Bombardement rue de la Lune, 1918

Bombardement rue de la Lune, 1918

Bombardement au canon Krupp, rue de la Lune, le dimanche 24 mars 1918.

Version haute définition : 2000 x 2753 pixels.

Du 23 mars au 25 mars 1918, ce sont les premiers bombardements de Paris par canon Krupp à longue portée, les “Pariser Kanonen”. Ils feront 27 morts et 73 blessés, pour 38 points de chute sur 3 jours. Ces tirs au canon se poursuivront jusqu’au début août.

Photographie prise du boulevard Bonne-Nouvelle. À gauche, l’immeuble qui fait le coin avec la rue Beauregard (un immeuble à trois adresses : 43, rue Beauregard, 5 bis, boulevard Bonne-Nouvelle et 1, rue de Lune), à droite, le 3, rue de la Lune (entrée au 41, rue Beauregard). Les deux immeubles existent encore, bien que défigurés par des boutiques fort laides.

RÉVEIL A LA SIRÈNE

On s’était couché un peu tard, la veille, à cause de l’alerte des gothas qui ne sont pas venus. Vers onze heures, seulement, on était rentré chez soi et l’on pensait goûter un bon gros sommeil qui eût fait oublier les petites émotions de la journée. On caressait l’espoir agréable la douce perspective d’une grasse matinée de dimanche.

Mais, vers 6 h. 53, une détonation arracha les Parisiens aux tiédeurs du lit. Les Boches “remettaient ça”, comme disent les poilus et les habitants des faubourgs. Effectivement le bombardement par canon recommençait. Et dès lors, pendant une grande partie de la journée, mais surtout pendant toute la matinée les détonations se succédèrent.

On remarqua toutefois que la cadence n’était plus tout à fait la même que celle de la veille.

Les obus étalent espacés, tantôt de vingt minutes, tantôt seulement d’une dizaine. Ainsi qu’ils ont coutume de le faire, maintenant qu’ils en ont pris l’habitude, les Parisiens cherchèrent tranquillement un refuge soit dans les caves, soit dans les abris publics. Tout se passa dans le plus grand ordre, sans affolement, sans bousculade, sans panique.

Cependant, ceux que leurs obligations attiraient au-dehors se préoccupaient de regagner leur poste par des moyens de fortune, les divers modes de transport subissant un temps d’arrêt plus ou moins long. C’est ainsi que certaines lignes de tramways reprirent leur trafic normal vers neuf heures, tandis qu’au métro on ne pouvait faire circuler les trains que vers midi et demi.

Paris, néanmoins, par cette belle journée dominicale, par ce premier dimanche printanier tout ensoleillé, conserva son attitude habituelle toute de dédain et d’indifférence pour cette nouvelle tentative d’intimidation boche.

[Le Petit Parisien, 25 mars 1918.]

OÙ CHERCHER ABRI

Les obus lancés par le canon mystérieux arrivent du nord-est au lieu de tomber perpendiculairement comme des bombes d’aéroplanes.

Les façades sud-ouest des immeubles sont donc celles qui présentent le plus de sécurité. Il convient toutefois de ne pas se tenir aux étages supérieurs et de considérer que la cave demeure le plus sûr asile. Quant aux passants, ils devront, dans la mesure du possible, longer les façades sud, ouest, ou sud-ouest des immeubles. Ils éviteront ainsi, dans bien des cas, la proximité immédiate du point de chute des engins.

[Le Petit Parisien, 25 mars 1918.]

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