constantine. On retrouve alors le sol préservé de l’église Sainte Croix ainsi que ce qu’on croit être les ruines d’une villa romaine. Dans les années 1980, on identifiera le site comme faisant partie de l’immense basilique civile du IVe siècle qui couvrait le quadrilatère entre les rues Gervais Laurent, de la Lanterne (de la Cité), de la Vieille Draperie (de Constantine) et le cul-de-sac Saint Barthélemy (rue du Marché aux Fleurs).

Au fond de la ruelle, on voit une plaque “Rue Gervais Laurent” (sur la maison qui est le no 5 de cette rue). L’enseigne de l’horloger Daveau, “raccommodeur de montres, pendules et bijoux”, indique qu’il est onze heures moins dix. J’ignore le métier du jeune homme avec ses toiles et ses cordes (il est aussi possible que ce soit un assistant de Marville qui ait pris la pose). Notez aussi le chien “fantôme” à gauche.

[Après recherches, l’annuaire du commerce Didot-Bottin de 1864 signale la maison Mariaval au 3 et 5, rue Sainte Croix, faisant commerce de sacs en toile et toiles d’emballage. Ces tas de toiles sont très probablement la propriété de ce commerce. Je n’avais pas pris note de la publicité peinte à moitié effacée où l’on peut lire : “Toiles et sacs — Toutes espèces — Neuf et occasion — DUV[…]DRE — M. (manufacture) de sacs — (…) et cordes (…) emballage”. Cela écarte l’hypothèse “ramoneur” émise dans les commentaires de cette notice.]

Les “matériaux à provenir de la démolition” de tous les numéros de la rue Sainte Croix ont été adjugés par la Préfecture de la Seine le 16 avril 1866, ainsi que ceux des nos 24 et 26, rue de Constantine. Les maisons sont démolies entre avril et juillet 1866.

Plan rue Sainte Croix

Position de Marville. [1600 x 1000 px.]

Superposition du bâti contemporain

Superposition du bâti contemporain au plan de 1850. [1600 x 1000 px.]

CROIX-EN-LA-CITÉ (RUE SAINTE-). Commence à la rue Gervais-Laurent, nos 5 et 7 ; finit à la rue de Constantine, nos 24 et 26. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 8. Sa longueur est de 46 m. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

Bâtie au douzième siècle, elle portait le nom de rue Sainte-Croix, en raison de l’église ainsi appelée qu’on voyait encore au commencement de la révolution à l’est de cette rue. — Une décision ministérielle du 13 brumaire an X, signée Chaptal, a fixé la largeur de cette voie publique à 8 m. Les maisons nos 3, 6 et 8 sont alignées.

Une bulle d’Innocent II, de l’année 1136, mentionne pour la première fois l’église Sainte-Croix. Érigée en paroisse au quinzième siècle, elle fut reconstruite en 1529. Supprimée en vertu d’un décret du 31 janvier 1791, elle fut vendue comme propriété nationale le 2 mars 1792. Les murs de cet édifice existaient encore en 1846. L’emplacement de l’ancienne église Sainte-Croix est renfermé aujourd’hui dans une partie de la maison no 3.

[Félix et Louis Lazare. Dictionnaire administratif et historique des rues et monuments de Paris. Paris, Bureau de la Revue Municipale, 1855.]

Datation de la prise de vue : 1865.

No 175Rue Sainte Croix, de la rue de Constantine. 1865.
State Library of VictoriaMusée CarnavaletBHVP (négatif)
H88.19/43CARPH000898NV-004-C-0072
27 x 32.227.4 x 32.228.5 x 38
vers 18771865-1868avant 1866

Situation Sainte Croix

Situation des églises Saint Barthélemy, Saint Pierre-des-Arcis, Sainte Croix, Saint Denis-de-la-Chartre, Saint Luc, de la Madeleine et Saint Éloi-des-Barnabites (îlots 1855 sur plan Delagrive de 1754). [1600 x 1000 px.]

Au moment où nous écrivons ceci, les utiles travaux d’élargissement de la rue de la Cité et d’achèvement de la rue de Constantine, font disparaître tout à la fois la rue de la Vieille Draperie et le portail de l’antique église paroissiale de Sainte-Croix. Respectable débris, d’une grande solidité, qui s’élevait encore avec son pignon sur la rue Sainte-Croix ; mais qui demeurait inaperçu dans cette ruelle fangeuse de trente-sept mètres de long, sur à peine deux mètres de large, sans boutiques au rez-de-chaussée et aboutissant à des repaires infâmes. Hormis quelques antiquaires, les voisins, même les plus près de cette ruine chrétienne ignoraient peut-être que là, pendant plus de sept siècles, avait existé une église.

[…]

On voit dans les anciens plans figurés de Paris, notamment celui de Jaillot pour le quartier de la Cité, que le plan du bâtiment de Sainte-Croix, orienté selon la règle canonique, était un parallélogramme d’une seule nef avec un pan coupé à l’angle nord du chevet ; et que le clocher dont on voit la base était dans l’angle, à gauche de la porte occidentale. Une autre porte au bas de l’église est indiquée sur la rue de la Vieille Draperie. Suivant qu’on en pouvait juger par ce qui était resté du mur septentrional pour servir de fond à la maison bâtie sur l’emplacement de cette église, elle appartenait au style ogival, on voyait encore des fragments de pied droits à moulures prismatiques dans la cour, et l’intrados d’un arc de fenêtre. Supprimée en 1790, elle fut vendue comme propriété nationale, le 2 mars 1792 et démolie en 1797. Le portail seul fut conservé à cause de sa grande solidité pour en former un mur de pignon à la maison qui remplaçait l’église. Il n’offre rien de remarquable qu’une muraille épaisse en grandes pierres bien appareillées, avec un soubassement marqué par une large moulure à talon. Au milieu on voit la baie carrée de la porte bouchée à fleur du mur et au-dessus une grande fenêtre à plein cintre également bouchée. En démolissant cette maison on vient de trouver sous l’ancien sol de l’église, les restes d’une maison romaine, des médailles et des monnaies impériales qui seront reproduites dans la statistique monumentale de Paris, publiée sous les auspices de M. le Ministre de l’Instruction publique, par M. Albert Lenoir.

[…]

M. Troche.

[Revue archéologique. Paris, A. Leleux, 1847.]

Marville : rue Sainte Croix

Version haute définition : 2600 x 3074 pixels.

Position estimée

[Notice revue et augmentée le 22 avril 2015.]

Voir également :

  • 1. Le 19 décembre 2013,
    Patrick

    le jeune homme semble être un ramoneur

  • 2. Le 19 décembre 2013,
    Vergue

    Ah, je n'y avais pas pensé. C'est fort possible ! Les toiles serviraient à protéger les sols et les meubles.